«On est dans le néant»
SAINTE-GENEVIÈVE-DE-BATISCAN. La famille de Sainte-Geneviève-de-Batiscan qui a dû être évacuée de sa maison à la suite d’un glissement de terrain ne sait pas quand, ni même si, elle pourra regagner sa demeure.
La semaine dernière, un agriculteur, qui habite tout près sur le rang des Lahaie, a découvert le glissement de terrain en travaillant dans son champ. C’est une portion de terrain d’environ 100 mètres, située derrière la maison en bordure de la rivière, qui s’est affaissée.
«Le mardi, le cultivateur et la municipalité sont venus voir. Le lendemain, ils sont revenus avec la Sécurité civile. Le jeudi, la Sécurité civile est revenue avec le ministère des Transports. Le vendredi après-midi, j’ai reçu un appel au travail pour qu’on évacue la maison», raconte le père de la famille, Jonathan Bisson.
«On était au travail et les enfants étaient à l’école, poursuit-il. On est venu chercher des vêtements et un peu de choses pour aller habiter ailleurs. On a pu revenir à quelques reprises par la suite pour prendre des choses, tant qu’on ne restait pas longtemps.»
Pour le moment, Jonathan, sa conjointe Nancy et leurs deux jeunes garçons ont été informés qu’ils ne pouvaient retourner dans leur maison pour une période minimale de deux semaines, soit jusqu’au vendredi 9 décembre. «Ils nous ont dit deux semaines, le temps de faire les analyses, indique Jonathan. Ils ont commencé mardi à faire des forages, alors on devrait possiblement avoir des résultats bientôt.»
«On n’a aucune idée à quoi s’attendre, renchérit Nancy. S’il y avait un autre glissement de terrain, ça ne se rendrait probablement pas jusqu’à la maison. C’est ce qu’on nous a dit, mais est-ce qu’on va laisser les enfants jouer dans le fond de la cour? Parfois, ils allaient jouer sur le bord du champ. On leur a fait une piste de BMX derrière la maison sur le bord du champ. C’est embêtant. Ça peut arriver n’importe quand ou ne jamais arriver. On ne le sait pas.»
Des hypothèses, aucune certitude
Le plus difficile pour la famille en ce moment est de ne pas savoir où elle habitera la semaine prochaine, dans un mois et même à Noël. «Pour l’instant, on est vraiment dans le néant. Les assurances ne couvrent pas pour ça», mentionne Jonathan.
Parmi les possibles options pour éviter un autre glissement de terrain, il y a la consolidation du talus. Le déplacement de la maison est également une possibilité, dans certains cas. «Pour ce qui est de renforcer le sol, on nous a dit que ça se fait rarement parce que ce sont des coûts astronomiques. Surtout dans ce cas-ci vu que la zone à travailler est grande. Ce serait peu probable comme option», explique le père de la famille.
Le fait que la maison soit construite sur un sol glaiseux, que le terrain soit en pente et que la rivière coule tout près sont tous des facteurs propices à un glissement de terrain. «Si jamais il faut déplacer la maison ou déménager, une aide gouvernementale nous sera apportée, mais on ne sait pas combien ce sera. On sait que c’est maximum 150 000 $ par contre», précise Jonathan.
«Et même si on a droit à 150 000 $, je doute qu’on soit capable de se retrouver une maison et un endroit comme ça à notre goût à ce prix-là, ajoute-t-il. La piscine est arrivée cet été parce qu’on se disait qu’on était enfin bien installé. Quand j’ai acheté ici, je n’avais aucune idée que c’était sujet à un glissement de terrain et on ne m’en a jamais parlé non plus. Après avoir acheté la maison, j’ai entendu dire qu’il y avait déjà eu un glissement de terrain pas très loin aux alentours de 1870. Avoir su avant, je ne suis pas certain que j’aurais acheté.»
La maison de la famille Houle-Bisson a été construite en 1910. Le couple a multiplié les efforts ces dernières années pour rénover leur demeure. La veille de l’évacuation, Jonathan et son père terminaient l’installation d’armoires.