QG de la police: le projet d’agrandissement de 84 M$ autorisé par la Ville
La Ville de Trois-Rivières va de l’avant avec le projet d’agrandissement du quartier général de la police et autorise un emprunt de 84 M$.
Le projet prévoit la construction d’un bâtiment neuf à l’arrière du quartier général qui ne sera pas connecté au bâtiment actuel. Dans le bâtiment déjà existant, le sous-sol sera réaménagé pour accueillir des locaux plus administratifs, tandis que la cour municipale serait relocalisée au rez-de-chaussée.
Le conseil municipal n’a toutefois pas été unanime dans la prise de décision. Pascale Albernhe-Lahaie, Richard W. Dober, Luc Tremblay, François Bélisle et Pierre-Luc Fortin ont voté contre le projet.
« Je sens un fatalisme chez mes collègues élus face aux coûts qui ne font qu’augmenter. Je ne suis pas contre un nouveau quartier général pour nos policiers, mais il faut le faire selon nos moyens, insiste le conseiller du district de Pointe-du-Lac, François Bélisle, qui a demandé le vote. Avec tout respect pour le directeur de la police, je lui ai posé mes questions à deux reprises, mais je n’ai pas été convaincu. Ils veulent tout le monde sous le même toit parce que c’est plus efficace. Je ne pense pas que c’est nécessaire. On peut faire les choses autrement. »
Richard W. Dober fait remarquer qu’avec l’augmentation des taux d’intérêt, ce n’est pas le bon temps pour procéder à un emprunt de cet ordre. Pour sa part, Pierre-Luc Fortin rappelle que cette décision implique qu' »il faudra renoncer à des choses ». « Ça aura un impact sur le compte de taxes, car il faudra le payer. On va aussi augmenter de 10 millions $ par année le Plan triennal d’immobilisations. Je crois qu’il faut accepter de faire les choses différemment », a complété le conseiller du district des Estacades.
Des 84 M$, une part de 15 M$ servira à l’aménagement de la cour municipale au QG, tandis qu’une somme de 20M$ serait réservée pour les frais de contingence, c’est-à-dire pour couvrir les risques potentiels du projet et assumer des coûts imprévus.
« Si le projet avait été voté en 2017, on parlerait de 25 M$. Si ça avait été en 2021, on aurait parlé de 55 M$. Plus tard, c’est plus cher. Il faut avoir le courage de ses ambitions. L’analyse des besoins a été faite à plusieurs reprises et ça nous a été présenté plusieurs fois. Ça fait mal, mais il faut ce qu’il faut », affirme Jonathan Bradley, conseiller du district de Richelieu et président du comité Assurer la sécurité des milieux.
Pascale Albernhe-Lahaie a proposé à ses collègues de reporter la résolution à une future séance publique du conseil de ville, le temps qu’une présentation du plan fonctionnel et technique soit faite aux conseillers. Elle s’est dite surprise par plusieurs éléments du plan qu’elle a demandé à consulter.
Une ouverture de registre est prévue. L’avis public sera diffusé sur le site Web de la Ville.
Une aide demandée à Québec
En parallèle, le conseil municipal demande au gouvernement du Québec une aide financière pour le projet d’agrandissement et de mise aux normes du quartier général. Le conseil municipal réclame ainsi un traitement équitable entre les municipalités qui bénéficient de la desserte par la Sûreté du Québec et celles qui ont du ou doivent maintenir un corps de police municipal. Il faut savoir que les villes de plus de 100 000 habitants doivent avoir leur propre corps de police.
« C’est un montant faramineux, historique même pour un investissement de la Ville. Le plus triste, c’est qu’il n’y a aucune subvention possible pour financer un tel projet », note M. Bradley.
Le maire Jean Lamarche rappelle que l’enjeu avait déjà été soulevé lors de la rédaction des différents mémoires qui ont mené au Livre blanc sur la police. « On avait déjà soulevé le fait que ce qui touche la sûreté municipale devrait être soutenu par Québec. On voyait venir le projet du quartier général et on se doutait que ce serait pharaonique, raconte-t-il. Les sûretés municipales touchent une minorité de villes au Québec, mais une majorité de citoyens. Je suis content qu’on puisse l’adresser aujourd’hui de cette façon. »
L’enjeu devrait aussi être amené à la Commission de la sécurité publique de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), indique le directeur général de la Ville de Trois-Rivières, François Vaillancourt. « Il n’y a pas de soutien financier non plus pour le réaménagement des cours municipales, précise-t-il. Plusieurs villes seront touchées elles aussi par de tels travaux si on doit satisfaire les nouvelles normes indicatives. Si ça peut nous donner un levier de négociation avec l’UMQ, je pense qu’on n’a rien à perdre. »
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