Quand l’école s’adapte à l’élève

ÉDUCATION. Rester assis à écouter un professeur parler durant plusieurs heures n’est pas donné à tout le monde et, avouons-le, ce n’est pas nécessairement stimulant! Ceux qui ont terminé leurs études ont bien connu ce type de pédagogie, mais tout indique qu’il en sera autrement pour ceux qui les amorcent…

Désormais, pour favoriser la réussite des étudiants, une variété d’outils et de stratégies nouvelles font leur entrée dans les établissements scolaires de tous les niveaux. Leur ligne directrice commune: adapter la pédagogie à l’élève, et non plus l’inverse. Un phénomène auquel n’échappe pas la région, comme en témoigne, par exemple, l’apparition de vélos-pupitres et de pédaliers dans les 22 classes de l’école primaire Bois-Joli de Trois-Rivières, le printemps dernier.

«Un enfant ayant un surplus d’énergie à dépenser sera difficilement réceptif à l’apprentissage, débute Jonathan Bradley, directeur. Diverses stratégies avaient déjà été mises en place pour amener les élèves à bouger, dont des marches autour de la bibliothèque et dans les corridors, mais elles s’accompagnaient de problématiques en ce qui concerne la circulation et la surveillance. Dans ce contexte, les vélos-pupitres et pédaliers nous sont apparus comme des alternatives parfaites.»

Au départ, l’école a effectué des essais avec des élèves ayant des besoins particuliers, notamment ceux présentant un trouble de déficit de l’attention (TDA et TDAH). Un vélo stationnaire traditionnel a alors été installé dans le bureau de l’éducatrice spécialisée. «Ces élèves peinent à demeurer assis longtemps. Mais en les installant sur un vélo, on a remarqué des bénéfices immédiats: après seulement quelques minutes à pédaler, tous retrouvaient une meilleure concentration. Cela nous a encouragés à pousser l’expérience plus loin», ajoute M. Bradley, qui précise que le tout a été rendu possible grâce à la contribution financière d’une équipe du Grand Défi Pierre Lavoie et d’École en santé.

Encouragés par les résultats positifs, les intervenants de cette école ont par ailleurs adopté cette année une autre approche novatrice: le «flexible seating», qui aborde d’un angle nouveau l’aménagement physique de la classe. En vertu de ce concept, les pupitres disparaissent, laissant la place à des fauteuils, divans, tapis, coussins, tables et autres. «Lorsque la situation s’y prête, les enfants peuvent même travailler debout. De l’extérieur, ça peut sembler mineur, mais des petits trucs du genre suffisent à intéresser davantage l’enfant aux études», indique M. Bradley.

Innovations dans les cycles supérieurs également

Loin de se limiter au primaire, ces stratégies nouvelles se répandent aussi au secondaire et dans les cycles supérieurs. Au Collège Laflèche, par exemple, des classes d’apprentissage actif ont vu le jour cette année. Plus précisément, les tables et les chaises y sont dotées de roulettes, ce qui permet une reconfiguration rapide des lieux en fonction des activités proposées par l’enseignant.

«Ça amène une dynamique différente et davantage d’interaction. Et surtout, ça colle aux besoins de nos étudiants actuels, qui souhaitent être placés en action par rapport à leurs apprentissages», mentionne Geneviève Ducharme, directrice adjointe des études, Programmes et services pédagogiques.

Du côté de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), des «lieux d’étude dynamique» ont été implantés. Par exemple, à la bibliothèque, on met maintenant à la disposition des usagers des bancs oscillants, des pédaliers et des bandes élastiques pour leur permettre d’étudier de façon active.

Depuis cet automne, l’institution met aussi à la disposition de ses étudiants quatre vélos-pupitres en utilisation libre-service. «Au primaire et au secondaire, on travaille avec de tels outils depuis un certain temps déjà, de sorte que des jeunes les ayant autrefois utilisés font aujourd’hui leur entrée chez nous. Il nous semblait important de nous adapter afin de leur offrir une continuité», indique Jean-François Hinse, du Service des communications.

Et le marché du travail?

La vague semble également gagner peu à peu le monde du travail, prenant surtout de l’ampleur dans les milieux où la créativité doit être au rendez-vous. Tables de ping-pong, sacs de boxe et tapis roulants ne sont que quelques-uns des outils qui trouvent dorénavant leur place dans les locaux d’entreprises d’ici.