Patrimoine Trois-Rivières devra payer le prix

«Elle leur appartient qu’ils disent? Et bien qu’ils viennent s’asseoir avec nous mais qu’ils apportent leur carnet de chèque car elle n’est pas à donner!»

En entrevue exclusive avec L’Hebdo du Saint-Maurice, Denis Despins ne peut être plus clair: la pierre angulaire découverte dans l’église Saint-Philippe à Trois-Rivières le 30 mai dernier appartient à Excavations Ovila Despins et si Patrimoine Trois-Rivières veut l’avoir, il devra la payer et pas n’importe quel prix.

«Elle est à vendre au plus offrant», déclare d’un ton ferme le copropriétaire de l’entreprise de Shawinigan-Sud.

Propriétaire depuis décembre dernier de l’église Saint-Philippe et du terrain sur lequel elle a été construite, Denis Despins et sa conjointe Silvy Giguère n’entendent pas se faire donner des leçons par des gens qui n’ont qu’eux à blâmer.

«Ça faisait trois ans que cette église là était à vendre quand on l’a achetée. Patrimoine Trois-Rivières n’avait qu’à se lever le matin et mettre ses pantalons. S’ils ont oublié de venir dans l’église chercher des fresques ou la pierre angulaire, ce n’est pas de notre faute.»

L’homme d’affaires veut se faire rassurant auprès de ceux qui craignent de voir cette découverte tombée entre des mains qui n’en connaitraient pas la valeur. Il n’a pas l’intention d’ouvrir le coffre métallique qui a été dissimulé dans une pierre d’ardoise.

«On ne veut pas l’ouvrir car ça va lui enlever de la valeur. Ce n’est pas à nous de l’ouvrir de toute façon», promet-il.

La plus vieille en Amérique du Nord

Cette pierre angulaire serait la plus ancienne du genre en Amérique du Nord. Elle a  tout d’abord été posée dans l’église Immaculée-Conception, à Trois-Rivières, en juillet 1710. Elle y demeurera jusqu’en 1908 alors que le temple religieux est rasé par les flammes. Retirée des ruines, elle est ensuite insérée dans les fondements de l’église Saint-Philippe en 1908.

Le contenu du coffre est évidemment secret mais Silvy Giguère et Denis Depins ne doutent pas de sa grande valeur.

«On pense que le contenu a plus de 1000 ans. Je crois maintenant que le Vatican va aller voir dans ses archives. Ils vont s’apercevoir qu’il y a quelque chose qui traîne quelque part et qu’il faudrait récupérer. Cette pièce est unique et elle appartient à Excavations Ovila Despins», déclare Mme Giguère.

Lorsqu’il a acquis l’église l’hiver dernier, Denis Despins ne savait absolument pas qu’un tel trésor s’y trouvait, encore moins ce qu’était une pierre angulaire. Ce n’est que quelques temps après la transaction que sa conjointe lui révèle qu’une pièce historique de valeur y est cachée. Entretemps, il constate que plusieurs personnes ont accès à l’église et plusieurs biens sont volés.

«Là, on avait un problème. J’ai barricadé l’église de l’intérieur et je n’ai gardé qu’une porte avec une nouvelle serrure. J’ai bien compris qu’il y avait là un trésor inestimable et il y a trop de monde qui le savaient. J’ai dit à mes employés, il faut aller la chercher car on va se la faire voler.»

«C’est nous qui avons mis les efforts»

Denis Despins dit ne devoir rien à Patrimoine Trois-Rivières et qu’il a tous les papiers légaux pour le prouver.

«Patrimoine Trois-Rivières dit que ça lui appartient? Et bien qu’il paie et il va l’avoir. Nous, on est disposé à négocier mais on veut être respecté. On ne lui doit rien et il ne nous doit rien.»

«Quand nous lisons le journal, on cherche à nous rendre coupable comme si on avait commis une faute ou que l’on s’apprêtait à en faire une. On n’est pas sans penser que cette pierre est historique mais il reste que c’est nous qui avons mis les efforts pour la trouver», termine Silvy Giguère.