Transport maritime régulier vers la Côte-Nord: le Port prêt à passer à l’action

ÉCONOMIE. Le Port de Trois-Rivières a déjà des lignes de transport maritime bien implantées dans le Midwest américain. Le président-directeur général du Port, Gaétan Boivin, souhaiterait lancer prochainement des lignes de transport courte distance vers la Côte-Nord.

Avec la Stratégie maritime et le Plan Nord du gouvernement, cela permettrait aux manufacturiers de Trois-Rivières et de la région de soumissionner sur des projets du nord et de livrer et recevoir des produits chaque semaine par voie maritime.

«On a passé près de mettre ce projet en branle. Nous avons travaillé pendant deux ans avec un manufacturier de la Mauricie qui avait des quantités intéressantes qui nous auraient permis de créer ce lien-là, mais le marché a changé et le projet a été mis de côté. On avait presque tout fait. On était tout près d’annoncer un projet maritime courte distance hebdomadaire vers le nord du Québec», raconte Gaétan Boivin.

Il y a déjà beaucoup de transport maritime courte distance au Québec et même au Port de Trois-Rivières. Toutefois, actuellement, ces trajets sont possibles quand le receveur et l’envoyeur ont un volume suffisant pour remplir tout un navire.

C’est sur ce point que le projet du port trifluvien propose une alternative. «Ce qu’on essaie de faire, c’est de prendre de petites quantités, les prendre individuellement et les amener sur un navire. Au lieu de prendre la route pour Sept-Îles, les conteneurs ou les camions prendraient le navire à partir de Trois-Rivières», explique M. Boivin.

Un changement de mentalité

La grande partie de la route se ferait ainsi sur le fleuve.

«C’est un défi important, car ça implique un changement de mentalité pour tout le monde. Le camionneur ne serait plus un compétiteur, mais un client. Imaginez le changement de paradigme pour un port! L’idée, c’est que ces transports soient réguliers. C’est une belle façon d’utiliser notre fleuve», précise-t-il.

Le changement de mentalité dont parle M. Boivin, ce serait entre autres l’aspect du culte de la performance dans le transport, car oui, le transport par voies routières est plus rapide que le transport maritime.

«En même temps, on manque de chauffeurs. C’est difficile de conduire sur de longues distances et certaines routes de la Côte-Nord sont dangereuses, surtout en hiver. Les camions endommagent également les routes. Avec ce qu’on propose, un navire pourrait, par exemple, quitter Trois-Rivières le samedi matin et arriver à Sept-îles le lundi matin.»

«Les transporteurs locaux amèneraient ensuite le trafic à destination. On n’a pas perdu de temps et tout le monde serait chez lui durant la fin de semaine. Par ailleurs, ça entraînera une grande diminution des gaz à effet de serre», plaide le PDG du Port de Trois-Rivières en ajoutant que le transport d’objets surdimensionnés sur l’autoroute ajoute son lot de difficultés.

«On a tout ce qu’il faut pour avancer»

Gaétan Boivin estime qu’il faut, dès maintenant, mettre des projets pilotes en marche et que le Port de Trois-Rivières est prêt à se lancer dans l’aventure.

«Il faut arrêter de faire des études. Ça fait entre 25 et 30 ans qu’on en parle. Il faut passer à l’action, qu’on s’adapte et on est prêt. On a tellement appris à l’Administration portuaire qu’on est rendu des spécialistes du Canada dans le transport maritime courte distance. On étudie d’autres possibilités à ce moment-ci, mais c’est encore très préliminaire. On va être plus rapide, on sait comment s’y prendre et on a des partenaires fiables qui sont intéressés à travailler avec nous. Là, on a tout ce qu’il faut pour avancer là-dedans», conclut-il.