Syndics de faillite : «On s’attend à traiter un volume important de demandes»
La période de grâce étant terminée, les créanciers ont recommencé à frapper à la porte de ceux à qui ils ont accordé des prêts. Chez les syndics de faillite, les demandes sont de plus en plus nombreuses et on s’attend à ce que les prochaines semaines soient particulièrement achalandées.
«Quand la pandémie est arrivée, le nombre de faillites a chuté drastiquement, indique Éric Pronovost de chez Roy Métivier Roberge, syndic autorisé en insolvabilité. L’explication à cela est simple. Le gouvernement et les institutions financières ont permis aux gens de reporter leurs paiements. En mai-juin, le nombre de faillites était la moitié moins élevé comparativement aux années passées.»
Cette quiétude momentanée est toutefois chose du passé. Depuis le mois d’octobre, les réclamations ont repris. Au pied du mur, certaines personnes se tournent vers les syndics de faillite pour la garder la tête hors de l’eau.
«Les gens doivent recommencer à payer leurs dettes et le nombre d’appels augmente, remarque M. Pronovost. Pour les mois de janvier et février, on s’attend à traiter un volume important de demandes. Des experts prédisent même que le nombre de faillites sera six fois plus élevé que par le passé. C’est à suivre. Je ne sais pas si ce sera aussi pire que ça, mais ce sera assurément plus élevé.»
Depuis quelques semaines, de plus en plus de gens font appel aux syndics pour ajuster leur budget et trouver des solutions. «Présentement, on fait beaucoup d’aide au niveau du budget. Ce ne sont pas tous des gens qui sont en situation de faillite, mais ils consultent justement pour ne pas se rendre là», soutient Pierre Fortin, syndic et président de Jean Fortin & Associés Syndics Inc.
«Les gens qui avaient des problèmes financiers pendant la pandémie en ont encore, ajoute ce dernier. Ceux qui étaient face au mur ont seulement vu le mur reculer, mais le mur est encore là et il se rapproche.»
Budget révisé
La période de grâce accordée par les créanciers a aussi permis à plusieurs personnes de revoir leur budget et de prendre les actions nécessaires pour éviter la faillite. «Cet été, on a traité moins de dossiers qu’à l’habitude, mais il y a quand même des gens qui ont profité des reports de paiements pour se faire un plan de match, mentionne M. Fortin. Il y a beaucoup de gens qui étaient préoccupés par la reprise des paiements qui sont venus nous voir en prévision de ça.»
«Une fois sur deux, leur situation n’était pas si pire, poursuit ce dernier. Souvent, c’était simplement une question de refaire le budget. On a vu beaucoup de personnes inquiètes et anxieuses et ça leur a permis de dédramatiser. On a regardé les options avec elles et si elles suivent le plan établi, tout se passera bien. La faillite, c’est vraiment le dernier recours et il y a plusieurs choses qu’on peut faire avant d’en arriver là.»
M. Fortin rappelle que le montant dédié aux remboursements des dettes ne doit pas excéder 15 % du revenu net d’une personne. Autrement, si la situation perdure, des problèmes financiers surviendront.