Une histoire de hasard, de famille et de détermination
Les coeurs étaient à la fête jeudi à la Boulangerie Guay. Les propriétaires, la famille et les amis étaient réunis pour inaugurer l’endroit fraîchement rénové. Pour Marlène et Francis Tremblay, c’était aussi l’occasion de souligner leur 10e anniversaire à la tête de l’entreprise.
« La Boulangerie Guay, j’en suis devenue copropriétaire par pur hasard, raconte Marlène. J’avais mon service de garde à la maison. Pendant toutes ces années-là, je me disais qu’un jour j’allais avoir ma binerie. »
Elle rêvait d’un endroit familial où les gens se rassemblent. Puis, en 2005, au lendemain de l’incendie qui a ravagé la Boulangerie Guay, un des parents de son service de garde lui fait une proposition.
« Je connaissais l’endroit comme tout le monde, ni plus ni moins, relate Marlène. Lui était promoteur avec son beau-père et pensait que les propriétaires ne rebâtiraient pas. Il voulait l’acheter et m’a proposé de l’opérer. »
Une semaine plus tard, elle avait rendez-vous avec François et Jeannine Guay. « Ils étaient dans toutes leurs émotions, se souvient Marlène. On a parlé un bon moment et au bout de deux heures, j’ai dit à Mme Guay qu’elle et son mari n’allaient pas vendre leur boulangerie, que leur histoire n’était pas terminée. »
Le mardi suivant, le couple annonçait la reconstruction du commerce. De son côté, Marlène a continué à gérer sa garderie, mais elle a commencé à rechercher activement une entreprise à son image.
« En 2011, six ans plus tard, je viens à la boulangerie me chercher une soupe. Mme Guay arrive et me demande si j’ai trouvé mon commerce. Elle m’annonce qu’ils veulent vendre et que cette fois, je ne les convaincrai pas du contraire », dit Marlène en riant.
« Le lundi suivant, je commençais mes démarches avec le Centre de transfert d’entreprise, ajoute cette dernière. Au départ, je me lançais dans cette aventure avec une amie. Mais en cours de route, elle sentait que ce n’était pas sa place. Pas grave, j’ai continué seule. Puis, un soir, je suis venue ici avec mes parents, mon frère et ma belle-soeur. On s’est mis à jaser et, un moment donné, j’ai vu mon frère dans la cuisine avec M. Guay. J’ai eu une vision. C’était lui. C’était mon frère qui allait faire ça avec moi. »
L’appel qui a tout changé
Le lendemain matin, Marlène a téléphoné à la femme de son frère. À l’époque, Francis travaillait pour la famille Cassar au centre-ville depuis plusieurs années. « J’ai dit à ma belle-soeur que j’avais eu une vision la veille. Elle m’a répondu que mon frère l’avait eue, lui aussi. Elle m’a dit qu’il attendait juste mon téléphone, qu’il n’osait pas me le demander », se rappelle Marlène.
Et c’est ainsi que le 12 avril 2012, ils ont pris la relève de la Boulangerie Guay. D’ailleurs, ils travaillent encore avec Jacinthe, la fille des anciens propriétaires. « Ce commerce, c’est ma fierté. Et c’est aussi ma fierté de continuer l’oeuvre de M. et Mme Guay », confie Marlène.
Rappelons que c’est en 1919 que le premier Guay a acheté la boulangerie. Quant à François et Jeannine Guay, ils ont pris le relais en 1981. Présente lors des célébrations jeudi, Mme Guay a félicité Marlène et Francis pour les rénovations qui ont été faites. « Je pense que François serait content de voir ça aujourd’hui. Il serait fier », a-t-elle lancé.