La Galerie d’art Berthelet s’installe au centre-ville
On connaît surtout Caroline St-Pierre l’artiste-peintre, celle qui est active sur la scène artistique depuis plus de 20 ans maintenant. Mais il y a aussi Caroline St-Pierre l’entrepreneure. Celle-ci vient tout juste d’ouvrir la deuxième Galerie d’art Berthelet, celle-là sur la rue des Forges à Trois-Rivières.
L’ouverture de cette nouvelle galerie représente une étape importante dans l’évolution de l’entreprise.
« Le choix de Trois-Rivières pour ouvrir la deuxième succursale n’a pas été bien long, concède-t-elle. L’emplacement est un beau hasard. On avait d’autres locaux en tête, mais quand on a vu ce local, l’ancien OLiV, on s’est vu ici avec le grand mur de brique. Mon studio était aussi au centre-ville. C’est le local parfait. L’emplacement de la galerie contribuera également à la vitalité culturelle du centre-ville. Il y a le côté touristique qui n’est pas à négliger non plus.. »
La première succursale de la Galerie d’art Berthelet a été mise sur pied en novembre 2020 à Berthierville. Encore en plein coeur de la pandémie et à l’aube d’un nouveau confinement, Caroline St-Pierre et Olivier Mineau ont décidé de miser sur une plateforme transactionnelle en ligne. En parallèle, la petite galerie pouvait aussi accueillir des clients sur rendez-vous.
« On voulait innover. Le marché de l’art est très conservateur et, au Québec, il n’y avait pas ou très peu de galeries d’art en ligne transactionnelles. Ça nous prenait tout de même un lieu physique pour permettre aux gens de venir confirmer leur achat. Le petit local nous permet d’exposer quelques toiles et d’accueillir des personnes sur rendez-vous, explique Olivier Mineau, président de la Galerie d’art Berthelet. Ça nous a permis de commencer et d’évoluer par la suite. »
Pour l’ouverture de la Galerie d’art Berthelet à Trois-Rivières, Caroline St-Pierre et Olivier Mineau ont eu droit à une aide financière de 20 000$ provenant du Programme de revitalisation et de développement des établissements d’entreprises au centre-ville de Trois-Rivières d’Innovation et Développement économique. Le montant a notamment servi à acquérir divers équipements techniques, comme un système d’éclairage de niveau muséal.
Sur place, on retrouve une sélection de peintures, de sculptures et d’oeuvres d’art numériques. La sélection des oeuvres sera changée mensuellement. La Galerie d’art Berthelet fait affaire avec 28 artistes, dont la Trifluvienne Marie-Josée Roy, Rochette, Adornetto, Isabelle Beaubien et Hugo Landry.
« Il y a eu un travail de charme à faire auprès des artistes au départ. Au début, on cherchait des artistes. Aujourd’hui, les artistes viennent nous voir pour nous demander d’exposer leurs oeuvres, constate Olivier Mineau. La plateforme en ligne nous a mis au monde. Elle nous a permis de nous positionner, de nous faire connaître et de nous forger une réputation envers la clientèle, le milieu corporatif et les artistes. »
Démocratiser l’art et son acquisition
La Galerie d’art Berthelet souhaite rendre l’art accessible en proposant une expérience d’achat simplifiée.
« Au Québec, les gens ont tendance à voir les arts visuels comme de l’art décoratif, mais ça peut devenir un objet de collection avec une valeur dans le marché, note-t-elle. En deux ans, un artiste évolue et sa valeur marchande augmente aussi. On veut instruire les gens aussi à ce niveau pour qu’ils puissent apprécier encore plus l’oeuvre qu’ils acquièrent. »
« Souvent, quand les gens commencent à collectionner des oeuvres, ça commence avec le j’aime/je n’aime pas et le côté viscéral vient prendre d’assaut la personne. À partir de là, c’est de les rassurer et de les accompagner, car c’est un investissement important. On explique donc qui est l’artiste et son ascension, tout comme les modalités de versements possibles, indique Caroline St-Pierre. Il y a des réservations qui sont possibles aussi. Je remarque que cette accessibilité au niveau du paiement met souvent un frein à l’achat. On veut faire du clé en main. »
Artiste et entrepreneure
Caroline St-Pierre compare son nouveau travail à celui d’une technicienne de scène: « Tu travailles beaucoup dans l’ombre pour faire rayonner les artistes ».
Mais là où elle souhaite se distinguer, c’est dans son approche plus humaine. « Je pense que c’est la suite de tout ce que j’ai pu vivre en symposium, dans les galeries et comme artiste dans les galeries. Je ne veux pas reproduire les mêmes lacunes que j’ai vues ailleurs. C’est pour ça que mon approche humaine me tient à coeur. Ce que j’ai vécu, c’est normalement des relations plus froides, distancées. »
Il a fallu combiner sa vision des arts à une approche plus rationnelle également.
« J’ai toujours eu de bonnes personnes qui m’ont apporté beaucoup dans la gestion de mon temps et de mon art à l’international. Olivier est entré dans ma vie et on a pu voir le plan d’affaires et établir comment ma vision des arts et un plan d’affaires pouvaient cohabiter pour rendre le tout viable », explique l’artiste et entrepreneure.
« J’apprends tous les jours, ajoute-t-elle. Olivier me permet d’apprendre du côté rationnel, comme la gestion, l’administration et l’arrière-scène du développement des arts, tandis que de mon côté, je trouve que j’humanise l’approche. Aujourd’hui, au lieu de peindre, je défends des oeuvres d’artistes. »
Toutefois, le feu de la création brûle encore en elle. Caroline St-Pierre espère pouvoir reprendre les pinceaux plus souvent. « J’ai fait quelques oeuvres pour le Port de Trois-Rivières et pour des étiquettes de bière, mais ça me manque de peindre. Je pense que je pourrais me permettre une exposition solo dans ma galerie, lance-t-elle en riant. J’en rêve pour 2024. Mais d’ici là, je mets en lumière le travail d’autres. »