Allaitement: des tabous qui persistent

PRÉJUGÉS. Malgré le nombre grandissant de femmes qui choisissent d’allaiter, de nombreux tabous persistent quant à l’allaitement en public, comme en témoigne l’expulsion des lieux d’une femme qui allaitait son bébé dans une pataugeoire de Montréal, durant l’été.

«On sent une évolution. J’ai un enfant de 15 ans et je l’ai allaité. Un des tabous qui persistent, c’est l’allaitement des enfants âgés d’un an, deux ans ou plus. Les gens réagissent et ne sont pas à l’aise, en général, de voir une femme allaiter leur enfant qui marche ou qui a des dents. Ces femmes se font souvent poser la question: Jusqu’à quel âge tu comptes allaiter? Quand l’enfant grandit, les gens semblent moins percevoir le geste d’allaiter comme un geste pour nourrir son enfant. On dirait que ça devient malsain quand on a un enfant plus vieux. Pourtant, il est recommandé d’allaiter un enfant jusqu’à deux ans et plus», explique Élaine Fréchette, du Centre Ressources Naissance.

Cindy Larrivée, maman de deux petites jumelles de deux mois, s’étonne qu’encore en 2014, des gens s’outrent de voir des mères allaiter en public.

«Ça me sidère que les gens voient ça comme un acte sexuel. J’ai beaucoup de difficulté à comprendre que des personnes sont outrées de voir une femme allaiter, même discrètement, mais pas de voir des femmes à moitié nues sur un poster format géant. Je suis plus mal à l’aise quand mon enfant passe devant un de ces posters que lorsqu’il voit une femme allaiter et qu’il me pose des questions. La mère nourrit son enfant», note-t-elle.

Elle confie avoir déjà senti qu’on la regardait bizarrement, mais personne ne lui a fait part de commentaires négatifs lorsqu’elle allaite en public.

«Je reste discrète, mais je ne me suis jamais gênée d’allaiter au centre commercial devant des gens. C’est aberrant que des femmes se fassent obliger d’allaiter leur enfant dans une salle de bain. Vous, mangeriez-vous assis sur la toilette? Alors pourquoi mon enfant, lui, devrait se nourrir dans la salle de bain?» ajoute-t-elle.

Commentaires «répugnants»

Kathy Simard Charest est l’une des mamans qui ont dû faire face à des commentaires négatifs tandis qu’elle allaitait en public.

«Il y a encore beaucoup de chemin à faire au Québec. J’ai déjà reçu des commentaires de la part de certains magasins, en Mauricie comme à Québec. Je me suis déjà fait demander de quitter un magasin, trois vendeuses m’ont déjà fait des commentaires répugnants et, aussi, il y a les regards qui jugent dans les restaurants. Moi, ça ne vient pas m’attaquer, mais d’autres mères, oui. J’ai tellement trouvé dommage l’histoire de la maman montréalaise à la piscine, mais ça ne m’a pas surprise», confie-t-elle.

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