User de son courage pour dénoncer un proche

DÉNONCIATION. La Mauricie/Centre-du-Québec a récemment lancé un projet pilote unique au Québec afin de garantir une meilleure protection et apporter l’aide nécessaire aux personnes aînées qui sont victimes de maltraitance. Cette problématique est beaucoup trop présente encore aujourd’hui.

Les cas de maltraitance envers les aînés de la région augmentent depuis plusieurs années. C’est ce que confirme Sylvie Montembault, employée à la Table de concertation abus auprès des aînés de la Mauricie.

«Nous sommes la première étape de traitement de cas. Les gens appellent chez nous ou parfois, ils passent directement par le Centre de services sociaux ou encore par les policiers. Nous dirigeons ensuite la personne selon son cas. On en vient à se créer un bon réseau de ressources, tel que le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et la Commission des droits de la personne.»

«Nous avons une belle entente aussi avec les Caisses populaires Desjardins. Ils nous appellent lorsqu’ils s’aperçoivent qu’il y a des anomalies dans certains comptes. On conseille aux gens d’appeler au CSS et d’aider à faire dénoncer ses situations. Que ce soit des proches ou des témoins de ces actes. Par contre, lorsqu’on est appelé, l’argent s’est déjà envolé dans bien des situations», confie-t-elle.

Il n’existe pas que de la maltraitance physique ou psychologique. Il existe aussi l’abus financier, dont 38 dossiers ont été traités depuis 2008 et ont mené à des accusations criminelles dans la région de Trois-Rivières.

«Ce type de maltraitance est souvent fait par la famille, malheureusement. Par exemple, dans certaines résidences, on constate que les visites se font autour du 30 de chaque mois, à l’aube de la déposition du chèque. Mais le restant du mois, personne ne vient rendre visite au résident en question.»

«Je dis toujours que ces gens-là n’ont pas de mauvaises intentions au départ. Puis la situation évolue en escalade. La personne perd son emploi ou divorce. Ensuite, certaines d’entre elles tombent dans la boisson ou dans la drogue et se retrouvent sans argent. La personne se retourne vers le parent pour demander de l’aide et en quelque sorte, se dit que c’est un héritage qui lui revient de toute façon.»

«Ensuite, elle découvre que leur parent a un beau montant dans le compte. C’est pour cette raison que je dis qu’au départ, il n’y a pas de mauvaises intentions. Ça se fait par étape. Personne n’est méchant à la base», croit Mme Montembault.

Difficile de dénoncer

Un des obstacles majeurs à la dénonciation se veut le risque de briser des liens envers la famille et les proches.

«D’abord, les gens ont peur du jugement. Peur d’être jugé d’avoir mal élevé son enfant. Il y a le jugement de soi et le jugement extérieur. Parfois aussi, on laisse une chance au coureur. Je ne dénoncerai pas mon enfant parce que c’est mon petit chouchou. La personne achète le silence, surtout si elle menace de ne plus venir la voir ou encore de ne plus lui apporter ses petits-enfants.»

«On rencontre toutes sortes de menaces ou de méchancetés. Tu n’as pas besoin de nouvelle lunette alors garde tes vieilles! Tes dents sont bien correctes ainsi et tu manges mou de toute façon! Tu n’as pas besoin de nouveaux appareils parce que tu es vieux de toute façon! Tu n’as pas besoin de nouvelles bottes. Il te suffit de ne pas sortir l’hiver! Ça se fait progressivement. Dans le type  »uses ceux-là et  »on verra ». Progressivement, le  »on verra » devient le  »tu n’auras pas ».»

Les cas de maltraitance de préposés envers des aînés sont plus rares. Malheureusement, la maltraitance familiale domine lorsqu’il vient le temps de dresser le bilan des cas répertoriés.