Taux de récidive plus élevé chez les exhibitionnistes

EXHIBITIONNISME. Le taux de récidive chez les exhibitionnistes est souvent plus élevé que pour les autres délits sexuels. Samuel Côté, directeur adjoint de la Maison Radisson de Trois-Rivières, nous explique pourquoi.

«Ce qui est particulier avec les exhibitionnistes, c’est qu’ils font beaucoup d’exhibition avant qu’il y ait une plainte qui soit logée et retenue, indique M. Côté. Pour eux, chaque fois qu’il n’y a pas de plainte, ils ont la confirmation que c’est correct et que les gens ont aimé ça.»

«Quand ça fait 300 fois qu’un homme fait de l’exhibition et que les gens sourient parce qu’ils sont mal à l’aise, il va intégrer que ce sont des réactions positives, poursuit M. Côté. Plus encore, il va penser que c’est la personne qui a porté plainte qui a un problème vu que les autres ont aimé ça selon lui.»

Comme beaucoup de cas d’exhibition précèdent une plainte, il s’agit là d’un comportement difficile à déconstruire et à traiter en thérapie. Chaque année, la Maison Radisson accueille des gens, majoritairement des hommes hétérosexuels, qui ont commis des délits sexuels.

«Au cours des années, on a vu passer quelques cas d’exhibitionnisme et de voyeurisme, mais ce n’est pas si fréquent, précise M. Côté. Peu importe le délit sexuel, le programme qu’on offre est le même. C’est la même base. Un des outils que l’on montre en premier, c’est la prévention de la récidive. On va décortiquer toutes les étapes qui amènent à une récidive. Les gens vont donc pouvoir reconnaître s’ils sont en train de retomber dans le piège.»

Trouver la symbolique

Lors d’une thérapie pour un cas d’exhibitionnisme, les intervenants et la personne vont tenter d’identifier la symbolique reliée au geste posé. «Est-ce que la personne manifeste de l’hostilité envers les femmes? Si l’homme n’est pas joli et n’a pas d’habiletés sociales, il va vouloir faire réagir les femmes et se dire qu’enfin il est vu, qu’enfin il est regardé», explique Samuel Côté.

Il peut s’agir d’hostilité comme dans ce cas précis ou encore d’une autre distorsion cognitive où l’homme va s’imaginer que la femme va craquer pour lui en voyant ses organes génitaux.

«J’ai vu de ces deux types-là, soutient M. Côté. On va donc travailler à recadrer ces croyances-là au niveau de la séduction. Ce sont des gens qui vont avoir de la difficulté à entrer en contact avec les femmes. On parle d’une sexualité à distance. On va essayer de démystifier la problématique qui fait en sorte que c’est difficile pour la personne d’en approcher une autre. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte comme la peur du rejet.»

Prise de conscience graduelle

En décortiquant chacune des étapes, la personne qui serait tentée de poser des gestes obscènes va pouvoir prendre conscience de ce qu’elle est en train de faire et des excuses qu’elle se donne pour arriver à ses fins.

«La prise de conscience se fait graduellement, remarque Samuel Côté. Certains vont avoir le déclic plus tôt. La majorité va arriver à remettre en question ce qu’ils ont fait. Changer, ça ne veut pas dire ne plus avoir de problème. Ça veut dire d’être capable de mieux se gérer.»

À la fin de la thérapie, le cheminement n’est pas terminé, mais les gens ont des bases avec lesquelles travailler.

35 semaines de thérapie

À la Maison Radisson, une thérapie dure 35 semaines et comprend une rencontre de groupe par semaine et une rencontre individuelle aux deux semaines. Les gens qui participent aux thérapies le font principalement tous à la suite d’une sentence.

115 plaintes en 5 ans à Trois-Rivières

Au cours des cinq dernières années, la Sécurité publique de Trois-Rivières (SPTR) a reçu 115 plaintes pour dénoncer des gestes obscènes et des actions indécentes.

En moyenne, ce sont 23 plaintes qui sont portées annuellement. Pour 2015, on en recense 25. Entre 2011 et 2015, l’année pour laquelle il y a eu le plus de plaintes a été 2014 avec un total de 26.

«Il n’est pas faux de prétendre qu’il peut y avoir plusieurs plaintes qui concernent un même suspect. Par exemple, on a déjà reçu des plaintes de plusieurs personnes pour un suspect sur la piste cyclable», indique l’agent Michel Letarte de la SPTR.

Lorsqu’une plainte est formulée à la SPTR, les policiers interviennent de différentes façons, en fonction de quand ont eu lieu les faits reprochés. «Si c’est un événement qui a eu lieu la veille, on va tenter d’obtenir plus de détails et d’avoir une description de la personne. Une enquête va s’en suivre», explique l’agent Letarte.

Par contre, si les policiers interceptent la personne au moment où elle pose des gestes inappropriés, ils mettront fin à l’acte en question et procéderont à son arrestation. Des procédures judiciaires découleront de l’arrestation.

Nombre de plaintes pour gestes obscènes et actions indécentes

2011: 18

2012: 22

2013: 24

2014: 26

2015: 25