Un pas vers la reconnaissance pour Louis-Georges-Dupont

Une résolution visant à ce que la Ville de Trois-Rivières reconnaisse que Louis-Georges Dupont fut un honorable policier qui a beaucoup lutté contre la corruption a été déposée par le conseiller du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, mardi soir, à la séance publique du conseil de ville, et entérinée dans la division.

La résolution demande également au comité de toponymie de considérer nommer une rue, un parc ou un lieu public en la mémoire du policier, ainsi que soumettre l’idée d’ajouter un objet de commémoration dans le nouveau quartier général de la police. 

« Ce n’est pas la première fois qu’on en parle. J’en retiens qu’on avait des craintes de s’immiscer dans des dossiers qui ne sont pas dans notre gouvernance municipale. C’est louable. Par contre, on a aussi l’indépendance pour se prononcer sur des décisions afin de faire part de nos points de vue et considérations. On ne se mêle pas de juger les décisions rendues en ce qui a trait au policier Louis-Georges Dupont. C’est de reconnaître que 55 ans après sa mort, il a eu un apport important et que c’est un grand Trifluvien. Je propose qu’on le reconnaisse de manière formelle », soutient Dany Carpentier, conseiller municipal du district de La-Vérendrye.

Le conseiller municipal du district de La-Vérendrye, Dany Carpentier, a proposé la résolution lors de la séance du conseil du 17 septembre. (Photo Marie-Eve Alarie)

Les élus du conseil municipal ont finalement adopté la résolution dans une majorité de huit contre cinq. Robert Dupont, fils du défunt policier, a applaudi le résultat.

Durant la plénière précédant la séance publique, le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, avait précisé avoir rencontré la famille en février en compagnie du chef de police. «On a pu aborder différents points. La famille vit une situation difficile sur laquelle on n’a pas mainmise. La famille semblait satisfaite de notre proposition», a-t-il indiqué.

Il avait été convenu de mentionner le combat de Louis-Georges Dupont dans le nouveau quartier général de la police de Trois-Rivières où on retrouvera une section qui retracera l’histoire de la police municipale, incluant la lutte contre la corruption au sein de la police.

Durant la séance publique, le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, s’est demandé si cette résolution était ce que la famille Dupont désirait réellement.

«Dany, tu as fait des modifications intéressantes, mais je me demande si c’est ce que le famille visait comme solution, commente-t-il. J’avais amené l’idée qu’éventuellement, la Ville demande au gouvernement de réviser la loi sur la police, car on est en 2024 et que les policiers, comme beaucoup de premiers intervenants, peuvent souffrir de chocs post-traumatiques. Dans l’affaire Dupont, ça a toujours joué entre le suicide ou l’assassinat. Ça fait une différence pour la veuve et les enfants, car quand tu meurs en service, il y a une compensation et une reconnaissance via le corps policier que tu n’as pas si la personne s’est enlevée la vie. Je pense que ça devrait être modifié.»

«La Ville de Trois-Rivières aurait pu aller plus loin que cette résolution. J’étais très sur les freins en après-midi quand Dany Carpentier nous l’a présentée. Avec les modifications, je pense qu’elle passe le cap, mais est-ce que ça répond totalement à la demande de la famille, c’est autre chose», complète M. Bélisle.

«On s’est senti piégé»

Les conseillers René Martin et Jonathan Bradley n’ont pas digéré pas la décision de leur confrère Dany Carpentier d’aller de l’avant avec le dépôt de sa motion en faisant fi d’un avis juridique des avocats de la Ville.

«On a été pris par surprise, déplore Jonathan Bradley, conseiller du district de Richelieu. On a une recommandation des avocats de la Ville de ne pas passer par-dessus le juridique. Il y a eu des rencontres entre le Cabinet du maire, le maire et la famille pour proposer des alternatives qui n’allaient pas à l’encontre de ce qu’a statué la commission d’enquête. On ne peut pas politiser ce qui est n’est pas politisable. On s’est senti piégé ce soir. C’est du capital politique.»

«Tout le monde voudrait trouver une façon de faire qui convienne à la famille et qui respecte notre avis juridique. Je n’ai pas aimé la façon dont ça a été fait ce soir, surtout que le maire a dû s’absenter pour une urgence avant la séance», ajoute René Martin en saluant l’intervention «qui s’élevait au-dessus de la mêlée» du conseiller François Bélisle durant la séance publique.