Pyrrhotite: encore de la méconnaissance au sein de la population
PYRRHOTITE. La Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite (CAVP) encourage les victimes de la pyrrhotite à s’inscrire au programme donnant accès à de l’aide financière pour effectuer les travaux nécessaires sur leur maison.
«L’année dernière, seulement 10 millions $ ont été dépensés pour aider des victimes. C’est 5 millions $ de moins que l’année d’avant. Cela fait en sorte que nous avons 27 millions $ dans nos coffres pour soutenir les victimes dans leurs travaux, mais pour les aider, il faut que des tests de pyrrhotite soient faits sur les maisons», souligne Alain Gélinas, président de la CAVP.
«Des victimes disaient, l’an passé, qu’elles n’étaient pas pressées à s’inscrire vu qu’il y avait encore pas mal d’argent dans le programme. Mais là, plus de gens s’inscrivent. Il y a environ 150 maisons inscrites à Trois-Rivières seulement en ce moment», ajoute-t-il, précisant que les travaux sont effectués sur environ 200 maisons chaque année.
D’après les résultats d’un sondage mené par la CAVP auprès de 200 répondants, plusieurs éléments font en sorte que les propriétaires d’une maison à risque retardent la réalisation de leurs tests de pyrrhotite.
Le coût des tests de pyrrhotite a été relevé à plusieurs reprises comme un obstacle. Certaines victimes retardent aussi le test, car ils ne constatent aucun problème apparent sur les fondations. D’autres victimes habitant un semi-détaché se voient refuser la réalisation de travaux par leur voisin.
«On voit encore du déni. Une personne nous a déjà contactés pour que l’on puisse convaincre son conjoint de l’importance de faire faire les tests de pyrrhotite, car il refusait, raconte M. Gélinas. Il n’y a pas un seul agent d’immeuble qui voudra vendre une maison à risque d’avoir de la pyrrhotite sans que les tests ne soient faits au préalable.»
Par ailleurs, certaines victimes ont mentionné ne pas avoir la capacité physique ou morale pour donner suite à ce dossier et les travaux qui en découlent.
Des 200 personnes interrogées, le tiers n’avait pas encore fait faire leurs tests de pyrrhotite.
De bonnes nouvelles malgré tout
Plusieurs surprises attendaient l’équipe de la CAVP à la lecture des résultats du sondage. Il appert notamment que 50% des maisons testées pour la pyrrhotite ont reçu un diagnostic positif de pyrrhotite.
«C’est en quelque sorte une bonne nouvelle, car on pensait que ce serait beaucoup plus, de l’ordre de 80% des maisons testées environ», précise M. Gélinas.
Environ 8000 permis de construction auraient été émis entre 1996 et 2008, la période touchée par la pyrrhotite en Mauricie. D’après les résultats des tests de pyrrhotite, environ 3000 à 4000 maisons pourraient contenir de la pyrrhotite sur le territoire concerné en Mauricie.
Également, le taux de satisfaction à l’égard de la Coalition d’aide aux victimes de la pyrrhotite s’élève à près de 86%.
2018 sera occupée
L’année 2018 ne sera pas reposante pour l’équipe de la CAVP. L’organisme entend poursuivre et accentuer ses efforts pour encourager les propriétaires à faire faire leurs tests de pyrrhotite et à s’inscrire au programme d’aide financière si leur maison contient de la pyrrhotite.
Le plan d’action prévoit aussi de déterminer comment aider davantage les victimes situées dans la zone grise, demander au gouvernement du Québec de continuer les recherches amorcées sur le béton, continuer les échanges d’informations avec les homologues du Connecticut, également affectés par la pyrrhotite, et de maintenir les échanges avec les divers laboratoires impliqués dans ce dossier.
Une rencontre avec la ministre Lise Thériault est aussi dans les plans. Il ne resterait qu’à s’entendre sur la date.
La CAVP devra aussi poursuivre ses efforts pour informer la population au sujet de la pyrrhotite, car une certaine méconnaissance du dossier subsiste dans la région.
«Je ne pensais pas qu’on en reparlerait encore huit ou neuf ans plus tard. On ne veut pas arrêter. On veut aider tout le monde. On constate qu’il y a encore une méconnaissance. Par exemple, beaucoup pensent que ça coûte entre 5000$ et 10 000$ pour faire les tests de pyrrhotite, mais ce n’est pas le cas. Des gens qui vendent leur maison sont encore surpris de se faire demander si un test de pyrrhotite a été fait», relate le président de la CAVP.
«On se demande s’il y a un essoufflement ou si ce sont les victimes qui restent qui ne veulent pas aller plus loin dans les démarches», conclut-il.