Pour augmenter la productivité des plants de pot

CANNABIS. Une entreprise trifluvienne qui fabrique des probiotiques pour plantes a dans sa mire les producteurs de marijuana. Biotechnologies Ulysse a développé un consortium bactérien sous forme liquide qui permet d’accroître la productivité des plants.

Un seul plant de marijuana peut rapporter entre 1500 et 2000$. Avec le produit développé par Biotechnologies Ulysse, les producteurs peuvent s’attendre à une augmentation d’environ 10% du produit final vendu par plant. Une hausse synonyme de plusieurs millions de dollars de profits supplémentaires.

«On a fait des calculs avec un producteur de marijuana canadien et, selon nos calculs, ça lui rapportait environ 5 M$ de plus avec seulement une productivité augmentée de 10 %», indique le président de la compagnie, Yves Hurtubise.

Déjà, Biotechnologies Ulysse  est en contact avec plusieurs producteurs légaux de marijuana, surtout dans l’Ouest canadien et à la frontière de l’Ontario. «Au cours de l’année, on fera aussi des essais aux États-Unis, ajoute M. Hurtubise. On est moins de 10 petits joueurs au Canada et on est peut-être 4 au Québec. Dans le marché du cannabis médical, on est seul au Canada et deux en Amérique du Nord.»

Au-delà du débat sur la légalisation de la marijuana, M. Hurtubise mise sur la qualité du produit qui sera consommé. «Qu’on soit pour ou contre, ce sera au moins un produit de qualité, sans pesticides et sans produits chimiques, dit-il. On remplace l’utilisation de produits chimiques par l’utilisation de bactéries qui vont aider à favoriser la croissance des plantes sans mettre des entrants qui seront dangereux pour l’environnement ou pour la santé des gens. Ce sera un produit de meilleure qualité qui risque de moins nuire aux consommateurs. Ce sera déjà ça.»

Multiples utilités

Fondée il y a deux ans, l’entreprise utilise également des bactéries pour toutes sortes de plantes et pour différentes applications environnementales. Par exemple, le consortium bactérien peut servir à dépolluer des cours d’eau et des milieux humides. Un autre volet est la productivité des plantes et la protection de celles-ci contre des maladies. Par la même occasion, cela permet de normaliser la production et d’éviter ainsi les gros écarts de fluctuation.

«On est attendu pour la production de marijuana, mais aussi pour la culture de tomates et de fines herbes. On discute aussi avec un partenaire de l’Europe», mentionne le président de l’entreprise.

Ces probiotiques pour plantes, on les retrouve un peu partout dans l’environnement. «On va commencer par prendre des échantillons de sols et de plantes pour des analyses. On va isoler les différents micro-organismes et on va les caractériser. On fait ensuite une série de tests pour voir ce que les bactéries sont capables de faire», énumère le directeur du développement scientifique appliqué, François Gagné-Bourque.

«On peut avoir 500 bactéries au départ et terminer avec une dizaine qui ont du potentiel, ajoute ce dernier. On croit beaucoup à la notion de consortium. Ce n’est pas seulement une bactérie pour une plante. On cherche plutôt à avoir un groupe de bactéries pour avoir un effet commun plus grand. Notre travail, c’est de trouver quelles bactéries sont compatibles ensemble, quelle quantité appliquée et à quelle fréquence.»

À la fin du processus,  Biotechnologies Ulysse obtient un liquide brun qui sera dilué dans l’eau par le producteur. Ce liquide est concentré environ 1000 fois. «Donc, avec un litre de produit, le producteur fait 1000 litres prêts à l’usage», précise M. Gagné-Bourque.

Attachés à la région

Malgré que le marché de l’entreprise soit international, l’équipe de Biotechnologies Ulysse tient à demeurer dans la région. «On croit à la région et on a de bons appuis de partenaires. On travaille notamment avec un spécialiste en génétique à l’UQTR. Grâce à lui, on va introduire une méthode qui nous permettra d’effectuer nos tests plus rapidement. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on veut rester ici et on veut grandir l’entreprise ici», conclut Yves Hurtubise.