Violence sexuelle : la lutte commence dans les écoles

TROIS-RIVIÈRES. Dans la foulée du mouvement planétaire #MoiAussi, la problématique de la violence sexuelle est sur toutes les lèvres, dont celles de centaines d’élèves de l’Institut secondaire Keranna. 

Depuis septembre, la notion de consentement est abordée sans tabou dans les classes des élèves de deuxième et de troisième secondaire. L’établissement est le premier à Trois-Rivières à implanter dans son cursus scolaire le nouveau programme contre les agressions sexuelles du Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS).

Développé conjointement avec un groupe de chercheurs en sexologie de l’Université du Québec à Montréal, le programme Empreinte a pour objectif de réduire la tolérance sociale vis-à-vis les différentes formes de violence sexuelles.

À la suite de l’affaire Weinstein, la vague de dénonciation qui a déferlé sur la planète a révélé l’ampleur du phénomène et le silence qui l’entoure. Le constat est brutal : ces comportements sont encore normalisés. D’où l’importance d’éduquer pour changer les mentalités, soutient la coordonnatrice au CALACS de Trois-Rivières, Joëlle Boucher-Dandurand.

« Plutôt que de se contenter d’éteindre des feux, nous avons décidé d’attaquer de front la problématique en commençant à la base. C’est auprès des adultes de demain que les stéréotypes peuvent être combattus », a déclaré Mme Boucher-Dandurand.

La violence sexuelle, c’est quoi ?

Il y a cinq ans, l’Institut secondaire Keranna a fait de ce combat une priorité en offrant à ces élèves des cours d’éducation sexuelle. Déjà, aux balbutiements du programme Empreinte, la direction de l’établissement a démontré son intérêt à offrir le programme.

« Il s’agit d’un tremplin incroyable à la vie d’adulte. Nos élèves apprennent ainsi à prendre leur sexualité en main, à respecter leurs partenaires, à imposer leurs limites et le plus important, à communiquer », a expliqué la directrice des services aux élèves à Keranna, Chantal Croisetière.

Au cours des prochains mois, les élèves de deuxième et de troisième secondaire recevront quatre ateliers en classe animés par les intervenantes formées du CALACS. La notion de consentement ainsi que le pouvoir d’agir seront au cœur des discussions.

Dans cette aire de contestation, le programme ne pouvait pas mieux tomber, affirme Mme Croisetière. « Au cours des dernières semaines, nos jeunes ont été amenés à prendre conscience de cette réalité cachée. Si l’on ne leur donne pas les outils pour faire bouger les choses, ils vont aller ailleurs, par exemple sur Internet », a-t-elle ajouté.

Sensibiliser élèves, parents et enseignants

Mais éduquer autrement les plus jeunes n’a de sens que si l’on sensibilise aussi les enseignants et les parents. Ainsi, afin de créer des opportunités de communication avec leurs enfants, des capsules vidéo seront mises à la disposition des parents. 

Le programme Empreinte offre également des formations aux divers intervenants scolaires.

En tout, c’est plus de 700 personnes de la région qui seront directement rejointes par le programme pour la première année d’implantation.

À noter que les 26 CALACS à travers le Québec offrent désormais le programme aux écoles de leur territoire, en fonction de leurs ressources et de leurs disponibilités.