UQTR: la direction souhaite une «négociation raisonnée»
LOCK-OUT. Le recteur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a convoqué les médias lundi soir pour répondre aux questions. Pour l’instant, il n’est pas question de lever le lock-out.
«On veut retourner à la table de négociation pour négocier une entente avec le syndicat en sachant qu’on peut faire une négociation raisonnée. Ce n’est pas le modèle qu’on a actuellement. C’est un modèle archaïque où tout ce qui a été acquis dans le passé est automatiquement et systématiquement dû, sans égards à la situation de l’université. On veut travailler en toute transparence avec le syndicat», plaide Daniel McMahon, recteur de l’UQTR.
Le nœud du problème résiderait en l’embauche prévue d’un certain nombre de professeurs d’ici quelques jours et au cours des prochaines années. La convention collective prévoyait d’embaucher un professeur pour 30 nouveaux étudiants équivalents à temps complet.
Le plancher d’emploi est présentement de 445 offres. D’après l’entente qui prend fin le 31 mai, il faudrait augmenter le nombre de postes de professeur à 466 d’ici le 1er juin.
«Les cégeps ont connu des baisses significatives de la clientèle étudiante. Ça risque de nous affecter. Là, si on bat les statistiques, c’est en raison de la qualité de notre personnel enseignant. On a 30 étudiants qui s’en vont en Chine, donc on doit embaucher un professeur. Il y a un vice dans la formulation de cette clause ascenseur. Si ça reste comme ça, il en va de la survie d’une université à vocation générale», explique M. McMahon.
«Sinon, on va devoir aller vers les programmes qui génèrent le plus d’étudiants. Devra-t-on fermer des programmes? Je ne veux pas ça. (…) On ne veut pas devenir une université de spécialités. On veut garder notre vocation générale, même si on est obligé de faire de la péréquation entre les programmes, ajoute-t-il. (…) On ne parle pas de congédier des professeurs. On parle de postes de professeurs qui n’existent pas et on se bat contre un chiffre théorique.»
Encore deux semaines pour éviter une «catastrophe»
La collation des grades et la session d’été des étudiants ne sont pas compromises à l’heure actuelle. Toutefois, si le conflit de travail devait perdurer au-delà de la moitié de la session, soit la fin du mois de mai, l’université serait «en sérieuse difficulté».
«Ce n’est pas encore catastrophique. La collation des grades et la session des étudiants ne sont pas en péril. Là, environ 9000 étudiants ont pris un cours. Pour plusieurs, c’est pour s’avancer. On sait qu’il y a des conséquences, mais il y en a moins que si on avait déclenché le lock-out en pleine session d’automne ou d’hiver. Si le syndicat veut réellement un règlement, ça peut se régler en une journée», soutient M. McMahon qui ne croit pas que la réputation de l’UQTR restera entachée par ce conflit… pour autant qu’il se règle.
Situation économique précaire
La situation économique de l’UQTR laisse une très faible marge de manœuvre, affirme le recteur.
«Le plan de redressement qui avait été approuvé par le gouvernement nous aurait amené à 400 professeurs. On est capable de maintenir notre offre de services avec 445 professeurs. On veut mettre fin à cette clause ascenseur pour maintenir une bonne gestion financière. On nous demande le contraire de tout ce qu’on enseigne en matière de bonne gestion des finances», indique-t-il.
Dans son plan de redressement sur cinq ans, l’UQTR prévoyait un déficit de 8,9 M$ au terme de l’année 2018-2019. L’UQTR avait aussi anticipé une rentrée d’argent de 5,8M$ du gouvernement. Finalement, l’institution en recevra 6,9 M$.
«Notre déficit anticipé a été approuvé par le gouvernement. On s’est organisé pour revenir à l’équilibre budgétaire. En ce moment, nous avons deux années de faites sur le plan de redressement de cinq ans. Mais avec ce qu’on a mis sur la table dans l’offre au syndicat, on sait déjà qu’il faudra présenter un plan de redressement révisé, car on aurait un déficit prévu de 9,9 M$. À la troisième année du plan, on aura 40 000$ de marge de manœuvre. On s’est saigné jusque-là. On en fait des efforts. On a tout mis sur la table», insiste-t-il
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«Je ne démissionnerai pas»
Daniel McMahon insiste: il ne compte pas donner sa démission, en dépit des levées de bouclier à son endroit depuis le début du lock-out et de la pétition signée par plus d’une centaine de professeurs qui réclament sa démission.
«Je ne démissionnerai pas, martèle-t-il. Il n’est pas question de démission parce qu’il y a de la désinformation sur la place publique. Si Québec me demande de démissionner, je vais refuser. Le conseil des ministres peut décider de mon sort. S’il y a une loi spéciale, on va s’y plier, mais qu’ils prennent une décision en fonction de la situation réelle de l’université.»
La ministre à l’UQTR mardi matin
Sur sa page Facebook, la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, a annoncé qu’elle sera présente à l’UQTR mardi matin.
«Après de nombreux essais infructueux visant à trouver une issue pour assurer une meilleure sérénité dans les négociations, et ce jusqu’en toute fin d’après-midi aujourd’hui, je me vois donc dans l’obligation d’informer ceux et celles qui ont décrété ce lock-out qu’ils ne peuvent plus compter sur ma confiance. Dans ces circonstances, je serai à l’UQTR demain matin», écrit-elle.
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À la direction d’assumer les conséquences, lance le syndicat
Le comité exécutif du syndicat a décrété que les délégués et les professeurs n’étaient pas responsables du lock-out et que c’est à la direction de l’UQTR d’en assumer les conséquences.
Du même coup, la proposition de prolongée d’une année la convention collective actuelle tout en respectant les paramètres financiers de la proposition patronale a été rejetée.
Les délégués syndicaux ont plutôt proposé de poursuivre la négociation avec le médiateur et de demander la fin immédiate du lock-out.
En fin de soirée, la direction de l’UQTR maintenait toujours le lock-out.