Redonner place à la nature en zone urbaine
INITIATIVE. Poussée par des projets citoyens, la verdure fleurie de nouveau dans des lieux urbains autrefois bétonnée des plus grandes villes du monde. Le mouvement semble maintenant atteindre Trois-Rivières, où des travaux sont actuellement en cours pour aménager une première ruelle verte derrière la buanderie-café internet, le Bucafin.
Au printemps prochain, le secteur entre les rues Laviolette et Sainte-Julie sera transformé en un lieu où il fait bon vivre, enjolivé par des fleurs aux couleurs vives et recouvertes, de haut en bas, d’une verdure éclatante.
Certains ont sûrement constaté les travaux d’infrastructure en cours dans le centre-ville pour retirer les dalles de béton. Au courant des prochains jours, ils laisseront place à du pavé et du gazon, afin que les automobilistes puissent continuer à emprunter cette voie.
«Il s’agit d’une des particularités de la ville. Nous nous devons de préserver les artères passantes qui sont utilisées pour la cueillette de déchets, mais également comme stationnement par les citoyens. C’est pourquoi des bandes de pavés, pour correspondre à l’alignement des roues, traverseront la zone gazonnée de la ruelle», a expliqué le conseiller municipal, Jean-François Aubin.
Une alternative verte
C’est le Bucafin qui a proposé l’idée à Environnement Canada et ensuite à la Ville de Trois-Rivières. Le projet pilote, dont l’investissement est évalué à 50 000$, bénéficie ainsi d’une subvention via le Programme de financement communautaire EcoAction du gouvernement.
Il n’a pas été possible de savoir le montant du financement accordé auprès de la coordonnatrice du Bucafin et instigatrice du projet, Cécilia Protz. M. Aubin estime cependant que les travaux d’infrastructure seront couverts à la hauteur de 15 000 $.
Les deux intervenants se sont accordés pour dire que les ruelles trifluviennes sont actuellement dans un état critique et qu’il était urgent d’agir. «Une artère verte permettra aux citoyens de se réapproprier l’endroit, en plus de revitaliser le secteur», a souligné Mme Protz.
Du côté de la population, l’acceptabilité du projet semble acquise, selon les dires du conseiller municipal. «Certains ont soulevé le fait que plusieurs rues du centre-ville méritent également d’être rénovées. Seulement, si on attend que toutes nos rues soient en bon état pour faire des projets comme celui-là, on ne le fera jamais. Il faut trouver le juste équilibre!»
Sur la page Facebook publique du conseiller, quelques citoyens clament justement que la rue Ste-Julie, qui croise la ruelle, devrait être une priorité, plutôt que de «mettre de l’argent là-dedans».
Ce à quoi le conseiller a répondu que l’argent investit dans ce projet aurait permis de réparer à peine quelques mètres de la rue Ste-Julie.
À noter que l’entretien et le suivi de la nouvelle ruelle verte ne coûteront rien. Le Bucafin a mis en place un comité de bénévoles prêts à s’occuper de l’aménagement. «De plus, nous allons installer un type de gazon bouclé et plus résistant, qui n’aura pas besoin d’être tondu toutes les semaines», a mentionné M. Aubin, très impliqué dans le dossier.
Se réapproprier sa ville
Une ruelle où pousse une variété d’arbuste et de vignes, ce n’est pas seulement joli à regarder, il en découle aussi des retombées environnementales. «Il s’agit d’un moyen efficace pour combattre les îlots de chaleurs. En zone urbaine, la température est beaucoup plus élevée que dans les milieux ruraux, dus en grande partie aux émissions de gaz à effet de serre», a expliqué l’instigatrice du projet. Selon cette dernière, cela cause des problèmes cardiovasculaires chez la population.
Pour le conseiller municipal, c’est un moyen original de redonner sa place à la nature, en plus d’être très conviviale pour les familles des alentours. «La qualité de vie ne passe pas seulement pas les services offerts par une ville, mais également par de projets porteurs comme celui-ci», a-t-il terminé.