Pour un meilleur portrait de l’état de l’habitation de la ville
Le comité sur l’aménagement du territoire recommande à la Ville de Trois-Rivières d’aller de l’avant dans la mise en place d’une politique d’habitation sur le territoire.
«Cette politique viendrait définir que ce qu’on veut comme habitation à Trois-Rivières. On ne veut pas voir de quartiers mourir après 15 ans. C’est aussi une belle occasion d’aborder la question du logement social et abordable dans un contexte de mixité, avance Claude Ferron, conseiller du district des Rivières et président du comité sur l’aménagement du territoire. Là, ça se développe beaucoup. Il faut réfléchir au développement si on veut éviter que ça ne fasse que des quartiers avec des maisons identiques sans que le milieu de vie autour ait été réfléchi.»
La politique d’habitation donnerait l’occasion à la Ville de compter sur un portrait précis de l’habitation sur le territoire et de caractériser l’offre en matière d’habitation. Après avoir dressé un portrait complet de l’état de l’habitation à Trois-Rivières, des actions pourront être intégrées et chiffrées.
«Il y aura une crise démographique dans quelques années à Trois-Rivières. En 2030, le tiers de la population aura 60 ans et plus. C’est un enjeu qu’on ne peut pas renier. Beaucoup de personnes âgées quitteront leur nid familial. Où iront-elles? Est-ce que ça viendra vider des quartiers? Comment peut-on renforcer l’identité des quartiers? On travaille déjà sur l’identité des différents quartiers, mais la politique pourra venir travailler sur tous ces enjeux», ajoute M. Ferron.
«La Ville a également un impact en ce qui a trait à l’accès à la propriété. On le voit dans le Bas-du-Cap où le programme fonctionne très très bien, poursuit-il. Certains quartiers revivront dans les prochaines années. La politique d’habitation pourrait aussi favoriser, par exemple, des rénovations écoresponsables, l’accessibilité universelle en augmentant l’aide, etc. Ce sera l’occasion d’y penser.»
Taux d’inoccupation: situation précaire
La politique d’habitation permettrait aussi d’encadrer la qualité des logements et d’avoir un meilleur portrait de l’état des immeubles locatifs de Trois-Rivières, surtout quand on considère le faible taux d’inoccupation des logements en ce moment.
«Le taux d’inoccupation est présentement à 1,3% à Trois-Rivières. C’est très précaire, rappelle Carol-Ann Côté, coordonnatrice d’Info Logis Mauricie, considérant que le seuil de balance est établi à 3%. Ça entraîne plus de discrimination dans le choix des futurs locataires, car le bassin de loyers disponibles est faible. On suit aussi la tendance des rénovictions d’un œil.»
Info Logis Mauricie constate des hausses de loyer abusives à Trois-Rivières, mais essentiellement lorsque des appartements se libèrent et deviennent vacants. Dans d’autres marchés, comme Montréal, des propriétaires offrent des sommes importantes à des gens qui occupent un logement depuis plusieurs années afin de pouvoir augmenter le prix mensuel du loyer de façon importante.
«La tendance risque de se poursuivre quant à la hausse des prix des loyers quand on pense à la surenchère actuelle sur le marché immobilier. On réalise aussi que les gens connaissent peu la clause G sur le bail», précise Mme Côté.
Cette clause G doit être remplie par le propriétaire qui y inscrit le montant que payait l’ancien locataire de l’appartement. «Si vous quittez un logement et que vous souhaitez que les futurs locataires sachent le loyer mensuel qui était payé, on invite les gens à laisser le bail dans l’appartement en quittant», ajoute-t-elle.
«Il existe aussi des recours quand on voit qu’il y a eu une hausse abusive entre deux locataires sans raison valable apparente. Les gens ont environ une dizaine de jours après la signature du bail pour contester le prix du loyer. C’est alors envoyé au Tribunal administratif du logement [NDLR : anciennement la Régie du logement]», explique Mme Côté.