Tarifs douaniers de Trump: la Ville de Trois-Rivières sécurise des pièces critiques

Face aux menaces de Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 25% sur de nombreux produits canadiens, la direction de l’approvisionnement de la Ville de Trois-Rivières s’est mise en action, lundi, auprès des différents fournisseurs avec lesquels elle fait affaires pour analyser l’impact d’une telle mesure.

« On a déclenché le protocole pandémie. On a sécurisé des pièces pour les aqueducs, les égouts, la voirie et la sécurité publique, notamment. Les fournisseurs principaux dans ces marchés ont été contactés. On est en contact constant avec eux pour établir un plan de contingence et voir quel impact aurait l’implantation de ces tarifs. Dès lundi à 9h, on a reçu une lettre de certains fournisseurs pour nous informer qu’il y aurait des surcharges. Là, on a un sursis d’un mois. On respire un peu mieux, mais on est très actif », explique Jean-François Houde, directeur de l’approvisionnement à la Ville de Trois-Rivières.

« Aucun des fournisseurs n’a été alarmant quant à sa capacité de fournir des produits. Des hausses de prix ne sont pas impossibles si les tarifs sont mis de l’avant dans un mois », poursuit-il.

En 2024, sur 19 534 commandes émises, seulement neuf l’ont été aux États-Unis à des fournisseurs américains, pour un total de 130 000$. Trois d’entre elles concernent l’achat de logiciels et de contrats de licences d’utilisation pour une valeur de 111 000$, tandis que 29 000$ ont été nécessaires pour l’acquisition de pièces importantes visant à réparer des systèmes critiques, dont les étangs aérés, puisque lesdites pièces n’étaient pas disponibles au pays.

La balance du déboursé total de 312 M$ a consisté en des achats au Canada, principalement au Québec.

Cependant, avant les Fêtes, le conseil municipal a été saisi d’un avis de motion en vue de  l’adoption d’un règlement d’emprunt estimé à 8,2 M$, pour remplacer quatre camions d’incendie qui arriveront en fin de vie au courant des prochaines années. Il s’agit de camions produits aux États-Unis.

« Malheureusement, il n’y a pas d’offre au Québec en 2025 pour des camions d’incendie comme ceux qu’on achète. On a discuté avec le fournisseur à l’égard des tarifs et on n’anticipe pas d’impact pour ce contrat, car le code d’importation n’est pas visé par les tarifs canadiens, mentionne M. Houde. Le manufacturier n’a pas non plus anticipé de hausse par rapport à l’importation de produits canadiens pour la production des camions. »

« Le mot d’ordre, c’est d’être proactif »

Il faut dire que les actions que peut prendre la Ville en lien avec les tarifs douaniers de 25% sont assez limitées dans les circonstances actuelles.

« Comme Ville, on ne peut pas se substituer aux gouvernements du Québec et du Canada. On doit donc s’en tenir à notre politique d’approvisionnement qui est conforme à la Loi des cités et villes. Dans les villes, le mot d’ordre, c’est d’être proactif et voir ce que ces tarifs pourraient signifier comme impact pour la ville, précise François Vaillancourt, directeur général de la Ville de Trois-Rivières. Rappelons que le Canada a déposé une plainte à l’Organisation mondiale du commerce concernant les agissements des États-Unis qui s’inscrivent en faux des accords de libre-échange en vigueur. Le droit international a aussi son importance dans le cas présent. »

La Ville de Trois-Rivières collabore également avec le Conseil canadien des marchés publics, qui a pour mission de favoriser des pratiques d’approvisionnement publiques pancanadiennes, depuis 2025. « Par exemple, ça nous permettra d’échanger des informations et des techniques de travail, mais aussi des liaisons entre des fournisseurs potentiels. Je pense que c’est le bon organisme pancanadien pour le type de défi qu’on a », note M. Houde.

Le maire de Trois-Rivières participera également à une rencontre de l’Union des municipalités du Québec, la semaine prochaine, pour déterminer des façons d’ouvrir le marché pancanadien.

Limiter les achats sur Amazon

La Ville de Trois-Rivières pourrait-elle entièrement mettre fin à ses achats sur Amazon? Pas complètement, affirme M. Vaillancourt.

« Je pense que ce serait difficile d’arrêter complètement, mais c’est absolument possible de limiter les achats sur Amazon. En 2024, ça a représenté 30 000$ sur 312 M$ de dépenses. C’est infime, mais on veut diminuer cette valeur. Il faut comprendre qu’il y a des fournisseurs québécois qui transigent avec Amazon. On va sur la plateforme en dernier recours si aucun fournisseur local ou national ne peut nous aider dans des délais raisonnables et compte tenu du degré d’urgence de la demande à ce moment-là. L’objectif est que ça ne soit que des cas d’exception. On doit aussi se conformer à la Stratégie d’achat québécois du gouvernement », détaille-t-il.

D’ailleurs, une politique d’approvisionnement responsable est en élaboration à la Ville. Celle-ci sera bientôt présentée aux élus. Elle prévoit, entre autres, que seul le secteur de l’approvisionnement peut procéder à des achats sur Amazon, sauf pour la police, le service incendie et l’atelier mécanique.