Pédaler pour mieux étudier

ÉDUCATION. Un esprit sain dans un corps sain: l’Université du Québec à Trois-Rivières y croit. Partant de cette prémisse que l’activité physique prédispose à un meilleur apprentissage, l’institution démarre, cet automne, un projet visant à accompagner une vingtaine d’étudiants désireux de combiner éducation physique et travail intellectuel.

D’une durée de neuf semaines, celui-ci est piloté par le Service aux étudiants, en collaboration avec le département de kinésiologie. Deux groupes d’une dizaine d’étudiants se rendront une fois par semaine à la clinique de kinésiologie pour une période d’exercice et d’étude semi-encadrée, d’une durée de deux heures.

À travers ce projet, une recherche sera également menée afin d’évaluer si certaines activités physiques semblent plus efficaces pour favoriser la concentration de l’étudiant, et quel niveau d’intensité ou durée privilégier pour obtenir un rendement optimal.

«Dans la littérature, il est question d’une séance d’activité physique de 20 à 30 minutes. Sous ce seuil, les effets seraient moindres et au-delà, la fatigue s’installe. C’est pourquoi nous voulons miser sur une intervention modulable», indique Charles Tétreau, directeur de la clinique de kinésiologie.

Éliane Nadeau, stagiaire en kinésiologie, accompagnera les participants et collaborera à l’élaboration du plan d’entraînement. «On proposera probablement une demi-heure fixe d’activité physique encadrée, suivie d’une période d’étude équivalente. Le restant de la séance pourra être très flexible. Chaque participant sera libre de retourner en salle d’entraînement ou de poursuive ses études dans le local réservé à cette fin.»

Bon pour tous

Le concept est né des besoins manifestés par les étudiants en situation de handicap faisant affaires avec le Service aux étudiants de l’UQTR. Du lot, plusieurs sont atteints d’un trouble du déficit de l’attention (TDA et TDAH) et réclamaient une place pour étudier et bouger.

«De plus en plus, nos étudiants ont besoin d’être en mouvement, explique Marie-France Larochelle, orthopédagogue et conseillère auprès des étudiants en situation de handicap. Être assis longtemps pour étudier, c’est difficile, tout comme trouver l’environnement idéal pour se concentrer. Ils souhaitaient donc avoir accès à un lieu où il leur serait difficile de faire autre chose que bouger et étudier.»

C’est au cours des deux dernières sessions qu’ont été jetées les bases du projet actuel. Au départ, seuls les étudiants en situation de handicap étaient ciblés, contrairement à cet automne. Ils avaient accès à une grande salle au centre d’activité physique et sportive, où ils pouvaient notamment utiliser des vélos stationnaires convertis par le département de génie mécanique en vélos-pupitres. «Ça leur permettait de dépenser de l’énergie tout en étudiant, mais l’endroit n’était pas optimal car les distractions y étaient trop nombreuses», admet Marie-France Larochelle.

En le déménageant dans la clinique de kinésiologie, ces sources de distraction seront passablement atténuées, car les lieux sont plus petits et un local adjacent à celui de l’entraînement sera réservé à l’étude. L’environnement sera donc vraiment propice à l’expérimentation, tant du côté des participants que des kinésiologues impliqués.

«On leur suggérera des activités et on sera là pour les conseiller. L’idée est d’amener chacun des participants à trouver la bonne stratégie pour maximiser son niveau de concentration», indique Éliane Nadeau.

«On veut outiller nos étudiants de sorte que l’apprentissage actif devienne une façon naturelle d’étudier, intégrée dans leur mode de vie», conclut Mme Larochelle, qui envisage la possibilité, à plus long terme, d’incorporer au projet l’expertise d’autres départements.

Pour information: eliane.nadeau@uqtr.ca. Inscription gratuite. Places limitées.

 

Quelques chiffres

Depuis dix ans, le Service aux étudiants de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) fait face à une montée fulgurante du nombre d’étudiants en situation de handicap: leur nombre est passé de 16, en 2008-2009, à 595 en 2016-2017.