Reconnaître la dépression chez les enfants

SANTÉ MENTALE. De plus en plus, on apprend à discerner les signes de la dépression chez les adultes. Mais qu’en est-il des enfants? Si certains symptômes peuvent être semblables, la plupart d’entre eux sont complètement différents. La psychologue Stéphanie Demers fait la lumière sur la question.

Diagnostic peu répandu chez l’enfant, la dépression peut survenir à n’importe quel âge et être observée à divers degrés. Elle est souvent rattachée à beaucoup d’anxiété, de culpabilité, de honte et la crainte d’être abandonné. Les symptômes chez l’enfant sont très relationnels de par sa dépendance face à l’adulte.   

«La dépression peut s’exprimer beaucoup de façon maniaque, sans qu’il n’y ait uniquement de verbalisation dépressive. L’enfant va être très hyperactif, va avoir des conduites très opposantes et provocantes. Il y a peut-être des éléments dépressifs qui se cachent derrière ça, alors il faut être attentif», soutient Mme Demers.  

À travers les âges, la dépression chez l’enfant n’est pas niée, mais elle est difficile à diagnostiquer puisque le tableau est varié et complexe. Elle peut être attribuable à plusieurs choses, dont le sentiment de compétence.

«Ça peut se manifester de plein de façons, de sorte que le parent ne la soupçonne pas, précise Mme Demers. L’enfant dépressif peut démontrer de l’agitation psychomotrice, des problèmes de concentration, etc. Ce qui est difficile avec ces symptômes-là, c’est qu’ils sont souvent associés à un autre diagnostic.»

«La dépression n’est pas non plus nécessairement le problème, ça peut être un effet d’un autre problème, ajoute cette dernière. Par exemple, on voit beaucoup de cas de TDAH. Les enfants peuvent aussi avoir des sentiments dépressifs sans être en dépression.»

@ST:Savoir agir rapidement
@R:La psychologue Stéphanie Demers constate que, généralement, les parents éprouvent plus de difficulté à reconnaître les symptômes dépressifs de leurs enfants que ceux-ci parviennent à les exprimer.

«Par exemple, il y a des enfants qui peuvent être anxieux au moment du dodo. Il y a des choses qui font partie de la normalité, mais ça devient un problème quand ça occupe trop de place dans la vie de l’enfant. Et il ne faut pas attendre avant d’agir. C’est important de prendre en considération les sentiments d’échec et d’incompétence exprimés par l’enfant. Il faut que ça sonne une cloche», indique Mme Demers.

Toutefois, ces symptômes dépressifs doivent toujours être étudiés dans le contexte du développement de l’enfant afin de voir si le changement est normal ou non. Les symptômes observés doivent être analysés en prenant en considération l’histoire de vie de l’enfant, celui-ci étant très sensible à sa situation familiale et à la réalité de ses parents.