Projet d’exportation mondiale pour Waste Robotics

L’entreprise trifluvienne Waste Robotics, qui développe des systèmes robotisés intelligents pour le tri des matières résiduelles, part à la conquête du marché mondial. Fondée en 2016 à Trois-Rivières, elle a déployé jusqu’à présent une quizaine de ses systèmes à travers le monde. Mais elle voit plus grand. Bien plus grand.

Dans la prochaine année, l’entreprise fera face à un énorme défi de croissance et d’exportation. « Ça fait deux ans qu’on est en phase de commercialisation et là, on est rendu à la phase d’exportation, mentionne Eric Camirand, président-directeur général de Waste Robotics. On est rendu à l’étape de se faire connaître. »

Dans les prochains mois, ce dernier participera à plusieurs salons et événements en Europe et en Asie, notamment. « Point de vue événementiel, ce sera notre plus grande année, soutient M. Camirand. On va participer à dix expositions un peu partout dans le monde. »

Présentement, on retrouve les systèmes de Waste Robotics en Australie, en France, aux États-Unis et au Canada. Au Québec, on en compte notamment un à Montréal. « On est en négociation pour une implantation en Afrique du Sud, ajoute M. Camirand. Il y aura aussi des annonces sous peu de deux MRC au Québec qui ont adopté notre système de collecte en sacs. » 

« On est vraiment dans un défi de croissance, renchérit-il. Notre courbe de croissance est doublée chaque année. Le marché est mondial dans notre domaine. Et la main-d’oeuvre est manquante partout. Notre terrain de jeu est énorme. »

Au cours de la prochaine année, l’entreprise souhaite également augmenter sa rapidité de production. « On veut aussi s’assurer d’avoir un inventaire assez grand pour fournir plusieurs systèmes », précise Yannick Bernier, vice-président aux opérations. 

Pour soutenir sa croissance, l’entreprise prévoit embaucher 10 à 15 personnes à court et moyen terme. Dans la dernière année, Waste Robotics est passée de 12 à 25 employés.

Une technologie adaptée aux besoins

Waste Robotics s’est établie à Trois-Rivières en 2016 avec l’idée de régler un problème dans les centres de tri. « Les centres de tri ont des problèmes de main-d’oeuvre considérables. Les gens ne veulent pas faire ça, alors la qualité du tri est mauvaise et le taux de capture est vraiment bas. Les coûts montent tout le temps et l’efficacité globale n’est pas là. On est donc arrivé avec une solution robotique qui peut travailler 24/7 », explique M. Camirand. 

La technologie développée dans la région s’adapte aux besoins du client. Par exemple, le robot peut ramasser du plastique pendant deux ans et être reprogrammé par la suite pour ramasser un autre type de matière recyclable. Il peut également faire le tri de sacs contenant des matières compostables ou encore trier des matériaux comme le bois et la brique.

« On a une technologie qui utilise l’intelligence artificielle, précise M. Camirand. On est capable de reprogrammer le robot pour qu’il puisse faire d’autres tâches que celle prévue initialement. Les clients cherchent des taux de capture dans les 90-95 % avec d’excellents taux de pureté. Une bonne capture permet d’éviter l’enfouissement, qui coûte quelque chose, et de vendre les produits recyclables triés à des entreprises pour transformation. Plus le tri est efficace, plus c’est payant. »

Dans ses locaux à Trois-Rivières, Waste Robotics développe les logiciels des robots et entraîne ceux-ci pour qu’ils soient très performants avant d’être installés chez les divers clients aux quatre coins du globe. 

« On ne fait pas de bras robotiques, on les achète, indique le PDG de l’entreprise. Ce qu’on fait, c’est la main et le cerveau du robot. On a plusieurs types de mains (sortes de pinces). On en a, entre autres, à succion et pour piquer. On a aussi une caméra hyperspectrale capable de voir la chimie des matériaux et ainsi classer dans des bacs différents des pièces a priori identiques. »

« Nos robots peuvent aussi ramasser des sacs, poursuit ce dernier. À certains endroits, il n’y a pas de bac noir, bleu ou brun. C’est un bac et à l’intérieur de ce bac, il y a des sacs de vidanges, des sacs de matières compostables et des sacs pour les matières recyclables. C’est le robot qui fait la distinction entre les sacs. »

D’ailleurs, pour ce type de tri, Waste Robotics vient de vendre cinq robots au Québec dans deux MRC. « On va voir pour la première fois des robots à sacs au Québec », se réjouit M. Camirand. 

Un modèle d’affaires évolutif

Dans le monde, Waste Robotics est l’une des seules entreprises à offrir des robots de tri de ce genre. « On est seulement 5-6 joueurs, mentionne M. Camirand. Dans les matériaux lourds comme le bois et la brique, on est seulement deux. »

L’entreprise se démarque également par son modèle d’affaires qui est très évolutif. « On licence nos droits de fabrication à d’autres fabricants. Les gens peuvent donc fabriquer nos machines eux-mêmes. Par exemple, en France, notre client bâtit sa machine dans son usine en fonction des plans qu’on lui envoie. On pousse ensuite le logiciel dedans. La machine est en vie, il la vend et il fait le service après-vente, explique M. Camirand. De cette façon, on est capable de faire une expansion mondiale plus rapide plutôt que de tout fabriquer ici, mettre ça dans des boîtes et envoyer ça. »

L’entreprise est en train de se développer un réseau de gens capables de fabriquer ses machines. « On en a un en France et un autre en Australie, qui est en test. On en a aussi en Scandinavie et aux États-Unis. Le prochain, c’est l’Asie », laisse tomber M. Camirand.

Un déménagement à venir

L’an prochain, l’entreprise déménagera dans le parc industriel 40-55 afin d’avoir plus d’espace pour ses opérations. « On a 7 000 pieds carrés ici. On manque vraiment de place, soutient Denys Kane, directeur général. On va déménager en 2024 dans nos nouveaux locaux où on aura 15 000 pieds carrés, ce qui nous permettra d’avoir plus de lignes de productions. » Waste Robotics sera alors voisine d’Excelpro.