Secteur public: trois autres journées de grève prévues du 21 au 23 novembre
Le Front commun tient sa première journée de grève ce lundi 6 novembre. Si les négociations avec le gouvernement continuent de stagner, les syndiqués prévoient débrayer durant trois jours consécutifs dans deux semaines.
En Mauricie-Centre-du-Québec, les moyens de pressions concernent plus de 25 000 travailleurs et travailleuses des secteurs de la santé et de l’éducation.
Des syndiqués des trois centrales, CSN, CSQ et APTS (Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux), formaient une ligne de piquetage devant le bureau de circonscription de la députée de Champlain et présidente du Conseil du Trésor, Sonia Lebel, rue Barkoff.
« Vous allez entendre la colère envers le gouvernement mais aussi l’indignation parce qu’aujourd’hui on se bat pour avoir des conditions de travail, indique le président du Conseil central Cœur-du-Québec de la CSN, Pascal Bastarache. Le gouvernement doit arrêter de prendre des décisions basées sur des enjeux politiques avec des mandats de quatre ans. On doit prendre des décisions pour l’avenir de notre secteur public. »
« Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que notre gouvernement n’a pas fait son travail, explique Pascale Leclair-Gingras, représentante nationale de l’APTS pour la Mauricie-Centre-du-Québec. Ça fait des mois qu’on dit à Mme Lebel qu’il faut des offres sérieuses. Avec les éternelles pénuries de main d’œuvre que nous vivons depuis des années, ces travailleuses-là méritent d’être reconnues plus que par des mercis pendant une pandémie. Elles se tiennent debout pour qu’on puisse continuer d’avoir des services publics dans des conditions acceptables pour qu’on ait une relève intéressée à venir travailler dans nos services. »
« M. Legault a déjà déclaré que les syndicats attendaient la grève pour faire des gains. C’est la faute du gouvernement caquiste si on est rendu à faire la grève aujourd’hui », renchérit le porte-parole de la CSQ en Mauricie-Centre-du-Québec, Stéphan Béland, qui reconnaît cependant que les syndiqués ont dernièrement fait un gain au niveau du régime de retraite qu’il qualifie toutefois d’insuffisant. « Le RREGOP, le régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics, auquel on cotise, le gouvernement veut le diminuer parce qu’il bonifie le régime des Rentes du Québec, alors que ce sont deux régimes de retraite complètement différents. On ne dira pas oui à un appauvrissement de notre régime de retraite pour nous plus tard. »
Les porte-parole des trois syndicats considèrent avoir encore l’appui de la population, malgré les désagréments causés par cette première journée de grève.
« Le Front commun a fait faire un sondage indépendant, rappelle Stéphan Béland. On a sorti les résultats au mois de septembre dernier, et ce sondage-là disait que 87% de la population souhaitait une amélioration des conditions de travail des gens qui œuvrent dans les services publics. 75% nous disaient aussi qu’ils comprenaient que si on avait une amélioration des conditions des travailleuses et des travailleurs on aurait sûrement un impact positif sur les services offerts. »
Ce sondage a été réalisé par SOM à la fin juillet.
À l’approche de la date annoncée du début de la grève, la cadence des négociations ne semble pas avoir augmenté, selon les porte-parole régionaux.
« Le gouvernement est beaucoup plus enclin à vouloir mettre la négociation sur la place publique au lieu de réellement négocier à la table, déplore Pascal Bastarache. Il y a une énorme incohérence entre le discours que le gouvernement caquiste tient devant la population et qu’est ce qui est fait concrètement. Ça doit faire plus d’un an qu’on essaie de s’asseoir pour régler le plus vite possible. Il faut négocier. On veut arriver à une entente qui va satisfaire tout le monde et qui va maintenir nos services. »
« Aux tables où se discutent les conditions et les réorganisations, les vis-à-vis patronaux qui sont responsables pour le gouvernement de négocier avec nous n’ont rien à nous proposer, regrette Pascale Leclair-Gingras. Ils n’ont pas de mandat de négocier. Nous, on est prêt, on attend qu’ils nous reviennent. »
Pascal Bastarache estime que le Front commun maintient ses propositions et qu’il n’a pas à soumettre de contre-offres à la partie patronale.
« Les offres qui ont été faites au gouvernement, ce sont des offres tout à fait acceptables. C’est un minimum que les salariés du réseau de la santé et des services sociaux aient une augmentation au-dessus de l’inflation. Contrairement au gouvernement, nous on ne joue pas de « game » de propositions, de contre-offres. On a demandé une juste part pour les salariés du secteur public. C’est beaucoup plus gros qu’un jeu avec le gouvernement. On veut régler. »
Stéphan Béland rappelle que le Front commun a obtenu un mandat fort des syndiqués pour mener la négociation et les moyens de pression appropriés.
« Le mandat de grève qu’on a de la part de nos membres en front commun à 95%, c’est vraiment un mandat de grève pouvant aller jusqu’à la grève générale illimitée avec différentes séquences. C’est notre première séquence aujourd’hui. On souhaite que ça mettre de la pression suffisamment sur le gouvernement pour qu’il fasse des offres substantielles. »
Les représentants des syndiqués ne semblent pas entretenir beaucoup d’espoir de voir la négociation avancer significativement pour éviter les prochaines dates de débrayage prévues.
« Ça va dépendre de la volonté gouvernementale, estime Stéphan Béland. Nous, on est clair, on a des demandes au niveau salarial, retraite, conditions de travail. Il va falloir que le gouvernement offre plus que ce qu’il offre là parce que ce sont juste des détériorations des conditions de travail qu’on a actuellement. »
« Pour l’instant on va se fier à nos représentants nationaux qui sont en train de négocier avec le gouvernement, conclut Pascal Bastarache. C’est notre priorité de négocier. On ne veut pas aller en grève les 21, 22, 23, mais par contre, on va se faire un devoir de le faire si jamais le gouvernement reste campé sur ses positions. »