Plus de la moitié des familles laissées pour compte

FAMILLE. Le 22 juin 2016, le gouvernement du Québec a annoncé une nouvelle mesure pour soutenir financièrement les familles d’enfant lourdement handicapé. Cependant, les parents dénonçaient aujourd’hui le manque d’accessibilité au programme «Supplément pour enfants handicapés nécessitant des soins exceptionnels».

Malgré que les Regroupements d’organismes de personnes handicapées du Centre-du-Québec et de la Mauricie soulignent l’excellente initiative que représente ce programme, ils mentionnent que les critères, principalement établis par des médecins et spécialistes du ministère de la Santé et des Services sociaux et de Retraite Québec, sont beaucoup trop sévères.  À ces critères s’ajoutent, selon eux, une  «bureaucratie excessivement lourde et une interprétation des documents très subjective».

Le nouveau programme fait profiter 900 familles, alors que 2700 demandes ont été enregistrées, selon les statistiques de la mi-novembre. Les régions de la Mauricie et du Centre-du-Québec comptent plus de 1400 familles avec au moins un enfant handicapé.

«Nous demandons au ministre Barrette de revoir sa mesure de façon plus inclusive, ceci afin de permettre aux familles de demeurer ce qu’on appelle des familles», lance Lyne Sergerie, directrice de l’Association des parents d’enfants handicapés.

Des parents épuisés de se battre

Martin Houle, parent d’une jeune fille handicapée et président de l’Association fiers parents, explique que la documentation explicative pour une demande pour la nouvelle allocation comporte pas moins de 30 pages.

De plus, des rapports confirmant le handicap de l’enfant doivent être fournis. Les douze rapports postés par M. Houle ont été refusés, car ceux-ci ne seraient pas assez récents.

«Chaque rapport de professionnels coûte de deux à trois cents dollars à produire, témoigne M. Houle. Ma fille a été diagnostiquée avec une déficience mentale qui ne s’efface pas, qui ne se guérit pas. Elle a fait une hémorragie cérébrale à deux semaines de vie. Son cerveau est brisé, et le gouvernement continue à se demander si elle fait partie des critères», poursuit-il.

Le fait de ne pas rencontrer un des seuls critères sur les sept imposés pour avoir droit à l’aide financière résulte d’un rejet de la demande. Parmi ces critères, être apte à avoir un contact visuel ou faire «bye bye» de la main est considéré comme de la communication et l’enfant ne sera pas jugé comme lourdement handicapé.

L’aide financière accordée par le programme «Supplément pour enfants handicapés nécessitant des soins exceptionnels» est de l’ordre de 947$ par mois, administrée par Retraite Québec. Elle est indexée tous les mois de janvier, n’est pas imposable et ne tient pas compte du revenu familial.

Les parents refusés reçoivent une prestation de base pour personnes handicapées de 189$ par mois. Au Québec, plus de 40 000 enfants ont reçu cette aide en 2016, une croissance de 28% depuis 2005.