Newton, une présence rassurante au Cégep de Trois-Rivières

Il a été la vedette incontestable de la rentrée 2023 au Cégep de Trois-Rivières: le chien d’assistance d’établissement Newton. Après un mois dans ses nouvelles fonctions, le labernois de deux ans continue de se familiariser avec son nouvel environnement pendant que l’apprivoisent le personnel et les étudiants.

Lorsque la session d’automne a débuté à la fin du mois d’août, Newton avait déjà eu du temps pour s’acclimater au Cégep.

« Il est arrivé avec nous le 31 mai, raconte Isabelle Philibert, coordonnatrice de la Direction adjointe à la vie étudiante et communautaire. Comme il n’y a plus vraiment d’étudiants, ç’a permis au chien de s’adapter en douceur, à circuler dans les corridors, les différents locaux. Ç’a aussi permis à Newton de s’adapter aux personnes avec qui il travaille parce que c’est une construction de relations qui est vraiment importante. Tout est basé sur ça, un peu comme les policiers avec leurs maîtres-chiens. »

La Fondation Asista fournit des chiens de service et de spécialité pour des besoins variés: stress post-traumatique, troubles du spectre de l’autisme, problématiques de santé mentale, et des chiens d’assistance d’établissement comme Newton. La Fondation soutient le Cégep depuis le début des démarches. La demande initiale a été déposée il y a environ deux ans, le temps d’évaluer les besoins de l’école et de former Newton.

« La Fondation nous accompagne de façon très régulière que ce soit pour les soins vétérinaires, pour des questions de comportement ou d’enjeux qu’on pourrait avoir. Il y a toujours quelqu’un au bout du fil. »

Les intervenants qui travaillent avec Newton ont suivi une formation avant que leur nouveau collègue intègre le Cégep.

« Actuellement, ils sont trois à vraiment l’utiliser à toutes les semaines en rendez-vous avec des étudiants. Ce sont des gens qui ont des pratiques professionnelles, des travailleurs sociaux, tout ça. On leur fournit un nouvel outil, mais il faut savoir comment s’en servir. Il y a des remises en question et de l’essai-erreur un peu, mais il y a beaucoup de belles choses qui naissent de ça. On a une intervenante qui a créé une méditation en pleine conscience pour les étudiants anxieux qui est toute basée autour du chien. On se concentre sur la respiration du chien, on le flatte, et ça fonctionne super bien. On n’aurait pas eu cet outil-là, on n’aurait pas pensé à faire quelque chose comme ça. »

Bonheur et apaisement

Il est difficile de ne pas être joyeux lorsqu’on croise Newton dans les corridors. Il génère beaucoup d’émotions positives autour de lui.

« Il crée beaucoup de bonheur, d’apaisement, de réconfort. Il nous permet des fois d’identifier des gens qui ne vont pas bien. Il nous permet d’entrer en contact avec des étudiants avec qui on n’aurait pas parlé. Juste parce qu’on est accompagné d’un chien, on suscite de l’intérêt. »

Newton sait faire preuve de sensibilité et possède la faculté de ressentir des émotions plus négatives.

« C’est en lien avec l’odorat chez les chiens, des choses que les humains dégagent et qu’on ne perçoit pas, mais qu’eux vont être capables de capter. Des fois, Newton va respecter la commande que je lui donne et revenir tout de suite. D’autres fois, son attitude va changer. Il va vouloir rester auprès de la personne, il va se coucher sur le dos, se coller, se laisser caresser, parce qu’il détecte qu’on a besoin d’une présence un peu plus grande. Au même titre qu’on va circuler, puis des fois, il va insister pour aller vers quelqu’un. »

Les intervenants doivent apprendre à lire l’animal. Isabelle Fournier précise que les signaux ne pointent pas nécessairement toujours une situation dramatique.

« C’est un indicateur, mais ça peut être un indicateur aussi banal que  »Je viens juste de me chicaner avec mon chum » ou  »Je suis stressée pour un examen ». On ne peut pas connaître la gravité du problème. Ce n’est pas parce que Newton va vous saluer que vous avez un gros problème fondamental. »

Le même comportement chez Newton peut être observé durant les rencontres entre les étudiants et les intervenants.

« Un étudiant qui va avoir de la peine, Newton va venir déposer sa tête sur un genou, il va se coller pour se faire flatter, il va se coucher vraiment sur les pieds de l’étudiant. Donc, tout ce qui favorise l’apaisement. Il s’adapte beaucoup au flot d’émotions. Les étudiants commencent à le demander en rendez-vous individuel. C’est intéressant: les étudiants veulent utiliser l’outil qu’on met à leur disposition. »

Un « collègue » qui la suit jusqu’à la maison

L’implication d’Isabelle Philibert auprès de Newton va bien au-delà de la sphère professionnelle. Elle le ramène chez elle tous les soirs puisqu’elle a accepté de l’accueillir au sein de sa famille.

« Entre dire que je travaille avec lui et que je le prends à la maison, il y a un engagement qui est différent. Quand il est arrivé, je ne peux pas dire que je n’ai pas trouvé ça difficile. C’est une adaptation. Je ne suis pas habituée de traîner un chien partout, à aller porter les enfants à la garderie avec le chien dans l’auto parce qu’on l’amène au travail. J’avais un petit peu de difficulté à me faire écouter par monsieur au départ. Mais aujourd’hui, je suis très heureuse d’être sa famille d’accueil. Personnellement, c’est une des plus belles expériences. »

Au fur et à mesure que Newton fait sa place au Cégep de Trois-Rivières, on pense à lui confier d’autres tâches.

« Ici, on a des programmes comme Techniques policières, Techniques d’éducation à l’enfance, Techniques de travail social. Ce sont des milieux où de plus en plus on emploie des chiens d’assistance ou des professions qui pourraient choisir d’être accompagnés d’un chien pour réaliser certains mandats. Il peut y avoir une visée pédagogique. Il faut rester ouvert aux opportunités. »

Il est déjà convenu que Newton demeurera au Cégep pour une durée de cinq ans, après quoi la Fondation procédera à une évaluation avant d’envisager de prolonger son mandat pour cinq autres années.

« Je pense qu’il y a quand même un niveau d’exigence pour le chien. C’est demandant, toute cette décharge émotionnelle. Il faut voir où il y a un équilibre dans l’horaire de la journée du chien. Il y a des moments où on est au travail et il y a des moments où on est chien. »

« Tantôt je vais aller dans la cour où il joue. Il a de l’énergie, il court après sa balle, il saute, il veut jouer. C’est important d’avoir cet équilibre ici pour lui. »

Isabelle doit veiller à lui offrir ces moments de jeu pendant la journée ainsi que quelques récompenses de temps à autre.

« Newton est gourmand, c’est une des caractéristiques chez ces chiens-là. »

Pour qu’il obéisse?

« Exactement! Ça devient facile à travailler. C’est un vrai de vrai gourmand! »