Ottawa doit reconnaître l’importance de la presse écrite

MEDIAS. Martin Cauchon entretient de grandes attentes envers la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, qui prononcera jeudi une allocution sur l’économie créative, discours qui devrait laisser entrevoir la position d’Ottawa sur une éventuelle aide financière à une industrie médiatique dans la tourmente.

Conférencier invité de la Chambre de commerce et d’industrie de Trois-Rivières (CCITR), le président de Groupe Capitales Médias – propriétaire de six quotidiens régionaux dont Le Nouvelliste – rappelle que les gouvernements viennent en aide au cinéma et à la production télévisuelle mais que rien n’est fait pour la presse écrite dont les revenus publicitaires sont en chute libre.

«Il faut qu’ils reconnaissent l’importance de la presse écrite et du journalisme. Le gouvernement Couillard a fait un premier pas il y a quelques mois mais là, nos yeux sont rivés sur la ministre Joly.» Rappelons qu’en mars dernier, Québec annonçait une aide de 36 millions$ sur cinq ans aux médias régionaux afin de leur aider à négocier le virage numérique.

Une bien maigre contribution alors qu’une coalition regroupant Groupe Capitales Médias, TC Media, Hebdos Québec et Le Devoir demandait à l’origine des crédits d’impôt remboursables pour embaucher des journalistes, la fin de la taxe de recyclage et l’abolition de la TPS et de la TVQ sur les journaux vendus.

Martin Cauchon souligne que les revenus provenant du numérique ne viendront jamais compenser ceux perdus dans le papier. À ce propos, il juge aussi sévèrement Google et Facebook qui utilisent l’inventaire des médias à leur profit. «Je ne suis pas certain que toutes les taxes sont payées au passage», a ironisé celui qui a assumé divers ministères dans les gouvernements Chrétien dans les années 1990.

Le président de Groupe Capitales Médias en profite aussi pour faire appel à la conscience sociale des entreprises locales qui investissent leur budget publicitaire chez ces deux géants, privant d’autant leurs médias de proximité des revenus dont ils ont besoin pour subsister.

Il a rappelé aussi qu’à l’instar de l’ensemble de l’industrie, Le Nouvelliste a dû se réinventer à travers un nouveau modèle d’affaires pour faire face à la tempête. «Avant d’être un journal, nous sommes un producteur de contenus à travers nos différentes plateformes que sont notre site web et notre application», a-t-il lancé avant de préciser que le papier est encore là pour longtemps. Un engagement qui survient alors que La Presse annonçait il y a quelques mois l’abandon totale de sa version imprimée à compter du 1er janvier 2018.

C’est en mars 2015 que Martin Cauchon créait Groupe Capitales Médias pour mettre la main sur six quotidiens régionaux (Le Nouvelliste, La Tribune, La Voix de l’Est, Le Quotidien, Le Soleil et Le Droit) appartenant à Gesca, une filiale de Power Corporation qui ne conservait que le titre de La Presse dans son portefeuille. «Je ne suis pas nono. Je savais que je mettais les pieds dans une industrie en pleine tourmente mais aujourd’hui, on commence à voir devant nous la piste d’atterrissage », image-t-il.