Une coalition citoyenne pour protéger l’environnement
Une coalition de citoyens trifluviens et d’experts environnementaux a été créée récemment dans le but de veiller à ce que les décisions municipales ne soient pas néfastes pour l’environnement. Cette coalition s’est formée en réaction au projet d’agrandissement au parc industriel Carrefour 40-55, au nord-ouest de Trois-Rivières.
Les citoyens de la coalition Terre précieuse veulent sensibiliser le nouveau conseil municipal à l’importance de préserver le milieu humide qui se trouve à l’endroit envisagé pour l’agrandissement du parc industriel.
Mentionnons d’emblée qu’il n’est pas impossible que le nouveau conseil municipal n’aille pas de l’avant avec ce projet. Une proposition visant à commencer les travaux a été rejetée le 17 août dernier. C’est dans ce contexte que les membres de la coalition ont exprimé, vendredi matin en conférence de presse, leur inquiétude en lien avec ce projet.
« Nous sommes inquiets parce que l’agrandissement voudrait dire de détruire plus de 26 hectares de tourbière, de marécage et de marais, soit l’équivalent de 208 piscines olympiques, affirme Jacques Rousseau, citoyen trifluvien et avocat à la retraite. Ça mettrait en péril les écosystèmes environnants. »
Ce dernier prétend que pour détruire ce milieu humide, la Ville veut se prévaloir d’un certificat d’autorisation qui a été émis en 2014, en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement.
« C’est une loi qui date de 1972, précise M. Rousseau. Depuis, l’Assemblée nationale a modifié cette loi pour ajouter une section qui porte spécifiquement sur la protection des milieux humides. On y spécifie, notamment, d’éviter les pertes de milieux humides. »
Pour Emmanuelle Beaumier, géographe spécialisée en tourbière, ce projet ne fait pas de sens. « J’ai l’impression que l’histoire se répète, qu’on continue de détruire des milieux humides sans connaître leur importance, dit-elle. Ce sont des endroits précieux parce qu’ils sont riches en biodiversité. On y retrouve des espèces particulières, malheureusement menacées pour certaines. »
« Les milieux humides, c’est aussi important pour la gestion de l’eau en ville, renchérit-elle. Ils réduisent, par exemple, la fréquence des inondations urbaines comme celles qu’on connaît sur le boulevard des Récollets parce qu’ils retiennent l’eau. Les tourbières capturent le carbone dans l’air et le conservent pour des milliers d’années dans ses sols. Détruire les tourbières, c’est libérer des quantités importantes de carbone. »
Membre du groupe de recherche en éthique environnementale et animale, Charles Fontaine rappelle qu’il y a urgence d’agir pour l’environnement. « On connaît tous l’urgence et pendant ce temps-là, il y a ce genre de projet qui se profile en ville et on regarde la parade passer, déplore-t-il. Il y a une nouvelle loi depuis 2017 qui protège les milieux humides de façon plus substantielle, alors on se demande si le projet dans sa forme actuelle est vraiment conforme à la loi. On a la forte impression que non ou, du moins, qu’il reste des démonstrations à faire. C’est pas parce que c’est légal que c’est forcément moral ou éthique. »
C’est pourquoi la coalition Terre précieuse demande à la Ville d’éviter de détruire ce milieu humide. Elle lui demande également d’informer et de consulter les citoyens quant à ce projet et de fournir une étude sur les effets qu’aurait le projet sur l’environnement.
« Si toutefois la Ville décide d’aller de l’avant, on lui demande de se conformer à l’esprit de la loi actuelle, celle qui a été révisée, et de payer une compensation financière juste et suffisante en contrepartie de la destruction de ces milieux, conformément à la loi en vigueur depuis 2017 », conclut M. Rousseau.