Vivre dans 100 pieds carrés

LOGEMENT. C’est avec un exacto et une scie à onglet qu’Ulysse Gélinas-Roy a construit sa maison. Il a mis tout l’été pour venir à bout du projet. Le résultat? Une demeure de 100 pieds carrés, qu’il habite depuis novembre à Pointe-du-Lac.

Inspiré par Youtube, le jeune homme de 21 ans avait en tête depuis deux ou trois ans de construire sa propre mini-maison. Un projet cadrant parfaitement avec sa personnalité, son budget et son désir d’avoir un refuge bien à lui pour ses projets musicaux.

Sa maison est en fait un ancien camp de chasse sur roues qu’il s’est procuré à Saint-Mathieu-du-Parc, puis qu’il a transformé en nid douillet habitable à l’année. Un lit, un coin-repas avec frigo, et même un studio d’enregistrement y ont trouvé leur place. L’habitation comporte l’eau courante et l’électricité.

Au départ, le musicien souhaitait construire sa maison de A à Z, mais il a modifié ses plans après avoir visité la cabane de chasse, qui représentait une véritable aubaine à 700$. «Je trouvais ça utile qu’elle soit déjà construite sur une remorque. Elle était faite comme je voulais, même qu’elle était un peu plus grande que ce que j’envisageais de construire au départ», raconte l’heureux propriétaire.

Il en a fait l’acquisition l’hiver dernier, pour ensuite la déménager à Nicolet au début de l’été, où il l’a entièrement réaménagée. «Je me suis installé sur la propriété de mon grand-père, qui m’a laissé toute la liberté nécessaire pour mener mon projet à terme. Je n’ai pas compté les heures que j’y ai consacrées, mais ça a pris du temps! Je n’avais pas beaucoup d’outils: j’ai fait une grosse partie du travail à l’exacto», se remémore-t-il en souriant.

L’intérieur de la cabane a été entièrement refait. «J’ai arraché tout ce qu’il y avait, car rien n’était vraiment récupérable. J’ai refait l’isolation et les murs, nettoyé et désinfecté les lieux, et réaménagé le tout en fonction de mes besoins.»

Il ne reste que l’extérieur de la mini-maison à terminer.

Tout a été pensé avec soin et réalisé avec une vision écologique. Par exemple, l’isolation a été refaite en bonne partie avec de la sciure et de la fibre de bois. La finition des murs est en bois, provenant de palettes et de planches récupérées à gauche et à droite. «J’ai acheté très peu de matériel; juste mon plancher de bois franc et ma céramique. J’ai travaillé avec ce que j’ai trouvé», poursuit le jeune homme, qui estime avoir investi au total 3000$, incluant l’achat et le déplacement de la cabane, ainsi que le remplacement des pneus, qui avaient atteint leur durée de vie utile.

«C’est une remorqueuse qui a amené la cabane jusque chez mon grand-père. Pour pouvoir la déplacer, il a fallu gonfler les pneus. Ils ont tenu le coup jusque là-bas, mais une fois rendu, il a fallu leur dire adieu. Un imprévu au budget, mais leur remplacement était essentiel.»

Son plus gros défi? «Avoir la patience nécessaire!», lance-t-il sans hésiter. «Ç’a été assez laborieux.» Garder le cap, envers et contre tous, a aussi fait partie des difficultés. «Certaines personnes comprenaient mal ma démarche», indique-t-il. Au final, il tire une grande fierté du résultat. «C’est intimidant, un projet comme ça. Mais je n’hésiterais pas à recommencer. Je trouve ça sécurisant pour le futur, car j’aurai toujours une place où aller.»

Le jeune homme projette de conserver longtemps sa demeure. Il se dit toutefois conscient que celle-ci n’est pas une solution de logement à long terme, surtout s’il veut fonder une famille. «Je ne l’habiterai pas pendant 20 ans, mais si j’ai des enfants un jour, ils seront heureux d’avoir une cabane dans la cour!»

Ulysse tente actuellement de trouver un terrain doté d’une petite bâtisse avec services (toilette et douche) pour enraciner définitivement sa mini-maison quelque part car, pour le moment, il vit dans la cour arrière de la maison maternelle, qui est en vente.

Dans cette future bâtisse, il souhaite aménager un studio de musique où il pourrait accueillir des groupes. «Ma mini-maison serait mon espace personnel. Le studio, je pourrais le louer à l’occasion», envisage le jeune homme, qui ne ferme pas la porte non plus à louer éventuellement sa mini-maison, dont il entamera la rénovation extérieure au printemps.