Un nouveau comité de toponymie à Trois-Rivières
AFFAIRES MUNICIPALES. Après plus de trois ans sans groupe de travail semblable, la Ville de Trois-Rivières aura de nouveau un comité de toponymie. Le conseil municipal a voté en faveur de sa création, lundi soir, afin de prévenir une autre controverse sur la place publique comme celle engendrée par les démarches pour « débaptisé » l’avenue des Draveurs.
L’initiative de cette résolution vient du conseiller municipal du district des Estacades, Pierre-Luc Fortin. Ce dernier a affirmé que sa démarche faisait suite à un « certain malaise » ressenti lorsque la décision de renommer l’avenue des Draveurs pour la rue Henri-Audet, en l’honneur du fondateur de l’entreprise Cogeco, a été prise.
On se souviendra que le conseil municipal avait entériné en grande pompe une résolution en ce sens, le 20 février dernier. Mais, après avoir essuyé de nombreuses critiques, la Ville de Trois-Rivières a annoncé qu’elle reculait seulement quelques jours plus tard. L’avenue menant à l’Amphithéâtre conservera ainsi son appellation historique.
Selon M. Fortin, une telle situation est survenue en raison d’un processus de toponymie inadéquat et dans lequel les élus n’ont que très peu de temps pour débattre. Les décisions sont parfois prises de façon précipitée, a-t-il déploré. « Ce sont des noms qui restent longtemps. Ils font partie intégrante de notre patrimoine collectif. Il est donc important de prendre le temps de bien faire les choses et d’encadrer davantage la pratique pour éviter des erreurs », a déclaré celui qui est lui-même enseignant d’histoire.
Au cours des dernières semaines, l’élu a investi de son temps libre dans l’élaboration d’une politique de toponymie inspirée des pratiques de la Commission de toponymie du Québec et de ce qui se fait ailleurs, notamment dans les villes de Longueuil et de Gatineau.
Ce manuel permettra au nouveau Comité de toponymie, sur lequel siège M. Fortin à titre de président, de mieux encadrer les suggestions toponymiques visant une artère, un édifice municipal, un monument ou encore un parc.
Ainsi, selon la Politique de dénomination toponymique mise en place, aucun nom d’entreprise ne pourra être utilisé pour désigner une voie publique ou un lieu public alors que l’attribution d’un nom à consonance commerciale ou pouvant servir de publicité sera désormais à éviter.
De plus, le nom proposé devra nécessairement « mettre en valeur l’identité trifluvienne ».
« Ça existait déjà », martèle le maire
De son côté, le maire Yves Lévesque a semblé irrité par la « nouvelle » résolution, qu’il affirme en fait n’en être pas une. À de nombreuses reprises, l’échevin a répété qu’un comité semblable avait déjà été mis sur pied après la fusion municipale, en 2002. «Donner le mérite à quelqu’un pour quelque chose de nouveau, je n’ai pas de difficulté avec ça. Toutefois, on ne réinvente rien, puisqu’un tel comité existait déjà », a martelé M. Lévesque.
Le comité municipal était cependant en « dormance » depuis 2015. Le conseil vient simplement de le « réactiver », a-t-il souligné, ajoutant au passage qu’une banque de 700 noms à honorer existait déjà et dans laquelle la Ville pigeait pour ses projets toponymiques.
Par ailleurs, ce comité devait reprendre du service sous peu, toujours d’après le maire Lévesque, puisqu’un travail colossal attend ces membres pour renommer les 350 parcs sur le territoire trifluvien.
À la suite des propos tenus par le maire, le conseiller municipal Pierre-Luc Fortin s’est dit attristé de voir son apport ainsi minimisé. « Je ne comprends pas pourquoi il agit ainsi. Qu’est-ce que cela lui donne de ne pas vouloir m’accorder le mérite d’avoir ramené ça », s’est-il questionné.
Au sujet d’une banque de recommandations, l’élu a d’ailleurs indiqué qu’il n’était pas au courant de son existence, puisqu’aucun de ces 700 noms n’a été utilisé. C’est notamment vrai pour le secteur du District 55.
« À la place, c’est le promoteur du développement qui a choisi l’appellation des rues. Ce n’est pas normal ! Il n’y a aucune règle qui a été respectée », a-t-il dénoncé. Une politique de toponymie claire permettra à l’avenir de mieux encadrer la pratique.