Une demande d’analyse de la gouvernance de Trois-Rivières divise le Conseil

Durant la séance du conseil municipal de mardi soir, la conseillère Pascale Albernhe-Lahaie a demandé à ses collègues d’appuyer sa demande de diagnostic de la gouvernance de la Ville de Trois-Rivières par l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).

« Je pense que c’est honnête envers nous-mêmes, envers vous, de reconnaître que le conseil de Trois-Rivières vit certaines difficultés, note Pascale Albernhe-Lahaie, conseillère du district des Rivières. Le maire est en arrêt de travail. Je constate que les mêmes difficultés se rejouent depuis des années, conseil après conseil, à la Ville de Trois-Rivières. (…) Mon souhait est d’envoyer un message clair à la population: nous reconnaissons les lacunes de notre gouvernance et nous voulons l’améliorer. »

La résolution proposait notamment de dresser un portrait des pratiques de gouvernance de la Ville et de réfléchir à sa gouvernance au niveau du Conseil et des comités, aux interactions entre les élus municipaux et les cadres supérieures, ainsi qu’à l’accès aux documents que les élus jugent nécessaires ou utiles pour prendre une décision. La conseillère souhaitait que l’IGOPP puisse ensuite « formuler toutes les recommandations qu’il jugera pertinentes quant aux pratiques de gouvernance à adopter pour être à l’avant-garde dans ce domaine ».

Avec cette demande de diagnostic organisationnel, Mme Albernhe-Lahaie soutient que ce projet est « circonscrit à un mandat d’accompagnement » et que « l’essence de cette résolution porte un message respectueux, positif et rassembleur » allant « au-delà de la question politique ou de la partisanerie ».

Le projet de résolution de la conseillère du district des Rivières a trouvé des échos favorables auprès de la moitié du conseil de ville. « C’est un diagnostic. Aucune révolution ne se fera, mais ça peut être intéressant d’être guidé par cet institut, soumet Pierre-Luc Fortin, conseiller du district des Estacades. Il y a aussi le message que nous a envoyé la population. Demander ce diagnostic est une bonne façon de régler nos affaires. »

« Il faut regarder les relations entre la direction générale et les élus et les relations entre les directeurs et les élus et vice versa. L’IGOPP nous donnerait des façons de faire. On aurait enfin une bonne recette pour aller de l’avant, car personne ne peut faire la job à 100% dans le contexte actuel », renchérit le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle.

« C’est un précédent qui pourrait être dangereux »

Si la résolution est allée chercher l’approbation de la moitié du conseil municipal, les sept autres conseillers ont préféré s’opposer, principalement en raison de l’absence du maire Jean Lamarche.

« Le projet de résolution est rentré par courriel vendredi après-midi. J’ai été choqué que ça se fasse de cette façon quand le personnel est sur le bord de quitter. J’ai trouvé ça disgracieux de faire un projet de résolution de la sorte en l’absence du maire. Ce n’est pas la façon de faire, surtout que Mme Albernhe-Lahaie a outrepassé la Direction des affaires juridiques chez nous », déplore Daniel Cournoyer, maire suppléant de la Ville de Trois-Rivières.

« On n’est plus capable de la micro-gestion, s’exclame Alain Lafontaine, conseiller du district des Forges. On ne donne même pas la chance de faire passer la résolution par la greffe. Là, on bloque le système et il y a des gens écœurés qui retournent chez eux. »

Le directeur général de la Ville a, quant à lui, voulu apporter un bémol à la résolution. François Vaillancourt a exhorté les élus à la prudence en ciblant au préalable une entreprise pour effectuer ladite analyse.

« En ciblant une entreprise, vous venez à l’encontre du règlement de gestion contractuelle. On a déjà un contrat avec l’IGOPP. On ne peut pas le subdiviser. Dans le cas présent, vous êtes mieux de nous laisser faire notre boulot et aller chercher une entreprise, affirme-t-il. Avec la Loi des cités et villes, il y a des obligations que le conseil doit, en toute sagesse, respecter. Dans le cas présent, c’est un précédent qui pourrait être dangereux et qui vient contrevenir au règlement interne. »

La conseillère Albernhe-Lahaie a ensuite émis l’option de retirer la mention de l’IGOPP de la résolution. Cependant, cela ne fut pas suffisant pour faire adopter sa résolution. Devant l’égalité des votes, le projet de résolution a été rejeté par le conseil municipal.