Un petit robot qui accomplit de grandes choses

SANTÉ. Un nouveau compagnon vient de faire son entrée au sein de l’équipe spécialisée en autisme du Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ): le robot NAO.

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Acquis il y a quelques semaines à peine par la Fondation InterVal, avec l’appui d’Opération Enfant Soleil et Desjardins, ce petit être mécanique d’à peine deux pieds de haut séduit déjà par ses finesses. Au cours du mois d’octobre, il sera mis au service des enfants autistes ou présentant un trouble de la communication. Il leur servira à la fois de «thérapeute», d’ami et de confident.

Il s’agit de la pièce maîtresse de la toute nouvelle salle d’évaluation, d’intervention et de stimulation pour la clientèle en déficience physique, trouble du spectre de l’autisme et déficience intellectuelle pour les 0 à 7 ans. Il a été présenté officiellement aux participants du tournoi de golf annuel de la Fondation InterVal, au début de septembre.

«Le CIUSSS nous avait manifesté son désir d’en acquérir un. Grâce aux fonds recueillis, nous avons pu lui offrir», mentionne Julie Gagnon, de la Fondation. Acquis pour une somme de 15 000$, le robot promet d’être d’une aide précieuse. «Parfois, les jeunes peuvent être intimidés par les intervenants, mais le robot viendra changer la dynamique puisqu’à leurs yeux, il s’agira d’un gros jouet», croit Mme Gagnon.

 

Il réagit au toucher

Or, NAO est beaucoup plus qu’un jouet. Il est utilisé depuis quelques années un peu partout dans le monde comme outil d’intervention auprès d’enfants. Il fait d’ailleurs l’objet d’études à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), qui en détient un depuis 2014.

La doctorante Marie-Eve Dupont fait partie de l’équipe qui s’intéresse à ce robot. Elle explique que NAO est actuellement utilisé en expérimentation pratique dans des centres de réadaptation et dans des classes adaptées partenaires. «Le robot NAO demeure un outil d’intervention au même titre que le papier ou la tablette, indique-t-elle d’entrée de jeu. Toutefois, c’est quelque chose de plus accrocheur.»

En effet, par son physique, le robot NAO a cet avantage indéniable de piquer la curiosité des enfants, ce qui facilite le premier contact. Il est en mesure d’interagir avec eux, tant en gestes qu’en paroles. Par exemple, il peut répondre à des questions, danser, s’asseoir et se coucher. Étant doté de capteurs, il peut aussi réagir au toucher. Bref, de par sa conception, il a tout pour susciter de l’intérêt chez l’enfant, qui peut même en venir à développer une réelle complicité avec lui, l’incitant à communiquer davantage. C’est ce qui le rend si intéressant aux yeux des intervenants.

 «C’est une technologie qui commence à peine à être utilisée sur la scène internationale. On en est aux premiers balbutiements mais déjà, on voit un immense potentiel auprès des enfants autistes et présentant des troubles de la communication», rappelle Éric Bellefeuille, chef des services spécifiques et spécialisés (déficience intellectuelle 0-7 ans et déficience physique 0-21 ans) au CIUSSS.

Des propos corroborés par la chercheuse Marie-Eve Dupont: «Les intervenants à qui on a parlé ont remarqué qu’il y avait une meilleure collaboration des enfants. Ceux-ci perçoivent le robot comme un intervenant «le fun» et sont donc plus motivés à réaliser l’activité. Des enfants qui étaient plus en retrait, ou qui avaient plus de difficulté à créer des liens avec leur intervenant, s’ouvrent aussi un peu plus.»

 

Des résultats à démontrer

Le hic, affirment M. Bellefeuille et Mme Dupont, c’est qu’il y a encore très peu de données prouvant l’efficacité du produit. «Rien, dans la littérature, ne prouve encore que ça fonctionne vraiment, précise la chercheuse. Mais jusqu’à présent, les avis de nos partenaires sont positifs.»

C’est d’ailleurs ces avis qui ont convaincu le CIUSSS MCQ d’embarquer dans l’aventure. «Il y a deux ans environ, en procédant au recensement d’études portant sur les technologies et les modes d’intervention, nous avons eu un coup de cœur pour le robot NAO. Nos recherches tendaient à démontrer que c’était un moyen d’intervention intéressant, alors on a décidé d’aller de l’avant et d’en tester nous aussi les possibilités», raconte Éric Bellefeuille.

Il ajoute que tout au long de son expérimentation, l’équipe du CIUSSS MCQ travaillera étroitement avec celle de l’UQTR. Elle envisage également collaborer avec d’autres équipes qui ont commencé à mettre NAO en intervention à l’extérieur du Québec, notamment à Toronto, en Belgique et aux États-Unis. «On veut être certain de bien documenter nos résultats. En même temps, c’est une façon pour nous de participer à l’avancement des recherches portant sur cette technologie tout en nous positionnant parmi les chefs de file en ce qui concerne l’utilisation du robot.»

Au départ, une équipe formée d’une psychoéducatrice et de quatre à huit éducateurs spécialisés aura le mandat d’implanter ce nouveau moyen d’intervention au CIUSSS. On estime qu’au cours des six premiers mois d’activité, entre 10 et 15 enfants bénéficieront de cette nouvelle approche. Selon M. Bellefeuille, ce nombre pourrait doubler d’ici un an.