Une lettre envoyée à la Chambre des communes à Ottawa

PYRRHOTITE. La Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP) a envoyé une lettre adressée à tous les députés et ministres de la Chambre des Communes à Ottawa dans le but de les sensibiliser au problème de la pyrrhotite dans la région.

Voici le contenu de cette lettre signée par Yvon Boivin, président et porte-parole de la CAVP.

 

«Bonjour,

La Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP) s’adresse à vous en tant que représentants du peuple afin de vous sensibiliser au désastre majeur qui frappe présentement au-delà de 2000 familles canadiennes et qui a fait à ce jour plus d’un milliard de dollars en dommage. Il s’agit du désastre de la pyrrhotite en Mauricie, une région du Québec qui se situe entre Montréal et la Capitale nationale.

La pyrrhotite est un minerai dans les granulats que l’on peut retrouver partout au Canada. Lorsqu’il est ajouté au béton, il devient très réactif en présence d’air et d’humidité. En gonflant, il fait éclater le béton comme si un tremblement de terre faisait son oeuvre de dévastation au quotidien. Les fondations sont dévastées par des fissures qui se multiplient et s’agrandissent de jour en jour, laissant infiltrer l’eau et mettant en péril la sécurité et la santé des occupants.

Le coût moyen de réparation d’une résidence est évalué à 182 000 $ alors que les résidences sont généralement pleinement hypothéquées. Les maisons perdent toute leur valeur de revente tant que les travaux ne sont pas réalisés. Dans la majorité des cas, les propriétaires n’ont pas la capacité financière pour faire face à une telle situation cauchemardesque. Ces citoyens canadiens deviennent alors prisonniers de leur propre résidence.

La crise de la pyrrhotite est la cause directe de nombreux drames humains et financiers. Des victimes se sont suicidées, des couples se séparent, certains font faillite, d’autres vendent leurs résidences à perte n’étant plus capables d’y demeurer. L’absentéisme au travail se multiplie, des personnes vivent de graves périodes de dépression. Des enfants sont marqués par les bruits lorsque la pierre explose à tout moment de la journée. Certains développent des troubles psychologiques préoccupants.

Des recours ont été engagés par les victimes et un premier jugement favorable leur a été rendu. Toutefois, les procédures judiciaires en appel font en sorte que les victimes doivent reporter l’exécution des réparations pendant que leurs problèmes continuent de s’aggraver, risquant de détruire le principal investissement de leur vie, et cela, tant que les décisions judiciaires finales ne seront pas entièrement connues.

En attente d’un règlement final, les victimes n’ont d’autre choix que de s’adresser à leurs gouvernements afin de les soutenir financièrement dans cette difficile épreuve pour laquelle ils n’ont aucune responsabilité.

Nous demandons simplement qu’un programme d’aide d’urgence fédéral-provincial soit mis en place dans les plus brefs délais afin de permettre aux familles touchées de faire réparer le plus rapidement possible leurs résidences. L’aide demandée est en fait une avance gouvernementale qui sera remboursée en tout ou en partie au terme des procédures judiciaires et en fonction des montants de poursuites qui seront alors versés aux victimes.

Malgré de nombreux appels à l’aide, le gouvernement fédéral s’entête à refuser de nous offrir un soutien financier sous le prétexte qu’il s’agit d’une compétence provinciale. Pourtant dans le passé, le gouvernement fédéral est venu en aide à des milliers de victimes de la pyrite de la région de Montréal, un agrégat de même nature que la pyrrhotite. Le gouvernement fédéral est prêt à avancer des dizaines de millions de dollars pour repeindre le pont de Québec alors qu’il refuse d’offrir son soutien à des citoyens canadiens dans le besoin et la détresse. Quand l’esthétique d’un pont prend une place plus importante que l’empathie et l’entraide, il y a des questions à se poser, mais surtout des actions à réaliser par tous les élu(e)s de la Chambre des communes pour faire en sorte que l’aide d’urgence soit débloquée dans les plus brefs délais pour ces citoyens canadiens durement éprouvés par ce désastre.

Par surcroit, le gouvernement fédéral s’enrichit directement sur le dos des victimes en récupérant les taxes qui sont versées lors des travaux de réparation des résidences touchées. Il est insensé voir immoral que le gouvernement profite de la situation et refuse de venir en aide aux victimes.

Afin de vous démontrer l’ampleur du désastre, nous joignons à cette lettre un lien Internet qui vous donne accès à une vidéo-reportage en français et en anglais. Nous vous invitons à la consulter et à démontrer votre appui et votre solidarité en portant le carré gris, symbole d’espoir pour les victimes.

Nous vous demandons par ailleurs de vous adresser chacune et chacun à la Chambre des communes pour demander au gouvernement fédéral de réviser sa position et de contribuer avec le gouvernement du Québec à la mise en place d’un programme d’aide d’urgence pour les victimes de la pyrrhotite.

La compassion, l’entraide et le soutien de citoyens dans le besoin sont des valeurs qui ont marqué l’histoire du Canada. Ce serait une grave erreur historique de renier de telles valeurs en maintenant la position actuelle du gouvernement. Un geste d’appui à notre cause s’avère en plus une belle occasion pour démontrer la solidarité canadienne qui nous unit d’un océan à l’autre dans notre pays.

La CAVP est un organisme sans but lucratif dirigé par des bénévoles victimes dont le but est de venir en aide aux familles touchées. Nous sommes disponibles à collaborer avec les représentants du gouvernement pour la production de l’information nécessaire à l’analyse d’une telle demande d’aide.

Nous comptons sur votre appui sans réserve et à votre soutien pour notre cause humanitaire.»