Voisins de la Halte douceur: « Ce n’est pas vivable »

Plusieurs citoyens dérangés par la présence de la Halte douceur sur la rue Royale sont venus exprimer leurs doléances aux élus du conseil municipal, mardi soir.

Difficulté à dormir en raison du bruit nocturne, enjeux de gestion de déchets, moins grand sentiment de sécurité: des résidents de la rue Royale sont à bout.

« Je dors à peine trois heures par nuit. Il n’y a pas d’encadrement. Ce n’est pas vivable », témoigne avec émotions Daniel Chillas, qui habite au-dessus de la Halte douceur.

Il demande qu’un meilleur encadrement soit fait. « Je comprends la crise sociale et la crise de l’itinérance, mais il n’y a pas d’encadrement. Ça crie toute la nuit. Quand j’appelle la police, on me dit de les identifier. Je ne peux pas aller les prendre en photo en pleine nuit. Je vais me faire sauter dans la face », ajoute-t-il en remettant des photos et des vidéos aux élus en guise d’appui à ses propos.

« Je suis obligée de me coucher à 18h30 pour avoir un peu de sommeil la nuit. Je suis capable de comprendre, mais là, c’est trop. C’est aussi des menaces. Je ne peux plus voir mes petits-enfants chez nous. J’aimerais pouvoir être en sécurité quelque part », renchérit Chantal Mercier, la conjointe de M. Chillas.

Rappelons que pour sa première année d’existence l’hiver dernier, la Halte douceur était installée dans le bâtiment de Point de rue. Toutefois, cet hiver, le propriétaire d’un édifice de la rue Royale a proposé son local à l’organisme afin d’accueillir l’initiative qui permet d’offrir un hébergement d’urgence la nuit, sous la forme d’un dortoir, personnes itinérantes du centre-ville en hiver.

Sur place, divers services sont proposés, tels que l’intervention de crise, du dépannage alimentaire et vestimentaire, un casier sécurisé pour laisser ses effets personnels, ainsi que des occasions de maillage social, notamment par un volet d’animation proposé entre 20h et minuit. 

Un autre résident de la rue Royale, Guillaume Simoneau, a fait remarqué qu’il n’y avait pas de poubelles devant la Halte douceur. « Je n’avais jamais eu de problèmes de poubelles ni de recyclage en trois ans. Là, depuis décembre, c’est tout mélangé et c’est la quatrième poubelle que je me fais voler cet hiver. »

Une résolution qui divise

Dans cette foulée, le conseiller municipal du district de La Vérendrye, Dany Carpentier, a déposé une résolution en affaire nouvelle dans le but que la Ville forme un comité réunissant des citoyens et des intervenants municipaux pour aider à la compréhension sur la situation de l’itinérance et de l’incivilité sur la rue Royale et de rendre public un plan d’action spécifique sur les enjeux d’itinérances.

« L’itinérance est un enjeu important. On ne peut pas faire comme si la situation était normale. La situation autour de la Halte douceur témoigne sur la complexité de l’enjeu. Je souhaiterais que le plan d’action soit rendu public et que les citoyens résidant sur la rue Royale puissent être impliqués dans le projet », explique M. Carpentier.

« Sur le fond, je suis d’accord. Par contre, je pense que le problème en ce moment, c’est qu’il y a urgence d’agir et il faut voir comment travailler sur la cohabitation entre les gens qui habitent au centre-ville et d’autres gens en situation d’itinérance. Je n’ai pas envie qu’on passe par résolution parce que j’ai envie que demain matin, on soit sur le terrain. Je pense qu’il faut être dans l’action tout de suite », répond le maire Jean Lamarche.

D’autres élus ont aussi réitéré que plusieurs partenaires dont Point de rue, la police, Trois-Rivières Centre, IDÉ Trois-Rivières et le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec sont en action sur le terrain en lien avec la crise de l’itinérance.

La résolution a finalement rallié autant de conseillers en faveur qu’en défaveur, faisant en sorte que la résolution a été battue.

Conformité réglementaire

Le coordonnateur de la Halte douceur, Jean-Félix R. St-Germain, et le propriétaire de l’édifice, Yves Bécotte. (Photo Stéphane Laroche)

La Ville de Trois-Rivières a également déposé un projet de règlement visant à ajouter l’usage Institution de santé et services sociaux dans le secteur concerné par la Halte douceur, c’est-à-dire sur la rue Royale entre les rues Saint-Roch et des Forges. 

En temps normal, la Ville effectue ce changement d’usage en amont. « Dans la réglementation, il y a différentes façons de faire. On a d’abord travaillé à la mise en place de la Halte douceur. Si on veut répéter le projet à cet endroit ou le prolonger, il faut faire cette modification d’usage », précise le maire.

Le projet de règlement fera l’objet d’une consultation publique le 19 mars. Un avis public sera diffusé le 27 mars pour donner les informations aux citoyens en lien avec la tenue d’un registre.