Retour à l’emploi: les impacts d’un casier judiciaire sont bien réels

DOSSIER. Après avoir purgé leur peine dans un établissement de détention, certains détenus souhaitent prendre leur vie en main et retourner sur le marché du travail. La démarche, aussi louable soit-elle, ne se fera pas sans faille pour eux, qui doivent maintenant vivre avec le fait d’avoir un casier judiciaire.

«On ne peut pas généraliser. Certains employeurs vont être ouverts à voir ce que la personne peut leur offrir malgré son dossier judiciaire», met immédiatement en garde Gaby Lauzière, conseillère en emploi en milieu carcéral à l’établissement de détention de Trois-Rivières.

Elle explique aussi que les gens ont tendance à mettre tout le monde dans la même boîte: casier judiciaire = criminel, dangereux, etc. «Mais il faut dire que casier judiciaire n’équivaut pas nécessairement à incarcération. Je peux avoir un dossier judiciaire et ne jamais avoir été incarcérée», donne-t-elle comme exemple.

Mme Lauzière reconnaît également que souvent, on a tendance à mettre une gradation dans le type de délit commis. «Mais pour une personne, la gradation ne sera pas nécessairement la même que pour une autre, signale l’intervenante. Et bien souvent, on ne connaît pas le contexte et les circonstances entourant l’infraction. Je pense que ça vaudrait le coup que les gens se donnent la peine d’en connaître un peu plus avant de juger un ex-détenu.»

«Il faut quand même se le dire: un casier judiciaire, c’est un impact, c’est un obstacle à l’emploi, avoue-t-elle. Il y a des domaines dans lesquels ce sera plus difficile de percer et il y a des domaines où ce ne sera pas possible, mais pas du tout, notamment à cause du délit qui a été commis. Par contre, cela fait partie de mon travail de cibler les bons emplois versus les délits commis.»

La conseillère en emploi explique aussi que quelques organisations sont régies par des lois, qui les obligent à vérifier les dossiers criminels des candidats à l’emploi. «C’est le cas, entre autres, des commissions scolaires ou des CSSS. C’est dommage pour les gars, parce que ça ne veut pas dire qu’ils ne feraient pas des bons concierges; ils seraient excellents. Mais on comprend aussi la logique derrière cela.»

Elle assure que certains détenus, pendant leur passage en établissement de détention, peuvent réellement s’être repris en main et ne représenter aucun danger. «Ce ne sont pas tous les participants qui sont dangereux. Au contraire, plusieurs se sont rétablis. Ils ont eu un accident de parcours et sont revenus sur le droit chemin. Plusieurs seraient compétents. Des bons travailleurs, on en a beaucoup», indique Gaby Lauzière.

11 septembre 2001

La question en lien avec le casier judiciaire est-elle plus fréquemment posée maintenant qu’auparavant? «Peut-être. Mais on a aussi vu un changement depuis les attentats de septembre 2001. Il y a un avant et un après», analyse l’intervenante.

Celle-ci précise que si l’employeur ne demande pas au candidat s’il a un casier judiciaire, il n’est pas obligé de le mentionner. Par contre, si la question est posée, elle doit l’être en fonction de savoir s’il y a un lien entre le délit et l’emploi proposé. «S’il y a un lien, le candidat doit alors être vrai et admettre ses actions. Il peut aussi présenter son dossier, s’expliquer et démontrer qu’il n’y a pas de lien.»

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Résultats de la démarche de préparation au marché du travail, 3 mois après la libération

52,8%

Sur 1137 personnes libérées (1049 hommes et 88 femmes), on note un résultat positif de 52,8%, ce qui signifie que la majorité des personnes libérées occupent un emploi à temps plein ou à temps partiel (19,4%), sont retournées aux études (4,6%) ou poursuivent leur démarche, soit avec un organisme en employabilité, avec un centre local d’emploi ou d’une toute autre manière (28,8%).

66

Nombre d’individus libérés qui ne poursuivent pas leur démarche de réinsertion sociale.

8%

Pourcentage de personnes qui sont réincarcérées après avoir été libérées.

380

Individus qui n’ont pas été retracés.

(Source: Comité consultatif – Clientèle judiciarisée adulte)