Un spectacle qui célèbre la diversité et l’inclusion
Ce lundi 31 mars, la deuxième édition du spectacle Le spectre en lumière, organisé par une vingtaine de jeunes de 15 à 22 ans vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, une déficience physique ou intellectuelle, sera présenté à l’auditorium de l’Académie Les Estacades.
Des étudiants de différentes écoles secondaires, du Cégep et même des jeunes qui ont complété leurs études mettront leurs talents en commun afin de présenter une soirée à leur image, à la veille du début du mois de l’autisme.
« L’autisme est connu, oui et non, je pense qu’il y a encore beaucoup de préjugés, de tabous sur l’autisme dans la population, explique la coorganisatrice du spectacle, Julie Rainville-Chabot, éducatrice spécialisée aux programmes Déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique au CIUSSS MCQ. On désirait avec cet événement défaire ces préjugés-là, démontrer qu’une personne qui est sur le spectre de l’autisme peut très bien réaliser des projets créatifs. Le spectre de l’autisme, ce sont certains critères diagnostiques qu’on connaît. Mais après ça, chaque personne est différente. »
Ceux et celles qui présentent un numéro durant leur spectacle le font de leur propre initiative et ont choisi ce qu’ils avaient envie de livrer sur scène.
« C’est une belle façon de briser leur anxiété, ou du moins de la gérer, puis de la combattre. Ce qu’on remarque, c’est qu’ils vont travailler leurs habiletés sociales, leur anxiété, toutes des choses qu’on travaille avec eux dans nos services. L’autonomie, apprendre à faire un numéro de A à Z. On les accompagne, bien sûr, mais de gérer le temps, le stress en lien avec tout ça. Ce sont toutes des belles capacités qu’ils développent grâce à ce projet-là. Leurs familles, leurs amis viennent les voir, sont fiers d’eux. Ça fait un renforcement pour vrai. Au niveau de l’estime de soi, qui est fragile chez nos ados, que ce soit TSA ou neurotypique, on remarque un bel impact. »
Ils n’affrontent pas le trac de la même façon.
« Certains sont anxieux, mais ils le font quand même, puis ils sont tellement fiers d’eux, c’est ça qu’on trouve beau. Il y a quelque chose de chouette avec l’autisme. Le jugement des autres, ils en ont moins conscience. Il y a un stress, mais des fois, il est différent de nous. C’est plus: est-ce que je vais être capable de bien faire mon numéro? Moins: qu’est-ce que les gens vont en penser? C’est un trac qui est différent. Mais on les encourage. Ils se pratiquent beaucoup et ils se sentent plus prêts à monter sur scène. »
Léa Arseneault-Perreault livrera un témoignage sur sa réalité en tant que jeune femme autiste.
« Je vais parler de mon histoire, mon parcours de vie avec mon autisme. Montrer aux gens qu’on peut y arriver, que ce n’est pas parce que tu as un trouble du spectre de l’autisme que tu n’arrives à rien dans la vie. Je vais axer sur le côté social, sur comment j’étais avant mon diagnostic, pendant que j’étais enfant, quand on ne savait pas que j’étais autiste, puis par après l’école, comment ça s’est passé. »
Elle fait partie de ceux et celles que le trac ne semble pas affecter.
« Je n’ai aucun stress avec ça. Au contraire, j’ai hâte. Je ne sais pas à quoi ça ressemble intérieurement parce que je ne l’ai jamais vécu, mais ça doit être stressant. »
En revanche, une des animatrices de la soirée, Florence Turbis ressent un peu plus la nervosité reliée à sa performance sur scène. Heureusement, les répétitions des dernières semaines lui font du bien.
« Elles me rassurent un peu, mais je suis quand même stressée. Je suis très timide et très gênée. Je le fais pour me mettre au défi, je dirais. J’ai un trouble anxieux, ça fait que me mettre sur scène devant un public, savoir ce que le monde pense, ce que le monde dit dans leur tête, comment ils me trouvent, tout ça, ça me stresse un peu. »
Plusieurs monteront seuls sur scène, mais quelques-uns se sont regroupés en duos.
« Les talents sont variés, les numéros sont variés, précise Mme Rainville-Chabot. On a autant des témoignages, de la poésie, du beatbox, du chant, du piano. Il y en a pour tous les goûts. On aime ça montrer toutes les couleurs de l’autisme. »
Le spectacle débute à 18 h, mais les spectateurs sont invités à arriver plus tôt pour admirer l’exposition d’oeuvres d’art et déguster une des pâtisseries concoctées par les jeunes.
« Des pâtisseries vont être vendues, faites par nos jeunes lors d’une journée de cuisine. On favorise leur autonomie, on leur montre comment faire à manger. Puis il va y avoir une exposition d’arts visuels de tous les genres, avec leur touche. »
Les billets sont en vente au coût de 7 $ et les profits sont versés à la Fondation La canopée, qui a recueilli 1500 $ l’an dernier grâce à l’événement Le spectre en lumière.
« Il y a un moitié-moitié, il y a des dons. On se dit qu’il va y avoir un engouement supplémentaire, vu que la première édition a vraiment épaté les gens. On ne s’attendait pas à ce que les gens aient autant de bons commentaires. On espère augmenter notre objectif, sinon, notre objectif principal, c’est que les jeunes soient fiers d’eux et que les gens comprennent que ce n’est pas un diagnostic qui freine nos beaux adolescents, nos beaux jeunes adultes. Pour nous, c’est ça le succès de l’événement aussi. »