Pyrrhotite : il répare sa maison sans la soulever

PYRRHOTITE. Victime de la pyrrhotite, un entrepreneur de Trois-Rivières a réparé les fondations de sa maison sans devoir la soulever.

Ses planchers étant exempts de pyrrhotite, Ronaldo Tremblay a développé une technique lui permettant de soutenir la maison pendant qu’il a cassé et remplacé le béton dans le solage et l’empattement (souvent appelé footing, base de béton sur laquelle le solage est coulé).

«J’ai fait tous les travaux à partir de la structure. Étant donné que les planchers étaient bons, je pouvais me soutenir sur les planchers, explique-t-il. Pour faire comme moi, ça prend un plancher exempt de pyrrhotite. J’ai bâti un mur de soutien tout autour de la maison. Ça permettait de soutenir la maison, mais aussi d’empêcher que les débris entrent dans le sous-sol. »

«J’ai aussi installé des supports à des endroits stratégiques, ajoute-t-il. Le mur de soutien a servi à ce que la maison ne bouge pas et, en même temps, il a servi pour faire les formes pour couler le nouveau solage. Une fois le mur bâti, j’ai cassé les fondations.»

Pour défaire le solage et les assises, M. Tremblay s’est muni d’une excavatrice conçue pour effectuer la tâche à partir du niveau du sol. «J’ai modifié les nouvelles fondations en bâtissant des murs nains et en insérant les fenêtres dans une charpente en bois, mentionne l’entrepreneur. Je n’ai pas non plus défait la brique, sauf les trois premiers rangs pour permettre de couler le solage. Pour la finition du sous-sol, je n’ai eu qu’à refaire les murs de contour.»

M. Tremblay venait tout juste de prendre sa retraite quand il a appris que sa maison avait de la pyrrhotite. «On a voulu vendre la maison en 2012, raconte-t-il. À la suite d’une promesse d’achat, on a fait faire le test de pyrrhotite et c’est là qu’on s’est aperçu qu’on en avait. On voulait vendre la maison pour profiter de notre retraite en voyageant. L’argent de la vente de la maison devait servir pour les voyages. On a été obligé de mettre notre projet sur la glace parce qu’on a dû prendre une deuxième hypothèque sur la maison.»

Refusant de s’avouer vaincu, M. Tremblay ne s’est pas laissé abattre. Il a relevé ses manches et s’est mis au travail. Il a repris sa licence d’entrepreneur et a commencé à élaborer plusieurs plans. À l’été 2015, il a commencé les travaux. Pendant toute la durée de ceux-ci, lui et sa conjointe habitaient la demeure.

De grosses économies

Quatre mois plus tard, tout était complètement terminé. M. Tremblay a investi plus de 1 400 heures de travail et environ 175 000 $ au total. «Les travaux étaient estimés à 235 000 $, si j’avais fait affaire avec une compagnie, dit-il. On a sauvé beaucoup d’argent. On avait aussi obtenu une subvention de 75 000 $ pour réparer la maison.»

Maintenant qu’ils ont tourné la page sur toute cette histoire de pyrrhotite, le couple a remis en vente sa maison. «Il y a eu quelques visites depuis, mais rien n’a abouti. Le fait qu’il y a déjà eu de la pyrrhotite, je pense que ça apeure les gens, même si c’est réparé. J’ai les papiers des fournisseurs de béton avec les certifications et tout ce qu’il faut pour prouver que le béton est conforme. Ce sont ces papiers-là qui sont présentés aux potentiels acheteurs. Mais on dirait que le simple fait de prononcer le mot pyrrhotite ferme automatiquement la porte», conclut-il.