Projet de logements sociaux au bureau de poste: Blanchet veut qu’on y réfléchisse
Le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, croit qu’on devrait pousser plus loin l’analyse d’un projet de construction de logements sociaux dans l’édifice du bureau de poste au centre-ville de Trois-Rivières. Il dénonce au passage un autre empiètement du gouvernement fédéral dans un champ de compétence provinciale.
De passage à Trois-Rivières, M. Blanchet a fait référence à la visite de trois ministres libéraux hier à l’UQTR qui n’avaient rien de nouveau à annoncer, mais qui ont résumé des annonces budgétaires faites ces dernières semaines, plus particulièrement celles touchant les jeunes.
« Hier on a vu trois ministres fédéraux venir ici et ultimement répéter ce que le gouvernement répète depuis des semaines. Ça fait des semaines que le gouvernement préannonce, annonce et « post-annonce » les mêmes annonces en matière de logement social, qui pourtant est une juridiction québécoise, dans laquelle Ottawa devait prendre l’argent, envoyer l’argent au Québec qui devrait le faire descendre le plus vite possible vers les municipalités qui sont les maîtres d’œuvre. »
La réflexion doit être approfondie et faire l’objet d’une action concertée, le cas échéant, selon M. Blanchet.
« L’utilisation d’un immeuble patrimonial fédéral qui peut être converti en logement social, c’est une opportunité qui ne fait pas totalement consensus mais qui mérite assurément une analyse. Il y a une entrée plus légitime du gouvernement fédéral dans l’enjeu du logement social. Mais l’autorité, l’ordre de gouvernement de proximité qui est le mieux placé pour faire sortir de terre rapidement le logement social, c’est le municipal. Alors qu’il y ait des discussions, mais à condition que ce ne soit pas un facteur de ralentissement. Ces gens-là vivent dans l’urgence. »
Les coûts reliés à la préservation d’un tel bâtiment patrimonial, évoqués par le maire de Trois-Rivières, Jean Lamarche, ne semblent pas freiner l’élan du chef bloquiste.
« Un bâtiment patrimonial a toujours une valeur en soi. Un bâtiment patrimonial ne devrait pas être toujours réservé à des beaux projets où l’élite ira faire les gorges chaudes. Qu’on utilise un bâtiment avec un caractère patrimonial pour des gens qui sont démunis et qui sont en difficulté, moi ça me touche. Je trouve ça intéressant. Oui, il y aura des coûts, et il est évident que pas plus Trois-Rivières que n’importe quelle autre municipalité au Québec n’est capable d’absorber ça seule. Ottawa devra, comme d’autres le font, souvent pour des églises, accompagner la cession de l’immeuble de l’argent pour préserver le caractère patrimonial de cet immeuble-là. C’est une opportunité. Ça ne doit pas être un facteur de division mais bien un facteur de concertation. »
Il craint cependant que cet enjeu se transforme en promesse électorale non-tenue.
« J’espère que le budget fédéral qui mentionne le bureau de poste ici à Trois-Rivières ne sera pas quelque chose dont on va avoir parlé une fois, puis ça va devenir une promesse électorale, puis une autre promesse électorale. Faisons-le, faisons-le vite. Une concertation avec la Ville me semble urgente. »
La ministre du Revenu national, Marie-Claude Bibeau, a effectivement évoqué hier cette possibilité parmi d’autres.
« Notre gouvernement propose des terrains. Avec le Plan pour l’usage des terrains publics à des fins résidentielles, on va convertir des terrains publics, comme des tours à bureaux, des parcs de stationnement, qui sont sous-utilisés en ce moment, en immeubles locatifs. On regarde attentivement les propriétés de la Défense nationale, de Postes Canada pour louer, céder, réaménager des terrains qui ont un potentiel élevé de logements. »
Le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et député de Saint-Maurice-Champlain, François-Philippe Champagne, a apporté des nuances, en réponse à la question d’un journaliste, spécifiant qu’il n’y avait pas encore de projet précis pour la conversion du bureau de poste de Trois-Rivières.
« Je pense qu’il était donné plus comme un exemple de sites fédéraux qu’on pourrait convertir. La façon exacte dont l’édifice pourra servir, c’est à définir. On travaille avec le maire de Trois-Rivières, on est en train de voir la meilleure façon de faire. C’est sûr qu’on le cèdera, mais à des fins qui serviront la communauté. »
TGF
Yves-François Blanchet a aussi abordé le dossier du train à grande fréquence, un projet qui date de près de dix ans et qui pourrait figurer au menu de la prochaine campagne électorale fédérale.
« Depuis 2015 on parle de train à grande fréquence à Trois-Rivières, mais on n’a jamais vu le début de la patente. Nous avons eu une brève conversation et nous aurons une conversation plus étoffée avec Martin Imbleau de la division de Via qui s’occupe spécifiquement de ce qu’il ne veut pas appeler un train à grande fréquence. Sa vision est assez proche de celle que le Bloc véhicule depuis tellement d’années, une technologie contemporaine tournée vers l’avenir pour que ça ait vraiment un impact sur le transport collectif et un incitatif important sur le transport collectif. »
M. Blanchet croit cependant que ce dossier est devenu trop politisé au fil du temps.
« Le principal critère pour que le dossier avance, c’est que quand il y a des annonces de faites, il n’y ait pas un sacré politicien. Que M. Imbleau et Via rail fassent leurs annonces en fonction des vertus du projet et qu’on arrête de dire qu’il faut que M. Champagne soit là pour sautiller à côté et dire: « C’est nous, c’est nous », ou même quelqu’un de Québec. Les municipalités, je comprends, compte tenu des enjeux. Il faut dépolitiser ce projet-là qui est discuté depuis déjà neuf ans, pour lequel rien ne s’est produit. Travaillons de façon sérieuse avec des gens sérieux, et parfois, quand on est constamment en pré-élection, il faut tasser les politiciens. »