À petits pas vers le compostage à grande échelle

Du compostage pour tous en 2020: c’est ce que le ministre de l’Environnement Pierre Arcand a annoncé en mars. Déjà, la Ville de Trois-Rivières et la région sont en mode préparatoire.

«La régie travaille depuis quelque temps à développer un modèle de gestion de compostage pour toute la Mauricie. On couvre Trois-Rivières, Shawinigan et les MRC de Maskinongé, Mékinac et des Chenaux. On veut prendre le temps de bien l’élaborer afin que ça corresponde à la réalité et aux besoins de la région. Différents scénarios sont à l’étude», explique Sylvie Gamache, coordonnatrice aux projets de la Régie de gestion de matières résiduelles de la Mauricie (RGMRM).

La politique du gouvernement implique des investissements totalisant plus de 70 millions de dollars et la création de quatre nouveaux programmes de soutien. Ce montant s’ajoute aux 650 millions $ annoncés lors de la mise en place d’infrastructures liées au traitement des matières organiques par la biométhanisation et le compostage.

Le ministre propose entre autres de réduire de 110 kg par habitant la quantité de déchets envoyés à l’enfouissement d’ici 2015. D’ici là, il souhaite également augmenter à 70% la part de papier, carton, plastique, verre et métal recyclés. Actuellement, les taux de recyclage s’établissent entre 40 et 60%.

Une ombre au tableau

Un problème surgit toutefois à l’horizon pour la Ville de Trois-Rivières: aucun lieu de traitement de compost assez important n’est disponible à proximité.

«Depuis la fermeture de Compostage Mauricie, on a beau composter, mais où est-ce qu’on enverrait tout le compost? Pour le moment, le site le plus près est à Sherbrooke. Je ne vois pas l’économie de gaz à effet de serre si on doit transporter le compost là-bas. C’est comme donner un coup d’épée dans l’eau», affirme Yvan Toutant, agent de communication à la Ville de Trois-Rivières.

De son côté, l’Union des municipalités du Québec (UMQ) demande au gouvernement qu’un modèle de financement basé sur le principe du pollueur payeur et adapté aux objectifs de la politique de gestion des matières résiduelles soit adopté pour encourager la réduction à la source.

«Les élus municipaux du Québec ont travaillé très fort pour favoriser l’atteinte des objectifs de récupération établis dans la première politique de gestion des matières résiduelles. Malgré les mesures financières, 85% des dépenses relatives à la gestion des matières résiduelles sont encore financées par l’impôt foncier», soulignait Éric Forest, président de l’UMQ, en réaction à l’annonce de la politique.

L’UMQ a aussi demandé au ministre de préciser ses intentions et souhaite que les dispositions du projet de loi encadrant le régime de compensation respectent l’Entente de partenariat fiscal et financier Québec-municipalités qui prévoit une compensation à 100 % des coûts de la collecte sélective municipale par les entreprises.

«On va retomber dans le processus de livraison de bacs de couleur différente. Est-ce que le gouvernement va aider les municipalités? Accorder des subventions? Il y a beaucoup de questions en suspens. C’est un gros tournant. J’avouerai que ce n’était pas dans les plans de la Ville, mais bon, on va partir ça lentement. On va suivre les lois. 2020, ça nous donne du temps», précise M. Toutant.

Signe encourageant

«On voit le changement depuis 10 ans. La preuve, c’est facile aujourd’hui de se procurer un composteur domestique. J’y vois un signe, une évolution. Mais il faut continuer en ce sens. Il y a encore beaucoup de matières recyclables aux ordures. C’est déplorable, surtout que les services sont là. Il y a encore des efforts à faire, d’une part pour les matières organiques», plaide Mme Gamache.

La RGMRM organise des formations sur le compostage domestique.

«Le compostage domestique reste intéressant. Si on le fait nous-mêmes, on peut en retirer des bénéfices et en exploiter le résultat. Le compostage domestique ne permet cependant que de composter de petites quantités de matières organiques d’origine végétale. On ne peut pas avec la viande ou les résidus gras, tandis que le compostage à grande échelle le permettra. Les municipalités pourront en retirer de la valeur énergétique», conclut Mme Gamache.