Humanorium: une étrange fête foraine artistique

Une fête foraine un peu particulière s’installe au parc Champlain du 25 au 30 juillet. Il y a pourtant bon nombre de classiques, dont un fameux carrousel qui frappe l’imaginaire puisqu’il est réalisé avec des paniers d’épicerie.

Cette fête foraine intitulée Humanorium s’articule à la frontière entre le divertissement auquel on s’attend lors d’une fête foraine et l’exposition d’art actuel. Chacun des stands consiste en une œuvre à part entière créée par un artiste du Canada ou d’ailleurs.

Par exemple, au stand de tir, les visiteurs utilisent un lance-pierre pour envoyer une bille de peinture sur une œuvre de Marc Séguin, alors que de son côté, le Musée de la mort propose un parcours de photographies post mortem.

«Humanorium est directement inspiré d’une fête foraine typique du début du 19e et du 20e siècle. Ce happening recrée ce type de rassemblement en plein air. On a su l’année dernière qu’il restait des disponibilités d’itinérance pour cette exposition. On a sauté sur l’occasion», raconte Marie-Andrée Levasseur, directrice des arts visuels à la Ville de Trois-Rivières.

Au total, 12 attractions sont présentées au parc Champlain. La Chambre des curiosités I regroupe un amalgame d’objets à la fois familiers et étranges, tandis que dans la Chambre des curiosités II, le visiteur se retrouve aux centre des regards étonnés et des visages déformés du sculpteur Louis Fortier, qui travaille à partir de moulages de sa propre tête, dans un questionnement sur l’identité et le temps.

Le freak show, une référence aux «monstres de foire» des anciennes fêtes foraines, se renouvelle. L’artiste catalan Joan Fontcuberta a retracé des gens qui infligent des manipulations à leur propre corps avant de s’afficher sur l’immense freak show qu’est parfois Internet. Le visiteur en voit de toutes les couleurs dans un défilement d’une cinquantaine d’images: piercings en tous genres, scarification, tatouages extrêmes et plus.

Avec son Cinéma de l’espoir, l’artiste Dominic Gagnon a effectué un collage de vidéos dénichées sur Internet, mettant de l’avant l’être humaine aux prises avec ses chimères et sa peur de la fin du monde. Le résultat a un petit quelque chose d’hypnotique.

Un diseur de bonne aventure robotisé pose des questions aux visiteurs avant de leur confier une mission à réaliser. Une machine à vue, en clin d’oeil au mutoscope de fête foraine qui présentait généralement des vidéos d’effeuilleuses, propose plutôt une vidéo sur la rencontre entre la culture Atikamekw et la culture québécoise. Le mystérieux Zoltar est aussi sur place pour livrer ses cadavres exquis poétiques. De son côté, Le Petit acousmonium d’Érick D’Orion entraîne le visiteur dans un voyage sonore hors du commun.

«Ça donne aux gens la possibilité de vivre cet événement sans sortir de la région, sans compter que ça positionne la ville comme un centre important pour les arts visuels. Les visiteurs retiennent avant tout l’idée de la fête foraine. D’une certaine façon, ça fait peut-être moins peur d’aborder l’art actuel comme ça plutôt que dans un cadre plus établi dans un centre d’exposition. Tu ne sais plus si c’est une fête foraine ou une exposition. On espère que ce premier contact donnera envie aux visiteurs d’en découvrir davantage», ajoute Mme Levasseur.

Ève Cadieux, l’une des commissaires d’Humanorium, remarque que cette fête foraine nouveau genre est bien reçue par les visiteurs depuis ses débuts, il y a près de quatre ans. «Les réactions sont différentes de place en place, mais on reçoit de beaux commentaires. C’est une belle accessibilité à de l’art actuel et on constate que ce sont des œuvres qui parlent au public», indique-t-elle.

Humanorium sera accessible à partir de 17h le 25 juillet. Par la suite, l’installation sera ouverte de 13h à 22h. Mme Levasseur recommande aux visiteurs de venir à deux reprises, soit le jour et le soir, puisque l’expérience change complètement.

«Le soir, le tout s’illumine. Visiter l’installation le jour ou le soir sera l’occasion de découvrir deux ambiances complètement différentes. Avec l’éclairage en soirée, cela peut aussi amener une nouvelle dimension aux œuvres», souligne-t-elle.

Une équipe de médiateurs en arts visuels sera aussi sur place pour parler des œuvres avec les visiteurs et répondre à leurs questions.

L’accès sera d’ailleurs gratuit pour tous.