Reconversion de l’église Saint-Eugène: une histoire de solidarité et de cœur
Le Centre de solidarité Saint-Eugène porte bien son nom! Car si l’organisme est encore bien vivant cinq ans après avoir acheté et reconverti l’église Saint-Eugène, c’est d’abord grâce à la solidarité de toute une communauté.
Il y a l’équipe de bénévoles qui s’investit de tout son cœur dans cette aventure pour donner vie à l’ancienne église, mais aussi de nombreux groupes communautaires, le CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec de même que des institutions qui ont levé la main à différentes occasions pour offrir un coup de main à l’organisme dans sa mission, notamment pour fournir différents équipements.
« Ce sont les gens du secteur qui ont fait vivre cette église pendant près de 70 ans. On s’est donné comme mission de la redonner à la communauté en termes de services et de milieu de vie. On veut que les gens soient bien. Ils apprécient l’accueil ici. Notre meilleure vendeuse a 83 ans! Elle accueille les gens comme il sont et elle les écoute beaucoup. Plein de gens viennent ici parce qu’ils ont besoin de parler plus que d’acheter une chemise. On est là pour ça aussi », explique Blaise Gagnon, codirecteur du Centre de solidarité Saint-Eugène.
Déjà en 2014, le secteur de Cap-de-la-Madeleine voyait ses ouvroirs fermer, de sorte que les gens trouvaient plus difficilement ce dont ils avaient besoin. La problématique a été soumise au Comité de lutte contre la pauvreté du Cap-de-la-Madeleine. C’est l’organisme Ebyôn, où travaillaient Denis Gervais et Blaise Gagnon, qui a été mandaté pour trouver une solution.
« On a visité tout ce qu’il y avait à louer ou à vendre au Cap, en plus de mettre sur pied cinq groupes de réflexion pour conseiller l’équipe sur les formes possibles de collaboration dans ce quartier dévitalisé, raconte Denis Gervais, secrétaire du conseil d’administration et fondateur du Centre de solidarité Saint-Eugène. On a su que la Fabrique Saint-Eugène mettait en vente son église. On a vu l’opportunité d’y avoir un comptoir vestimentaire et récupérer la bâtisse pour éviter qu’elle soit démolie. »
Leur première offre d’achat n’a pas été retenue, mais ils ont continué de rencontrer les ouvroirs et les organismes du secteur pour évaluer ce qu’il faudrait pour une meilleure complémentarité dans l’offre de services. L’opportunité s’est présentée à nouveau. En février 2017, l’offre d’achat était acceptée.
« Au fil des mois, on a finalisé les ententes avec les organismes locataires du sous-sol. On a aussi commencé à chercher les équipements nécessaires à l’ouverture du comptoir vestimentaire, précise M. Gervais. On n’avait pas une cenne. Beaucoup d’organismes et d’entreprises nous ont donné un coup de main pour nous permettre de lancer nos activités. On a reçu des dons du Complexe funéraire JD Garneau, des Artisans de la Paix, de la Fabrique Saint-Eugène, de la Petite meunière et plusieurs autres. »
Depuis l’ouverture en février 2018, le Centre de solidarité Saint-Eugène offre le service d’ouvroir et continue de se développer: jeux de pétanque extérieurs, café de quartier, organisation de divers spectacles et conférences.
« On a mis en place des collaborations avec de nombreux organismes. En un an, ce sont plus de 5000 personnes qui fréquentent le Centre, sans compter les activités au sous-sol. Sans nous, plusieurs personnes seraient probablement isolées. C’est vraiment tout un esprit bénévole qui s’est emparé du lieu ici et nous souhaitons que cette reconversion perdure », lance Ginette Lacoursière, présidente du conseil d’administration.
Trouver de la relève
Bien des embûches et une pandémie plus tard, l’organisme maintient le cap sans toutefois pouvoir compter sur une subvention récurrente.
Huit organismes louent des locaux au sous-sol du Centre de solidarité Saint-Eugène, dont le Club de l’Âge d’or, l’AFEAS, l’Association canine de la Mauricie et l’Association des retraités et préretraités de l’usine Kruger de Trois-Rivières. C’est d’ailleurs de la location de ces locaux et des ventes réalisées au comptoir vestimentaire que l’organisation tire ses principaux revenus. L’équipe peut aussi compter sur des dons pour l’aider dans sa mission.
« Ça nous permet de nous maintenir la tête hors de l’eau pour payer nos frais récurrents, comme le chauffage, l’Hydro, etc. Il y a des anges qui veillent sur nous. Ça nous permet d’y arriver », souligne Jocelyne Roy, codirectrice du Centre de solidarité Saint-Eugène.
L’aspect financier n’inquiète pas les codirecteurs pour l’avenir. En fait, l’enjeu de taille des prochaines années sera de trouver de la relève. « Les bénévoles sont une denrée rare aujourd’hui et on voit moins de jeunes. On vieillit. Jocelyne et moi, on se donne encore dix ans ici. Il faut déjà penser à qui viendra prendre la relève », précise M. Gagnon.
Les codirecteurs aimeraient prochainement offrir davantage d’ateliers et de mousser l’offre de spectacles. « L’acoustique est excellente pour les conférences et les spectacles. On fait d’ailleurs une demande de subvention pour acquérir un système d’éclairage », indique-t-il. « Si on peut offrir des spectacles à faible coût, on est confiant que ça va se remplir rapidement. On va plancher là-dessus », conclut Jocelyne Roy.