Un premier « frigo » libre-service bientôt à Trois-Rivières

TROIS-RIVIÈRES. Un frigidaire pas comme les autres pourrait bientôt faire son apparition en plein cœur du centre-ville de Trois-Rivières. Le projet, initié par des résidents du coin, vise à détourner les aliments comestibles voués à un destin fatal : la poubelle. 

Le tiers des aliments produits sur la planète sont gaspillés. Au Canada, on jette littéralement aux ordures 31 milliards de $ chaque année. Pour lutter contre ce fléau, l’initiative citoyenne Demain, ma Trifluvie s’est réunie pour ficeler un projet de partage alimentaire dans la Capitale régionale.

Le regroupement s’est inspiré d’un concept né à Berlin, en Allemagne, il y a près de quatre ans. Depuis, cela a fait boule de neige ! les frigidaires communautaires poussent un peu partout dans les grandes villes près de chez nous comme Montréal, Saguenay et Sherbrooke.

Le principe est simple : les résidents seront invités à partager et à prendre des aliments voués à l’oubli dans ces frigidaires de la deuxième chance. Ils sont ouverts 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Il s’agit en quelque sorte d’une banque alimentaire, mais à plus petite échelle.

Déjà séduite par l’idée, la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) de Trois-Rivières n’a pas hésité à s’impliquer dans le projet. « Depuis qu’un premier frigo libre-service s’est concrétisé à Sherbrooke, on était très emballé à l’idée d’amener ça chez nous. Lorsqu’on a appris qu’un comité de jeunes engagés avait le même rêve, on n’a pas hésité. Les astres sont alignés », a lancé la directrice générale de la CDEC de Trois-Rivières, Geneviève Boivin.

Récemment, une délégation de l’organisme s’est d’ailleurs rendue en sol sherbrookois pour constater le succès de l’initiative Free Go, des réfrigérateurs destinés au troc « de bouffe », lancée par sa consœur, la CDEC de Sherbrooke.   

Mais pour l’heure, le projet à Trois-Rivières en est encore aux premiers balbutiements. Cet été ? Cet automne ? Ou plutôt à l’hiver ? Le comité préfère ne pas s’avancer sur un échéancier quelconque.

« Si on se contentait de faire quelque chose de simple, on pourrait commencer dès cet été. On préfère toutefois prendre notre temps et s’assurer que tout soit bien ficelé afin de mettre sur pied un projet qui dure dans le temps. Notre souhaite est que le frigidaire soit accessible à l’année », a déclaré Mme Boivin.

Un projet à coût zéro ?

À Sherbrooke, un seul frigidaire libre-service peut réunir à lui seul près de 70 partenaires et bénévoles. Ils s’assurent que le frigo soit toujours plein et que les produits offerts sont comestibles.  

Cela permet à la CDEC de Sherbrooke de maintenir le projet sans débourser le moindre sou, a souligné Geneviève Boivin. Cette dernière espère elle aussi parvenir à présenter un projet à « coût zéro ».

C’est pourquoi la Corporation de Trois-Rivières recherche actuellement des acteurs prêts à se joindre à l’aventure pour donner vie à ce projet. Par exemple, des citoyens prêts à s’occuper de l’entretien, des restaurateurs et des producteurs locaux désirant disposer de leurs surplus ou encore des jardiniers amateurs.

Motivé par son désir de s’impliquer au sein de sa communauté, le designer industriel Nicholas Joyal de la firme Joyal Design n’a pas hésité à offrir ses services pour donner vie aux projets du regroupement Demain, ma Trifluvie. C’est d’ailleurs lui qui a imaginé le concept qui se veut social, solidaire et durable du futur frigidaire communautaire au centre-ville de Trois-Rivières.

« Les matériaux utilisés sont récupérés. L’abri autour du frigo comporte également un bac pour la culture urbaine de légumes. Une fois qu’ils seront prêts, il suffira de les mettre au frais », a expliqué le designer qui s’est donné pour mission de conscientiser la population au développement durable. 

Tel un frigo ouvert dans la nuit pour un appétit tardif, un éclairage au D.E.L. est prévu dans l’entre-plafond pour rappeler qu’on peut se servir à notre guise, a-t-il ajouté.

Le premier frigidaire communautaire à Trois-Rivières sera installé dans un endroit stratégique du centre-ville. Celui-ci n’a pas encore été ciblé par le comité. Un deuxième pourrait ensuite voir le jour dans le secteur Cap-de-la-Madeleine.

 « À moyen terme, c’est certain qu’on aimerait en avoir plusieurs », a révélé la directrice générale de la CDEC de Trois-Rivières.

Vous êtes réticents ?

Remplir ces frigos du partage n’est pas trop compliqué. Le réel défi demeure de voir si le contenu trouvera preneur. En effet, plusieurs citoyens peuvent être réticents à l’idée de s’y servir. Pour vous rassurer, une brigade est chargée de vérifier que les produits offerts sont propres à la consommation.

Avant d’être accessible à tous, un frigidaire communautaire doit aussi respecter les normes du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).

À noter que les citoyens pourront uniquement y déposer des fruits et légumes. « Les restaurateurs et les producteurs auront plus de liberté puisqu’ils sont déjà certifiés par le MAPAQ », a indiqué Geneviève Boivin. Elle ajoute qu’aucun événement en lien avec des produits périmés ou encore des actes de vandalisme n’a été répertorié à Sherbrooke. Pas d’inquiétude, donc !