Un prof de l’UQTR récipiendaire d’une haute distinction en science
Professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Patrice Mangin recevra ce soir (10 novembre), le prix Lionel-Boulet en recherche et développement dans le domaine industriel. Ce prix est la plus haute distinction décernée par le gouvernement du Québec en science. Il souligne la carrière remarquable de M. Mangin, qui contribue à l’essor de son domaine d’activité, repousse les limites de la connaissance et participe au rayonnement du Québec à l’échelle internationale.
Expert dans la résolution des problèmes d’impression, M. Mangin est le fondateur et directeur général de Bioénergie La Tuque. À l’UQTR, il dirige l’Institut d’innovations en écomatériaux, écoproduits et écoénergies (I2E3) à base de biomasse.
Il est également titulaire de la Chaire de recherche sur la bioéconomie/bioénergie régionale et conseiller scientifique pour l’entreprise H2V Énergies, qui vise à implanter à Bécancour la première usine canadienne d’hydrogène à base de biomasse.
En 1995, il est devenu titulaire de la Chaire industrielle de recherche de l’Institut royal de technologie de Stockholm, en Suède. En 1997, le Centre technique du papier de Grenoble lui a confié son redressement.
De 2005 à 2008, il a été titulaire de la Chaire de recherche Québecor en impression et en communication graphique. Il a également occupé le poste de directeur général du Centre intégré en pâtes et papiers (CIPP) jusqu’en 2012.
M. Mangin a contribué à l’évolution des technologies du papier, notamment dans le domaine des papiers bioactifs et des papiers à base de filaments de nanocellulose. Il a aussi participé au développement des technologies de transformation de la biomasse forestière au Québec. Il est auteur ou coauteur de 340 publications et présentations et a organisé de très nombreux séminaires industriels.
Un prix significatif
Ceux qui le connaissent savent que M. Mangin est verbomoteur. Et pourtant, quand on lui a annoncé qu’il avait gagné le prix Lionel-Boulet, il est resté bouche bée. « Quand on m’a appelé, au début je pensais que je faisais partie des finalistes. Et quand j’ai réalisé que c’était bien moi le gagnant, je suis resté une minute sans rien dire, ce qui est extraordinaire pour moi qui parle beaucoup », raconte-t-il en riant.
Pour lui, ce prix a une valeur bien spéciale. Il est en quelque sorte le symbole de son histoire d’amour avec le Québec. « J’étais vraiment touché, comme rarement je l’ai été, confie-t-il. Je suis arrivé au Québec à la mi-septembre 1976. Après mon service militaire, j’ai travaillé pendant un mois pour me payer un billet aller simple. Pas de billet de retour. J’étais décidé à aller au Québec. J’avais visité le Québec un an avant et j’étais tombé en amour avec l’endroit. »
« J’avais le contact d’un professeur de l’UQTR, Jacques Valade, poursuit ce dernier. À l’époque, il n’y avait pas Internet. Je l’avais contacté, mais il ne me répondait pas. Tant pis, je suis parti quand même. Je suis arrivé à Montréal avec deux valises et 14 dollars en poche. Et maintenant, 45 ans plus tard, le gouvernement du Québec, mon pays d’adoption, me donne la plus haute récompense pour la recherche industrielle. C’est une émotion très forte que j’ai ressentie le jour où on m’a annoncé que j’avais gagné ce prix. »
Porté par la passion
À 69 ans, M. Mangin est toujours aussi passionné et ambitieux. « Si on n’a pas de passion, on ne fait rien, dit-il. J’ai toujours aimé être le premier à faire quelque chose. C’est ce qui me motive. Quand je suis venu à l’UQTR en 1976, c’était pour construire le CIPP. C’est moi qui ai géré toute la construction du CIPP. C’est une satisfaction personnelle de faire quelque chose pour contribuer à la société. »
Une fois ce projet terminé, il a eu envie de faire quelque chose avec la biomasse forestière inutilisée. C’est de là qu’est parti le projet Bioénergie La Tuque (BELT). « Quand j’ai commencé ce projet, plein de gens me disaient que ce n’était pas réaliste, raconte-t-il. Mais moi, j’y croyais et je savais que ça marcherait. Et c’est ce qui arrive. Je suis un passionné et je crois en la recherche. Tout ça est basé sur la recherche. »
Il s’agit d’ailleurs du projet dont il est le plus fier parmi tous ceux menés en carrière.
« Ça m’a donné l’occasion de travailler avec les Attikameks. Le Grand Chef Constant Awashish est devenu un ami, précise-t-il. La première fois que je l’ai rencontré, je ne connaissais rien des Attikameks, mais j’étais prêt à tout apprendre. Je suis fier parce que ça m’a permis de connaître des gens à La Tuque, des gens au gouvernement et ça m’a permis d’utiliser de la science et des technologies pour faire quelque chose qui va contribuer à réduire l’impact des changements climatiques. »
Dans quelques semaines, à la fin décembre, M. Mangin prendra sa retraite de l’enseignement. Non pas parce qu’il n’a plus la passion ni l’énergie, mais bien parce qu’il manque de temps pour mener de front tous ses projets.
« J’ai toujours aimé l’UQTR. Je suis arrivé ici 1976 et j’y ai travaillé grâce au professeur Jacques Valade qui m’a donné ma chance. Il a cru en moi. Je lui dois beaucoup. L’UQTR, c’est une belle université que j’ai à coeur. Dans ma carrière, j’ai eu de la chance de faire tous ces projets et de travailler auprès de tous ces gens. Et en plus, on me donne un prix pour ça! », conclut-il.