Santé mentale : baisse des appels à la police
Depuis un an, les policiers de Trois-Rivières peuvent compter sur l’appui d’une travailleuse sociale lorsqu’ils ont affaire à des individus ayant des troubles de santé mentale. Ce partenariat démontre déjà des résultats prometteurs. La Direction de la police de Trois-Rivières (DPTR) enregistre une baisse de 20 % des interventions de cette nature par rapport à l’an dernier.
«Les appels sont en baisse, même si 2020 n’est pas la meilleure année pour faire des comparaisons à cause de la pandémie. On a hâte de voir ce que ça donnera pour les prochaines années», mentionne René Martin, directeur de la police de Trois-Rivières.
Plus d’une centaine de situations ont été analysées par la travailleuse sociale Marylène Ménard depuis son entrée en poste, en septembre 2019. De ce nombre, plus de la moitié était des cas récurrents.
«C’est difficile de donner un chiffre précis, mais on peut affirmer qu’on a été en mesure de trouver des solutions pour un nombre important de dossiers, ce qui a engendré une diminution des appels aux policiers, indique Mme Ménard. Le défi, c’est toujours au niveau de l’instabilité de la personne. S’il arrive un événement X dans la vie de la personne, ça pourrait mener à une révision de la stratégie.»
«Quand les policiers reçoivent un appel, ils interviennent auprès de la personne dans un premier temps, poursuit cette dernière. Une fois que la crise est gérée et que l’intervention est terminée, ils me rapportent l’information et je me penche sur le cas. Je fais des recherches sur l’individu pour voir ce qui a déjà été fait pour ensuite établir une stratégie. Sur place, les policiers demandent à la personne si elle souhaite qu’on la contacte pour travailler avec elle. Ça m’est arrivé de me déplacer avec les policiers dans des cas précis, mais c’est rare.»
Interventions personnalisées
À son arrivée en poste, la travailleuse sociale a amorcé un travail sur les nombreux cas récurrents. L’objectif poursuivi par cette démarche consistait, dans un premier temps, à dresser un profil individualisé des personnes ciblées afin d’identifier les besoins de ceux-ci et prendre connaissance des services et du soutien mis en place. Par la suite, elle a vérifié l’efficacité de ces mesures et, ultimement, proposé de nouvelles stratégies d’interventions.
Après avoir colligé toutes les données pertinentes, Mme Ménard a instauré un système de fiches personnalisées accessibles par l’ensemble des policiers. Celles-ci contiennent des informations qui permettent aux policiers d’orienter leurs interventions de façon plus adéquate et plus efficace, et ce, dans un plus court laps de temps. Ces fiches permettent notamment aux policiers d’ajuster leurs interventions en fonction du profil connu de l’individu et des lignes directrices suggérées.
De plus, dans les dossiers où les individus présentent des signes d’un état mental perturbé, mais qui ne sont pas connus des services sociaux, Mme Ménard facilite l’arrimage et la prise en charge de ceux-ci par les intervenants partenaires. Les policiers bénéficient également de sa disponibilité dans un «rôle-conseil» pour les guider dans d’autres interventions ponctuelles à connotation sociale.
Une initiative nécessaire
Ce projet est issu d’une entente entre la police de Trois-Rivières et le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ). Cette initiative était devenue nécessaire pour la police étant donné la forte hausse des appels en lien avec les problématiques de santé mentale, observée depuis les dernières années.
En 2015, 428 appels ont été traités par les patrouilleurs pour des individus présentant un état mental perturbé, comparativement 838 en 2019. Le but d’une telle entente est donc de mettre en commun les compétences respectives lors de ces interventions psychosociales afin d’intervenir adéquatement tout en assurant la sécurité de la population.
Devant le succès de cette première année, on est à regarder pour déployer l’initiative ailleurs avec la Sûreté du Québec», conclut Jovany Raymond, directeur adjoint des services sociaux généraux et dépendance au CIUSSS MCQ.