Phaneuf International sur le point de marquer l’histoire

L’année 2023 marquera une étape importante chez Phaneuf International. Après des années de recherches et de développement, la PME trifluvienne s’apprête à dévoiler son prototype de surfaceuse à glace 100% autonome.

« On s’approche de plus en plus de la commercialisation. Un premier prototype devrait voir le jour en 2023, confirme Alain Phaneuf, président-directeur général de l’entreprise. Le véhicule tractant est prêt. Il a été fabriqué au Saguenay par MTT Technology. La preuve de concept de notre conditionneur automatique, le produit arrière qui fait la glace, sera publique en avril. »

Pour mener à bien son projet, Phaneuf International travaille en collaboration avec plusieurs partenaires, dont l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ainsi que des acteurs à Sherbrooke et Terrebonne.

« C’est comme une imprimante 3D à glace, image M. Phaneuf. Il faut recueillir des données pour que ça fonctionne. Présentement, on est en train de recueillir les données dans plusieurs arénas, dont au Colisée Vidéotron, ici, à Trois-Rivières. »

« On l’a pensée pour que ce soit aussi écoénergétique, renchérit le PDG. Ça va coûter moins cher et ce sera aussi plus écologique. C’est une amélioration significative. On a une compagnie canadienne qui attend pour en acheter une trentaine. On est loin d’avoir réussi, on est encore une jeune entreprise à fort potentiel qui a de gros rêves, mais on s’approche du but. Je sens qu’on va marquer l’histoire en équipe avec tous nos partenaires. » 

En pleine pandémie, l’entreprise s’est fait connaître pour ses buts de hockey en aluminium, deux fois plus légers que les traditionnels. On en retrouve maintenant un peu partout au Québec et, depuis peu, en Ontario. Ils ont été conçus pour prévenir les accidents de travail et pour améliorer la sécurité des joueurs lors d’impacts. 

« On devrait en vendre en Californie prochainement, indique M. Phaneuf. On parle d’un but de 25 kilos versus un but traditionnel qui est entre 50 et 70 kilos. Stéphane Quintal, un joueur de hockey à la retraite, a porté notre dossier à la LNH l’an dernier. Le dossier est sur la table, on attend de voir comment ça va se développer à ce niveau. » 

L’appel de l’entrepreneuriat

L’entrepreneuriat, c’est une deuxième carrière pour Alain Phaneuf. Après 25 ans en tant que policier pour la Sûreté du Québec, il a pris sa retraite en 2017 pour se lancer en affaires. 

« J’ai adoré être policier, mais je n’étais pas sur mon X, confie-t-il. J’ai toujours su que je voulais être entrepreneur. En parallèle de ça, j’ai passé ma vie dans les arénas. Je ne suis pas un joueur de hockey ni un fan fini du Canadien de Montréal, mais deux de mes enfants sont professionnels sur glace. J’ai vu des arénas de Saint-Hyacinthe à Melbourne, en Australie. » 

« On a passé notre vie dans les arénas, blague-t-il. C’est ce qui fait que j’ai combiné mon désir d’entrepreneur à quelque chose que j’ai découvert: les glaces. Par-dessus tout, je suis tombé en amour avec les problèmes qu’il y avait dans les arénas. C’est devenu ma motivation. Je voulais apporter des solutions. »

Lorsque son idée de surfaceuse à glace autonome a commencé à germer, en 2015, il y avait déjà un problème de main-d’œuvre dans les arénas. « Des opérateurs de surfaceuse à glace, il en manquait déjà, dit-il. Même avant que je prenne ma retraite, j’avais en tête de concevoir un robot capable de faire la glace tout seul. En mars 2017, je prenais la décision de prendre ma retraite de la SQ pour me lancer en affaires. »

Une croissance rapide

Comme bien d’autres, il a démarré son entreprise dans le sous-sol de sa maison, à Saint-Mathieu-de-Beloeil. Rapidement, il a transféré dans un local industriel à Longueuil.

« Juste avant la pandémie, en 2019, on s’est présenté au Consumer Electronics Show à Vegas. On est arrivé là-bas avec des images de notre prototype de surfaceuse à glace parce qu’il n’était pas encore prêt. Là-bas, on est devenu la coqueluche de la place. »

Au départ, la PME avait même pensé à motoriser un but de hockey pour que celui-ci puisse bouger de concert avec la surfaceuse à glace. « Ce but-là avait remporté une des dix innovations de l’année selon la revue Québec Science. On était sur une vague extraordinaire. » 

À cette époque, M. Phaneuf avait rencontré à quelques reprises des acteurs du milieu économique trifluvien. Puis, en 2020, avec la construction du Colisée Vidéotron, l’entrepreneur a saisi l’occasion de s’implanter à Trois-Rivières.  

« Puis, la pandémie est arrivée. C’était une passe difficile pour nous, mais ce dont je suis le plus fier, c’est d’être encore en affaires, confie M. Phaneuf. Comme bien d’autres, on a dû se réinventer. On a dû cesser d’être seulement une compagnie de recherche et développement. Il a fallu commercialiser des choses. On s’est vite rendu qu’il n’y avait pas de modèle d’affaires avec nos buts téléguidés. Ça coûtait trop cher à fabriquer pour le coût auquel on pouvait les vendre. »

« Dans nos études techniques, le poids des buts revenait toujours, ajoute M. Phaneuf. On a commencé par remplacer des pièces intérieures en acier par des pièces en aluminium. Pour que ce soit encore plus léger, on a pensé faire une structure toute en aluminium. SBB, une compagnie de Blainville, a embarqué dans l’aventure. Et aujourd’hui, on fabrique et on vend des buts en aluminium.

Quant à l’ancien but téléguidé, il fera partie d’une exposition sur le hockey, au Vieux-Port de Montréal cet été.

Les conseils d’un pro

Par ailleurs, Phaneuf International compte dans son équipe une grosse pointure en la personne de François Martindale, une des sommités mondiales en matière de qualité de glace. Il a travaillé 25 ans pour le Canadien de Montréal et quatre ans pour les Kings de Los Angeles.

« L’an dernier, la glace de nos Lions n’était pas belle. Cette année, l’organisation est entrée en contact avec nous pour savoir si notre surfaceuse était prête, raconte Alain Phaneuf. Elle n’était pas prête, mais on les a aidés quand même. François a accepté d’accompagner les gens du Colisée pour obtenir une belle glace. »

Les services de M. Martindale ont également été sollicités par les gens du Centre Vidéotron, à Québec.