Un manque de main-d’œuvre criant dans la région

RESTAURATION. Restaurants contraints de sabrer leurs heures d’ouverture faute de suffisamment de personnel, succursales fermées pour l’hiver ou fermées tout court: la situation est critique dans les cuisines des restaurants de la région et du Québec. Et la pénurie de personnel risque d’empirer encore jusqu’en 2025, prédit Claude Gauthier, président de l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ).

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Ce sont 70% des restaurants du Québec qui sont aux prises avec des problèmes de recrutement et de rétention de la main-d’œuvre, d’après un sondage de l’ARQ. La Mauricie n’y échappe pas, aussi bien en ville que dans les municipalités plus éloignées.

«C’est une question de démographie, affirme M. Gauthier. Le groupe de jeunes qui entre sur le marché du travail est moins nombreux que les précédents. Jusqu’en 2025, la situation va aller en empirant. En 2025, on sera dans la cale, mais ça va commencer à remonter puisque le groupe qui entrera sur le marché du travail sera plus nombreux. La pénurie était déjà commencée depuis quelques années, mais là, tout le monde le ressent. C’est généralisé dans l’industrie de la restauration.»

«Cette pénurie d’employés est du jamais vu. Avant, quand l’été arrivait, on pouvait recevoir 50 CV pour le poste de plongeur. Aujourd’hui, rares sont ceux qui acceptent de faire de la plonge dans les cuisines. Tu as beau recruter du monde, ils ne restent que quelques jours et s’en vont», ajoute M. Gauthier, qui est également propriétaire du restaurant Le Castel, à Trois-Rivières.

Recruter à l’étranger

Certains restaurants ont même déjà entamé des démarches pour recruter des cuisiniers en France et au Mexique.

«Les procédures sont complexes, mais on est rendu là. Des restaurants plus éloignés dans la région font l’essentiel de leur recrutement à l’étranger. Je me dis: dans ce cas, pourquoi ne pas permettre aux réfugiés de l’immigration qui sont déjà ici de postuler sur des emplois en restauration? Ils ne voleront l’emploi de personne: on manque de main-d’œuvre», note M. Gauthier.

L’assouplissement des règles du programme des travailleurs temporaires est aussi dans les demandes formulées par l’Association des restaurateurs du Québec pour faciliter le recrutement de travailleurs à l’étranger.

Partager les pourboires

Le partage des pourboires entre les serveurs et les cuisiniers est aussi l’une des pistes de solutions étudiées.

«Il y a une inégalité au niveau du salaire si on compare les cuisiniers et les serveurs, essentiellement à cause du pourboire. À l’école hôtelière, ils forment de jeunes cuisiniers qui restent deux ou trois ans sur le marché du travail avant de quitter la profession: c’est peu payant pour l’effort que ça demande. Un cuisinier qui gagne 16 ou 18$ de l’heure, c’est un excellent salaire», précise Claude Gauthier.

Il souligne toutefois que ça ne serait pas si simple d’augmenter le salaire horaire brut des cuisiniers, puisque cela aurait pour impact de faire grimper le prix des assiettes.

Une demande au ministre de l’Éducation

Un front commun composé de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec, de l’ARQ, des Hôteliers du Québec et de l’Alliance de l’industrie touristique du Québec ont fait parvenir une missive aux ministres Weil, Blais et Proulx, il y a quelques semaines, pour les sensibiliser au fait que le calendrier des cégeps est peu adapté à celui de l’industrie touristique.

«La principale main-d’œuvre temporaire en restauration et en hôtellerie, ce sont les étudiants du collégial. Le problème, c’est que les cégeps libèrent les étudiants avant la saison touristique et les rappellent au milieu de la saison touristique. En septembre, c’est encore fou pour le tourisme et en mai, les étudiants peinent à se trouver du travail, car la saison n’est pas encore commencée», soutient le président de l’ARQ.

Une autre piste de solution serait d’étaler les heures de travail sur 47 heures plutôt que 40 heures, ajoute-t-il. «Si on ne fait rien et qu’on laisse aller les choses telles qu’elles sont, ça aura des impacts dévastateurs sur l’industrie», conclut-il.