Négociations difficiles chez Kruger à Trois-Rivières
RELATION DE TRAVAIL. Les travailleurs chez Kruger affilié au local 136 d’Unifor, réuni ce midi, devant l’industrie, en avaient gros sur le cœur. Alors qu’ils doivent se prononcer jeudi sur l’offre finale déposée par l’employeur la semaine dernière, de nombreux litiges restent encore à régler avant de conclure la convention collective, dont des engagements formels de la part de l’employeur.
La sous-traitance, qui a fait perdre plusieurs emplois en région, le rattrapage salarial à la suite de concessions faites par le passé, et le retour à l’ancien régime de retraite à prestations déterminées sont au cœur du conflit qui perdure depuis octobre 2014.
«La seule entente actuellement, c’est 8% payé par l’employé et 10% payés par l’employeur. Ça ne sera pas suffisant pour avoir un fonds de pension solvable. À un moment donné, il va falloir qu’on appelle les retraités pour leur dire qu’on va devoir couper sur leur fonds de pension», clame le président du local 136 affilié au syndicat Unifor, Stéphane Gosselin.
Il dénonce également le manque de respect et de volonté de l’employer dans le processus de négociations. «Nous venons de nous faire imposer une offre finale, sans réelle discussion à la table. De plus, on nous demande de signer une convention de 10 ans en laissant supposer des investissements. Ce qu’on demande, c’est un engagement formel qui nous garantit que ce sera bel et bien réalisé, cette fois-ci», soutient le président.
Ce dernier rappelle que les 170 salariés de la maintenance et de la production du local 136 avaient déjà convenu ce genre d’entente lors du dernier contrat de travail. L’employeur s’engageait à investir des millions dans l’avenir de l’usiner en échange de 10% de leur salaire et un gel durant 5 ans.
«Tout ce qui a été créé, c’est deux emplois temporaires. Alors, où est-ce qu’on a créé de l’emploi», se questionne-t-il.
Garder les emplois en région
L’un des porte-parole du Comité de mobilisation, Jean Guy Bellerive, reproche aussi le travail qui est fait en sous-traitance, alors que de nombreux employés avec un droit de rappel sont confinés à la maison.
«Plus personne n’est engagé depuis des années dans le réseau de la maintenance, nous allons perdre notre expertise. Nous militons pour garder nos emplois ici, à Trois-Rivières. Nous aussi, on veut faire de l’argent en faisant travailler nos gens de la région, pas ceux de l’extérieur», mentionne celui qui s’inquiète pour la relève dans la région.
Le conflit
Une rencontre d’information entre le syndicat et les employeurs aura lieu demain après-midi avant de passer au vote, jeudi. Le président du syndicat affirme toutefois qu’il refuse l’offre finale et qu’il est «déterminé à combattre jusqu’au bout».
Rappelons que le local 136 est la seule des quatre unités syndicales à avoir refusé l’entente de principe du 24 avril. Elle a été rejetée à 82%, forçant la reprise des négociations. Les syndiqués ont également donné un mandat de grève à leur exécutif syndical.
«Nous sommes prêts à utiliser des moyens de pression allant jusqu’à la grève illimités. Cependant, j’ai bien certifié à mes membres qu’avant d’en déclencher une, nous allons mener un combat à l’intérieur. De plus, c’est eux qui vont décider le moment opportun pour sortir dehors», assure Jean Guy Bellerive.
Jusqu’à ce jour, les moyens de pression des syndiqués n’ont pas interrompu la production de l’usine.