On entend déjà le train siffler à la gare de Trois-Rivières
TRANSPORT. « Les astres n’ont jamais été aussi bien alignés », a lâché le maire de Trois-Rivières, Yves Lévesque, plus optimiste que jamais d’entendre un train siffler aux portes de sa ville. Mais encore faut-il une gare où arrêter pour prendre les premiers passagers. Deux endroits sont sur la table en ce moment même.
Le maire Yves Lévesque est confiant de voir se confirmer le train à grande fréquence (TGV) censé relier le centre-ville de Montréal à celui de Québec, en passant par la Rive-Nord, ce printemps.
« Le projet devrait vraisemblablement être compris dans le prochain budget fédéral. Il faut donc se préparer en conséquence », a-t-il indiqué, sur un ton enthousiaste, trahissant son sourire.
Il a déjà présenté deux projets à VIA Rail pour l’emplacement de la future gare. L’un concerne l’ancienne gare située en plein cœur du centre-ville et l’autre, le District 55. Chacun de ces endroits possède quelque chose que l’autre n’a pas : le premier, le bâtiment et le second, l’espace nécessaire pour un stationnement.
L’ancienne gare ferroviaire construite en 1924 sur la rue Champflour est la propriété de la ville depuis la fusion municipale. Le dernier train de passagers s’y est arrêté en 1990.
« C’est un choix très intéressant pour la revitalisation du centre-ville. Nous venons d’y investir beaucoup d’argent, entre autres, afin de rénover le centre des congrès de l’hôtel Delta. L’endroit serait d’autant plus stratégique avec les axes routiers à proximité », soutient le magistrat trifluvien.
Il ajoute au passage que la gare est encore dans un bon état. L’intérieur a fait l’objet d’une cure de rajeunissement au cout de 800 000 $ dans les années 2000. L’architecte avait même pris soin de conserver l’aspect patrimonial du bâtiment.
Depuis, les locataires se sont enchaînés jusqu’au départ de Québec en Forme
« Coup du destin, la gare n’est plus occupée aujourd’hui ! », a souligné Yves Lévesque. « Avec le projet du train de retour sur les rails, on va attendre avant de mettre une pancarte à louer ! »
Le district 55 courtise VIA RAIL
De l’autre côté de l’autoroute, le promoteur du District 55, le Groupe Robin, a lui aussi un œil sur le projet. Au quotidien local le Nouvelliste, il a confirmé son intérêt à voir s’installer la gare sur son développement à l’intersection des autoroutes 55 et 40.
Contrairement au centre-ville, dont l’espace de stationnement est le talon d’Achille, le District 55 ne manque pas d’espace. Il s’agit d’un élément non négligeable, soutient le maire Yves Lévesque.
« Des gens vont venir en voiture d’un peu partout aux alentours pour prendre le train en partance de Trois-Rivières. Ça va prendre l’espace », explique-t-il.
La décision finale est désormais entre les mains de la Société d’État.
TGF MONTRÉAL-QUÉBEC
Véritable feuilleton qui s’étire, le développement du fameux corridor Québec-Windsor a fait le tour des manchettes à maintes reprises depuis les années 80, mais sans jamais aboutir. Mais cette fois-ci, c’est la bonne, assure VIA Rail. Le projet a récolté de nombreux appuis du milieu politique et des affaires dans la région. Les avantages sont nombreux : diminution de la congestion routière, gain de temps, réduction des gaz à effet de serre en plus de contribuer au développement économique.
« LE PLUS GRAND CHANTIER DE L’HISTOIRE »
Évalué à 5,25 milliards $, ce projet sera le plus grand chantier en infrastructure de l’histoire de l’entreprise. Le défi technique est tout aussi imposant. À noter que le Canada est le seul pays du G7 à ne pas exploiter un TGV ou un TGF. « En matière de développement durable des transports en commun, le Canada détient l’un des pires bilans des pays industrialisés », soutient le président du Fonds mondial du patrimoine ferroviaire canadien, Denis Allard.
450 MILLIONS À TROIS-RIVIÈRES
Toujours selon Denis Allard, près du tiers du budget alloué au tronçon Montréal-Québec, évalué à 1,5 milliard $, sera investi en sol trifluvien. « Juste pour doter Trois-Rivières d’infrastructure moderne, il faudra compter au moins 450 millions. Des travaux majeurs pour remplacer les passages à niveau par des viaducs ainsi que l’aménagement de passages de piétons devront être réalisés. », a-t-il indiqué. Le TGF entrainera la suppression de 88 des 112 passages à niveau entre les centres-villes montréalais et québécois. Le trajet n’en sera que plus sécuritaire.
45 MINUTES « TROP CHRONO »
Avec le futur TGV, se rendre en plein cœur de Montréal ou de Québec prendra moins de 45 minutes. C’est moins de temps qu’en voiture ! Des gens de l’extérieur de la région pourraient facilement utiliser le train de passagers pour venir y travailler ou le contraire. De quoi faire rêver le maire Yves Lévesque. « Ce sera un moteur de développement économique incroyable », a-t-il lancé. Le TGF prévoit jusqu’à 15 départs par jour en partance des grands centres urbains.
ET L’ACHALANDAGE ?
Dans le corridor Windsor-Québec, on dénombre près de 20 millions de résidents. Plus de 80 % d’entre eux se déplacent en automobile. Pendant ce temps, VIA Rail affiche un déficit pour l’ensemble de ses opérations. Le faible nombre de fréquences constitue le principal obstacle pour les gens qui décident de voyager en train. Le succès de son TGF repose donc sur un temps de parcours amélioré et des tarifs abordables. « Un plus grand nombre de fréquences par jour triplerait l’achalandage pour le porter à 7,2 millions de passagers par année d’ici 2023 », a écrit la société d’État sur son site web. Imaginez le nombre de véhicules en moins sur nos routes!
LE PROJET ENTRE LES MAINS DU GOUVERNEMENT
VIA Rail a déposé son projet et celui-ci fait actuellement l’objet d’une étude du ministre fédéral des Transports. Le TGF devrait vraisemblablement figurer dans le prochain budget du gouvernement.