Vers une monnaie locale trifluvienne
ÉCONOMIE. Trois-Rivières pourrait bien avoir sa propre monnaie. C’est du moins ce que tente de mettre en place un groupe de citoyens.
L’initiative n’en est encore qu’à ses débuts, mais déjà l’idée mobilise plusieurs commerçants et organismes. L’objectif est de favoriser l’économie locale en incitant les citoyens à acheter à Trois-Rivières et en encourageant les entreprises à s’approvisionner entre elles.
Le mode de fonctionnement est simple: on prend un 20$ canadien que l’on échange contre un 20$ trifluvien. On dépense ensuite cet argent dans le commerce de notre choix à Trois-Rivières. La valeur est la même, mais la différence est que le 20$ trifluvien est constamment réinvesti dans la communauté.
N’ayant pas de valeur à l’extérieur de la ville, la monnaie doit impérativement circuler à Trois-Rivières. Les retombées dans la communauté sont donc directes. Contrairement à la monnaie canadienne, la monnaie locale ne peut pas être mise en banque dans le but de faire de l’intérêt. Elle ne peut qu’être échangée.
«À l’heure actuelle, on ne peut pas dire quelle forme prendrait cette monnaie et comment elle serait gérée parce qu’il existe différents modèles. Ça peut être une monnaie papier, virtuelle ou les deux», indique Steven Roy Cullen, qui fait partie du comité de citoyens au cœur de cette initiative.
Par exemple, en Gaspésie, il existe le demi. Il s’agit en fait de billets de banque normaux qui ont été coupés en deux. Chaque morceau vaut la moitié de la valeur initiale du billet. Ce n’est pas un modèle qui est envisagé pour Trois-Rivières, mais les membres du comité de citoyens pour une monnaie locale sont tout de même intéressés à s’entretenir avec les Gaspésiens qui ont mis en place le demi.
«La première étape à franchir sera d’établir des contacts avec des gens qui ont déjà mis en place une monnaie locale dans leur communauté afin de déterminer quel système sera instauré. On va pouvoir apprendre de leurs expériences», explique M. Roy Cullen.
Le groupe peut déjà compter sur l’appui d’une institution financière, de même que sur la Corporation de développement économique communautaire de Trois-Rivières (CDEC). Celle-ci investit même un montant d’argent pour le démarrage du projet.
Un travail de sensibilisation
Pour que l’initiative soit viable, il faudrait idéalement que la majorité des entreprises de Trois-Rivières joignent le mouvement. Certaines démontrent déjà de l’intérêt. «Pour que ça fonctionne, il faut avoir des commerces dans toutes les sphères d’activité. Il y a des entreprises qui sont autour de la table avec nous. Il y a des gens, notamment, dans le domaine de l’agroalimentaire et de la restauration», précise Amandine Duhil, membre du comité de citoyens.
«Il y a un gros travail de sensibilisation à faire pour démontrer que ce n’est pas seulement à l’avantage des commerçants, mais aussi à l’avantage des citoyens étant donné que l’argent reste dans la communauté, renchérit M. Roy Cullen. Il faut démontrer la pertinence de cette monnaie pour l’économie locale.»
On ne verra pas de monnaie trifluvienne en circulation avant au moins un an. Il faudra du temps pour rassembler un maximum d’entreprises et mettre en place un système de monnaie soit imprimée, virtuelle ou les deux.