Pyrrhotite: plus de 230 propriétaires dans la «zone grise»

PYRRHOTITE. Ce sont plus de 230 propriétaires de maisons qui ont vu leur situation changer du tout au tout. On les a d’abord informés que les fondations de leur maison devaient être refaites, mais ce n’est plus le cas désormais. Le président de la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP), Yvon Boivin, explique cette «zone grise».

«Il y a des gens qui se retrouvent dans une zone grise parce que les tests de pyrrhotite ont été révisés. Pourquoi? Parce qu’il y avait des paramètres erronés dans les premiers calculs qui ont été faits. L’entreprise qui a fait les tests ne connaissait pas la recette de béton qui avait été utilisée par Béton Boisvert alors que les autres experts avaient la recette», indique M. Boivin.

«Le laboratoire qui a fait les tests erronés est arrivé après coup, poursuit-il. Ils ont dû se réajuster et prendre la bonne recette pour faire leurs calculs. Quand on parle de chiffres extrêmement minimes, chaque paramètre compte et c’est pourquoi le taux de pyrrhotite varie beaucoup. C’est pourquoi un calcul de 0,23 initialement peut maintenant être un 0,16.»

M. Boivin rappelle que le 0,23 est le taux de pyrrhotite reconnu par le juge lors du jugement.

«Le juge, avec les cas qu’il y a eu dans le jugement, en est arrivé à la conclusion qu’à partir de 0,23 il y a des dommages et il faut réparer les fondations. Dans certains cas, des gens se sont fait dire qu’il fallait refaire les fondations et maintenant, ce n’est plus le cas.»

Des propriétaires en attente

Toutefois, cela ne veut pas dire que les gens dans la «zone grise» n’auront pas de problèmes dans l’avenir. Selon Yvon Boivin, il s’agit même de la pire situation pour quelqu’un qui veut vendre sa maison.

«Je me mets à la place d’un acheteur et personne ne veut acheter ça, illustre-t-il. Pour quelqu’un qui veut garder sa maison, ce sera de mettre la maison sous surveillance et attendre qu’il y ait plus d’expertises qui soient faites. Le gouvernement entend réviser la norme, ils sont en processus. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. Évidemment, on demande à ce que les autorités gouvernementales révisent la norme le plus rapidement possible.»

Dans les deux cas, les propriétaires doivent s’armer de patience.

«Malheureusement, ce dossier-là, c’est le supplice de la goutte pour les gens parce qu’il n’y a rien qui se fait rapidement. Ça fait 6 ans qu’on fait des démarches pour ça et on ne verra pas l’argent avant 2 ans», souligne le président de la CAVP.

La bonne nouvelle dans tout ça

Les cas de la «zone grise» feront l’objet du prochain jugement. Et bien que la situation soit fâcheuse, c’est tout de même une bonne nouvelle dans le contexte actuel.

«Si la firme d’experts n’avait pas réajusté ses calculs, elle se serait fait débouter en Cour parce que les avocats auraient dit que la firme n’a pas utilisé la bonne recette de béton, explique Yvon Boivin. Et là, le juge aurait pris connaissance de ça et aurait dit que les propriétaires touchés ne seraient pas indemnisés. Ces propriétaires-là se seraient ramassés avec pire encore. C’est un malheur qui arrive, mais c’est préférable que ça arrive avant le jugement. Dorénavant, c’est certain que toutes les firmes d’experts vont avoir le même calcul.»