Nathalie Caouette récompensée pour son travail

Nathalie Caouette œuvre dans l’entreprise adaptée Groupe RCM depuis maintenant plus de 25 ans et elle a reçu le plus beau des cadeaux dans le cadre de la Semaine des personnes handicapées: elle s’est vu décerner l’un des cinq Prix de reconnaissance Roger Pedneault qui soulignent le parcours exceptionnel des travailleurs vivant avec un handicap. 

La Trifluvienne d’adoption a été honorée à Québec le 1er juin dernier. « Je suis vraiment fière. Je suis restée surprise et je me demandais ce que j’avais fait pour mériter ça. Je me suis dit voyons donc! J’étais contente, c’est certain », lance-t-elle d’emblée.

« Je suis allée chercher mon prix avec mes parents. C’est impressionnant avec les gens, les pancartes et les journalistes. Je n’ai jamais vécu ça, mais ç’a l’air que j’étais rendu là (rires). On avait le droit à un accompagnateur et j’ai fait ajouter une deuxième personne parce que mes parents voulaient venir. Eux aussi, ils n’en revenaient pas quand j’ai gagné et quand je suis devenue p’tit-boss. Ils sont impressionnés et c’est le fun! »

Vivant avec une déficience intellectuelle et de nature plutôt réservée, Nathalie n’a jamais laissé ses limitations l’arrêter. Elle fut d’abord embauchée à titre de journalière au triage par le Groupe RCM, une entreprise de recyclage en Mauricie. Elle a su gravir les échelons un à un avant d’être promue à titre de responsable de contrôle-qualité de l’usine de Saint-Étienne-des-Grès en 2022, un poste clé dans l’organisation. 

« Nathalie était timide, réservée, raconte le directeur général Daniel Cassivi.  Chez RCM, on a souvent eu des mouvements de personnel parce qu’on chapeaute trois usines, alors elle se faisait déplacer d’usine selon les besoins et ça ne faisait peut-être pas toujours son affaire. Puis en 2021, on l’a transférée de Trois-Rivières à ici pour un mouvement temporaire. »

« Lorsqu’est venu le temps de reprendre sa place à Trois-Rivières, elle a refusé parce qu’elle avait fait sa place ici. C’est un travail plus difficile et plus physique ici, mais elle aimait ça parce qu’il y avait un peu plus d’action. Son contremaître a vu qu’elle avait un potentiel et il l’a amenée à prendre plus de responsabilités, de sorte qu’elle est passée de journalière au triage à responsable de contrôle-qualité dans la salle la plus stratégique de la chaîne de tri. C’est la première salle où les trieurs doivent enlever les objets qui pourraient briser les équipements. »

Pour la principale intéressée, il n’était pas question de retourner à Trois-Rivières.

« Lorsque je suis arrivée ici (à l’usine RCM de Saint-Étienne-des-Grès) l’an dernier, on m’a bien acceptée. J’aime bien les gens et ils sont très sympathiques. On est comme une petite famille et j’ai décidé de rester. Mon superviseur était content. Même moi, je voulais retourner à Trois-Rivières, mais finalement, j’ai aimé ça ici. Pour moi, ma place est ici et je vais rester jusqu’à ma retraite! J’ai travaillé dans les trois usines et à chaque fois que je partais d’une place, les gens voulaient que je reste là. Mais là, je reste ici », soutient celle qui travaille à raison de cinq jours par semaine.

« Je n’aurais jamais pensé devenir responsable et qu’on me donne ma chance de devenir superviseure. Je ne pensais pas que ce serait pour moi un jour. Ça se passe bien et les gens s’y sont adaptés. S’ils ont un besoin quelconque, ils viennent me voir. »

Maintenant, qu’adviendrait-il si une quatrième usine ouvrait ses portes? « Les plus jeunes iront, moi je reste ici », lance-t-elle tout sourire. 

Rappelons qu’environ 70% à 75% des employés du Groupe RCM sont des travailleurs avec limitations. Outre les entrepôts de recyclage à Trois-Rivières et Saint-Étienne-des-Grès, on retrouve aussi l’usine de Soleno Recyclage, située à Yamachiche.

« On est vraiment fier pour elle et tout le cheminement qu’elle a fait, ajoute M. Cassivi. On est fier aussi d’avoir supporté et encadré ce cheminement-là. C’est une tape dans le dos pour toute l’équipe, d’autant plus que c’est la troisième personne chez nous, dans les six dernières années, à remporter ce prix-là. On est quand même 36 entreprises adaptées au Québec et il y a seulement cinq lauréats par année, alors ça fait une bonne moyenne. »